11 septembre 2001 : Bilan d'une date historique
- Rudius Officiel
- 11 sept. 2021
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Guerre d'Irak, désastre Afghan, Choc des civilisations et traque de Ben Laden, 20 ans après les attentats, le 11 septembre 2001 est devenu une date qui a bousculé l'Histoire et nous a fait entrer dans le 21ème siècle. Retour sur les conséquences d’un jour historique.

Le siècle des attentats
On date le début des attentats terroristes islamistes à l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en 1979. Les organisations terroristes islamistes les plus meurtrières sont l'État islamique (environ 53.000 tués) et les talibans (environ 40.000).
On estime le nombre d'attaques terroristes islamistes ayant eu lieu dans le monde depuis 1979 à 33.000. Elles ont causées la mort de plus de 167.000 personnes dans le monde.
Les attentats du 11 septembre 2001 sont considérées comme les plus meurtriers de l'Histoire ayant causé la mort de 2.996 victimes et blessant 25.000 personnes.
La France est le pays européen le plus touché par ce type de terrorisme avec 80 attaques et 330 morts. Les régions les plus touchées dans le monde sont le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
Depuis 1979, les attentats islamistes correspondent à 18,8% des attentats dans le monde. Ils montent à 29,9% depuis 2013. L'institut Fondapol estime que 91,2% des victimes de ces attentats sont des musulmans.
Le désastre d'Afghanistan

Suite aux attaques du 11 septembre, le gouvernement américain se met à rechercher activement le responsable, Oussama Ben Laden. Le dirigeant d'Al-Qaïda trouve alors refuge en Afghanistan, dirigé par le régime taliban de 1996. Malgré les multiples demandes américaines, le gouvernement afghan refuse toute possibilité d'extradition d'Oussama Ben Laden vers les États-Unis.
Le 7 octobre 2001, la coalition internationale, avec les États-Unis et le Royaume-Uni en tête, débute l'invasion de l'Afghanistan. La capitale du pays, Kaboul, est prise dès novembre, le régime taliban est renversé et ses dirigeants sont obligés de s'enfuir à l'étranger.
En 2004, un nouveau régime est établi dans le pays qui porte le nom de République Islamique d'Afghanistan. Très vite le régime se montre incapable de tenir le pays qui entre rapidement en guerre civile et permet ainsi au talibans de se réorganiser. Le pays entre alors dans une longue période de guérilla opposant les talibans, le gouvernement central et la multitude de chefs de guerres occupants des territoires morcelés.
Le 29 février 2020, l'administration Trump signe les accords de Doha et s'engage alors retirer les troupes américaines d'Afghanistan dans les 14 mois. Le 14 avril 2021, Joe Biden qui se tient aux accords signés, annonce le retrait des troupes du pays.
Dès mai 2021, les talibans profitent du retrait américain pour reprendre progressivement le contrôle du pays. Cette conquête s'accélère en août. En moins de 15 jours, les talibans s'emparent de plus de la moitié des capitales provinciales. Les talibans entrent dans Kaboul le 15 août sans rencontrer de résistance. Le président Afghan Ashraf Ghani se serait enfui du pays avec 169 millions de dollars.
Le coût total des opérations militaires en Afghanistan depuis 2001 s'élèverait à 6.400 milliards de dollars. Cela représente 6.400 fois le budget humanitaire dédié à l'Afghanistan.
Le nombre de mort qu'aurait causé la guerre depuis 2001 s'élèverait 165.000 victimes. Au total, c'est plus de 132.000 soldats qui ont été déployés en Afghanistan par les alliés, venus de 48 nations différentes. Pour les plus grandes participations, on dénombre 90.000 soldats américains, 9.500 Anglais, 4.812 Allemands, 3.935 Français et 3.880 Italiens.
L'inexplicable guerre d'Irak

Après l'invasion de l'Afghanistan, la guerre d'Irak est la deuxième conséquence militaire des attentats du 11 septembre. Les raisons ayant mené à cette font toujours polémiques aujourd'hui, certaines d'entre elles ayant été fallacieuses.
Dès 2001, le gouvernement Bush suspecte le président Irakien Saddam Hussein d'entretenir des liens avec Al-Qaïda. Plusieurs auraient effectivement eu lieu entre les services irakiens et Oussama Ben Laden depuis 1998.
En 2002, les États-Unis avancent que l'Irak développerait des armes de destruction massive. En 2003, le Secrétaire d'État américain Colin Powell présente devant l'Organisation des Nations Unies ce qu'il nommera "la preuve irréfutable" que l'Irak détient ces armes et demande une intervention militaire.
La Russie, la Chine et la France se montrent particulièrement défavorables à la guerre et menacent de poser leur véto. Le 14 février 2003, le Ministre des Affaires étrangères français Dominique de Villepin prononcera un discours célèbre dans lequel il s'oppose fermement à l'intervention en Irak.
" Personne ne peut affirmer aujourd'hui que le chemin de la guerre sera plus court que celui des inspections. Personne ne peut affirmer non plus qu'il pourrait déboucher sur un monde plus sûr, plus juste et plus stable. Car la guerre est toujours la sanction d'un échec. " - Dominique de Villepin, 14 février 2003
Le 20 mars 2003, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie passeront outre l'ONU et déclarent la guerre à l'Irak. En avril de la même année, les coalisés s'emparent de Bagdad entrainant la chute du régime de Saddam.
En 2006, Saddam Hussein sera condamné à mort par pendaison pour crime de guerre et crime contre l'Humanité par un tribunal d'exception irakien. Le procès sera contesté par plusieurs ONG qui le jugeront "inéquitable".
La guerre d'Irak engendrera une première guerre civile de 2006 à 2009 et une seconde guerre avec la montée de l'État Islamique de 2013 à 2017. Le bilan humain de tous ces conflits réunis est estimé à plus de 200.000 morts.
Aucune arme de destruction massive n'a été trouvée en Irak. La chute du régime laïc de Saddam Hussein a permis l'ascension des islamistes dans le pays, dont ceux de l'État Islamique.
"Le choc des civilisations"
En 1989, la chute du mur de Berlin laisse présager l'effondrement de l'Union soviétique et la fin de la guerre froide. Le libéralisme semble l'avoir définitivement emporté sur le communisme. Dès ce moment, les politologues et penseurs politiques s'interrogent sur ce que sera le monde de demain.
Le politologue américain Francis Fukuyama publia en 1989 un article nommé "La Fin de l'Histoire" dans lequel il détaille sa vision du monde. Selon lui, la fin de la guerre froide présage la "fin de l'Histoire" qui culmine avec la fin des guerres idéologiques. Le libéralisme deviendrait la seule idéologie viable et ayant vocation à se répandre dans le monde entier.
"Il se peut bien que ce à quoi nous assistons, ce ne soit pas seulement la fin de la guerre froide ou d'une phase particulière de l'après-guerre, mais la fin de l'Histoire en tant que telle : le point final de l'évolution idéologique de l'Humanité et l'universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement humain." - Francis Fukuyama, "La fin de l'Histoire", National Interest, 1989.
Cette vision idéaliste du monde sera fortement contestée et mise en opposition à une autre thèse, celle du "Choc des civilisations".
Développée par le politologue américain Samuel Huntington, cette thèse défend le fait que les conflits idéologiques du XXIe siècle seront des conflits civilisationnels.
"La source fondamentale de conflit dans ce nouveau monde ne sera pas principalement idéologique ou principalement économique. Les grandes divisions au sein de l'humanité et la source dominante de conflits seront culturelles. (...) Le choc des civilisations va dominer la politique mondiale. Les lignes de faille entre civilisations seront les lignes de bataille de l'avenir." - Samuel Huntington, "Le choc des civilisations", Foreign Affairs, 1993.
"Les efforts de l'Occident pour promouvoir ses valeurs de démocratie et de libéralisme comme des valeurs universelles, pour maintenir sa prédominance militaire et pour faire progresser ses intérêts économiques, engendrent des ripostes en provenance des autres civilisations." - Samuel Huntington, "Le choc des civilisations", Foreign Affairs, 1993.
Les attentats du 11 septembre 2001 et ses conséquences au niveau international discréditeront totalement la thèse de Fukuyama, la pensée libérale trouvant toujours des opposants dans le monde.
Si la thèse du Choc des civilisation est toujours contestée aujourd'hui sur plusieurs points, il n'y a aucune autre analyse géopolitique qui pu totalement la supplanter à ce jour pour décrire le nouvel ordre du monde depuis la guerre froide.
La traque de l'ennemi public N°1

Né en Arabie saoudite le 10 mars 1957, Oussama Ben Laden est le fils d'un riche entrepreneur et ancien ministre saoudien.
Quand l'Union soviétique envahit l'Afghanistan en 1979, Ben Laden y est envoyé pour coordonner les forces afghanes face à l'offensive russe. Très vite, il se retrouve à la tête d'un camp d'entrainement de moudjahidines (soldats du djihad) qui deviendra par la suite Al-Qaïda.
Après la guerre, Ben Laden continue d'entrainer ses soldats et finance différents groupuscules islamistes dans le monde. Il se retrouve ainsi lié à des attentats ayant lieu partout dans le monde : Égypte, Bosnie, Kenya, Tunisie, … Le 11 septembre 2001, il organisera l'attenta le plus meurtrier de l'Histoire et trouvera refuge en Afghanistan.
En octobre 2001, les États-Unis envahissent l'Afghanistan et Oussama Ben Laden fuit au Pakistan. Dès le 13 décembre, les USA offrent 25 millions de dollars à quiconque donnerait les informations nécessaires à la capture de celui qui est devenu l'ennemi public N°1.
Jusqu'en 2011, Ben Laden demeure introuvable et change régulièrement de position. Des enregistrements audios et vidéos sont envoyés à la presse pour provoquer les "occidentaux". Le 2 mai 2011, un raid est lancé sur un complexe fortifié au Pakistan par un commando américain. L'opération baptisée Neptune's Spear (la lance de Neptune) est destinée à mettre Ben Laden hors d'état de nuire. Elle est suivie en direct par la Maison blanche.
Ben Laden sera tué d'une balle dans la tête durant l'opération et trois de ses hommes seront également éliminés. Son corps sera immergé dans la mer d'Arabie pour éviter que sa sépulture devienne un lieu de pèlerinages pour ses fidèles islamistes.
SOURCES :
Le siècle des attentats
FONDAPOL, « Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019 », Fondation pour l’innovation politique, Article en ligne.
PLANCHON Ronan, « Terrorisme : ʺLa France est clairement le pays d’Europe le plus touchéʺ », Le Figaro, 15 mars 2021.
Le désastre de la guerre d'Afghanistan
Afghanistan Reconstruction, 30 octobre 2017.
AFP, « Afghanistan : les chiffres-clés de la défaite américaine », TV5 Monde, 16 août 2021.
HELMAN Christopher, « The War In Afghanistan Cost America $300 Million Per Day For 20 Years, With Big Bills Yet To Come », Forbes, 16 août 2021.
ICASUALTIES, « Fatalities by Coalition Country », Iraq coalition casualty count.
SESSOU Fortuné, « Afghanistan : le président a fui avec des valises d’argent », La Nouvelle Tribune, août 2021.
SIGAR, « Quarterly report to the United States Congress », Special Inspector General for
SIXTINE Lys, « CARTES - Afghanistan : ce qu'il faut savoir de la progression éclair des talibans », France Bleu, 12 août 2021.
L'inexplicable guerre d'Irak
GUERRIER Sophie, « Le discours de Villepin sur l'Irak à l'ONU », Le Figaro, Article en ligne, 8 avril 2014.
Irak Body Count, database, iraqbodycount.org
REPORTERS SANS FRONTIÈRES, « La guerre en Irak, le livre noir », Éditions La Découverte, 2004.
"Le choc des civilisations"
FUKUYAMA Francis, « La fin de l’Histoire et le dernier Homme », Éditions Flammarion, 2009.
FUKUYAMA Francis, « The End of History? », The National Interest, 1989. https://www.embl.de/aboutus/science_society/discussion/discussion_2006/ref1-22june06.pdf
HUNTINGTON Samuel, « Le Choc des civilisations », Éditions Odile Jacob, 2000.
HUNTINGTON Samuel, « The Clash of Civilizations? », Foreign Affairs, 1993. https://www.foreignaffairs.com/system/files/c0007.pdf
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