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- Luxembourg : changement de majorité en vue
Ce dimanche 8 novembre, les législatives se tenaient au Grand-Duché de Luxembourg où les partis traditionnels avaient subi un net recul en 2018. Ce dimanche la coalition tripartite remettait en jeu sa majorité très fine au Parlement luxembourgeois (31 sièges sur 60). Un enjeu intéressant fut celui du Parti Pirate du Luxembourg donné à 10 voire 11% dans les sondages, phénomène rare pour ce type de parti. Principaux partis en présence Le Parti populaire chrétien-social (CSV) est un parti chrétien-démocrate classé au centre-droit. Il est le principal parti du pays, arrivant quasi-systématiquement premier à toutes les élections législatives depuis 1945 (à 3 exceptions près où il arrive deuxième). Et en 78 ans, il fut présent pendant 63ans au gouvernement. Le Parti démocratique (DP) est un parti d’orientation libérale classé au centre-droit. Souvent troisième parti du pays derrière les socialistes, il est passé en deuxième position depuis 2018. Le Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (LSAP) est un parti social-démocrate classé à gauche ou au centre-gauche. Longtemps situé aux alentours des 35%, le parti subit un déclin pour arriver en 2018 en dessous de 18% des voix. Les Verts sont un parti écologiste classé à gauche ou au centre-gauche. Après avoir effectué des résultats en dents de scie, Les Verts ont opérés une percée en 2018 en récoltant plus de 15% des voix. Le Parti réformiste d'alternative démocratique (ADR) est un parti conservateur et libéral économiquement classé à droite de l’échiquier politique. La Gauche est un parti de gauche radicale, anticapitaliste, socialiste, écologiste et eurosceptique. S’il a opéré une croissance depuis sa création en 1999, La Gauche reste un parti marginal ne dépassant pas les 5,5% des voix. Le Parti Pirate du Luxembourg (PPL) fut fondé en 2009 comme bon nombre de partis pirates, suite à l’élection d’un eurodéputé du Parti Pirate Suédois lors des élections européennes de 2009. Les Partis Pirates militent pour la réforme des droits d’auteurs consistant en un accès libre et gratuit à l’éducation, ils soutiennent l’abolition des brevets et une réforme de la démocratie, pour passer à une démocratie directe par internet. Après avoir fait un score de 6,6% en 2018 et obtenu 2 députés (résultat important pour un tel parti), le Parti Pirate est donné parfois à 10 ou 11% dans les sondages. Résultat des élections Après avoir été annoncés à 10 voire 11% dans les sondages, la vague Pirate n’a finalement pas eu lieu et le Parti Pirate n’effectue qu’une maigre progression de 0,3%. Cela lui permet tout de même d’obtenir un siège supplémentaire au Parlement. La coalition des libéraux du DP, des socialistes du LSAP et des verts perd sa courte majorité au Parlement suite à la dégringolade des écologistes qui perdent 6,58% des voix, 5 sièges au Parlement et font leur plus mauvais score depuis 1984. La coalition pourrait peut-être se maintenir au pouvoir si elle s’ouvre aux 3 députés du Parti Pirate ou aux 2 députés de La Gauche. Alors que les partis traditionnels avaient tous baissé lors des dernières élections, tous regagnent des voix aujourd’hui. Sans surprise, les chrétiens-démocrates du CSV arrivent en première position avec plus de 29% des voix. Ce sont eux qui auront la main pour former un gouvernement, mais rien n’est certain quant à ses chances de rassembler une coalition que ce soit avec les libéraux ou les socialistes.
- Slovaquie : Les pro-russes remportent les élections.
Ce sont des élections législatives anticipées qui ont eu lieu en Slovaquie ce samedi 30 septembre suite à une longue crise politique au gouvernement. Contexte électoral L’achat de doses du vaccin russe Sputnik V pendant la pandémie par le Premier ministre de l’époque, Igor Matovič a provoqué une série de démissions au sein du gouvernement et le retrait du parti SaS de la coalition en septembre 2022. Le gouvernement devenu minoritaire subit une motion de censure en décembre, déclenchant les élections anticipées que nous connaissons. Acteurs politiques OĽaNO a priatelia signifiant "Gens ordinaires et personnalités indépendantes et amis" est un parti anti-corruption à tendance conservatrice créé en 2011 qui obtint des résultats de 8 à 11% lors des élections législatives de 2012 et 2016. Pour les élections de 2020, OĽaNO rassemble différents petits partis aux tendances libérales économiques, conservatrices et anti-corruption. Une coalition payante qui permet à OL’aNO de devenir le premier parti du pays en récoltant 25,02% des suffrages. Direction social-démocratie (SMER) est un parti de gauche d’orientation socialiste. Fondé en 1999, SMER s’impose très vite comme un des principaux partis de Slovaquie, au point d’obtenir 44% des suffrages en 2012 et 83 sièges sur 150 au Parlement. Il opère cependant une chute progressive en atteignant 18% lors des dernières élections de 2020. Le parti social-démocrate opère également un changement de discours depuis 2016 avec les nouvelles positions de son Président Robert Fico, ancien Président du Gouvernement. Ce dernier défend des positions de plus en plus critiques à l’égard de l’immigration et de l’Union européenne, spécialement depuis la guerre en Ukraine où Fico adopte des discours de plus en plus pro-russes et hostile à la fourniture d’armes à Kiev. Slovaquie progressiste (PS) est un parti libéral économique, parfois qualifié de social-libéral, et progressiste sur les questions sociétales. Le parti a été fondé en 2017 par Ivan Štefunko, entrepreneur « start-uper » et fut rejoins par d’autres hommes d’affaires et investisseurs. Le parti, malgré sa jeunesse, parvient à faire élire sa candidate, Zuzana Caputová, comme Présidente de la République en 2019. HLAS – Social-démocratie est un parti de gauche socialiste accès sur les questions économiques plus que sociétales. Le HLAS est issu d’une scission avec le SMER en 2020 causée par des divergences sur la ligne du parti et sur la présidence de Robert Fico, soupçonné de corruption. Mouvement chrétien-démocrate (KDH) est un parti de la démocratie-chrétienne fondé en 1990 situé au centre-droit. Il fut un des plus importants partis de Slovaquie en récoltant près de 20% en 1990 et jusqu’à 26% en 1998 grâce à une coalition de partis de centre-gauche. Depuis les années 2000, le KDH opère une chute progressive au point de se retrouver à moins de 5% en 2020. Le parti garde cependant une forte assise locale avec de bons résultats lors des élections municipales. Liberté et solidarité (SaS) est un parti libéral, situé à droite ou au centre-droit de l’échiquier politique. Le parti connaît des résultats en dents de scie en passant régulièrement des 12% à 6%. Le Parti National Slovaque (SNS) est un parti nationaliste et conservateur créé en 1989. Le SNS est souvent classé comme un parti d’extrême-droite en raison de ses propos hostiles à l’égard des minorités hongroises, des Roms et des homosexuels. Résultats C’est une franche victoire pour le SMER de Robert Fico qui obtient près de 23% des voix et 42 sièges au Parlement, 4 points devant son principal rival de Slovaquie progressiste qui réussit tout de même une belle montée avec 11 points de pourcent supplémentaires. Beau résultat également pour les premières élections législatives du HLAS, les sociaux-démocrates issus de la scission avec le SMER obtiennent 14,71% des voix et 27 sièges. Le grand perdant de cette élection est sans nul doute OL’ANO qui chute de près de 22 points et perd 49 de ses sièges au Parlement. Robert Fico du SMER se verra confier la responsabilité de former une coalition pour gouverner le pays, mais rien n’est certain quant à sa capacité de trouver des partenaires après ses positions tranchées sur l’arrêt de tout soutien à l’Ukraine.
- Législatives en Espagne : Le retour des partis traditionnels.
Alors que les observateurs pensaient voir arriver une coalition entre la droite l'extrême-droite, ce sont les partis traditionnels, PP et PSOE, qui sortent vainqueur des élections, mais sans majorité claire ni à droites ni à gauche. De gauche à droite : Pedro Sánchez, Premier ministre sortant et Secrétaire général du PSOE / Alberto Núñez Feijóo, Président du Parti Populaire. Contexte Devant initialement se tenir le 10 décembre prochain, les élections législatives furent anticipées suite à la défaite des socialistes aux élections municipales du 28 mai dernier. Ces élections ont vu le Parti Socialiste (PSOE) perdre plus de 1.500 élus là où le Parti Populaire en gagna 3.500 et Vox plus de 1.100. Selon les observateurs, cette défaite est due à un abandon de l’électorat pour le parti de gauche radicale Podemos, alors en coalition avec les socialistes au gouvernement et dans la majorité des municipalités. Le déclin de Podemos Nouvel arrivant fracassant qui décroche 20% des voix en 2015 et 21% en 2016, Podemos est aujourd’hui dans la tourmente. Les raisons du déclin sont multiples avec des divergences politiques au sein du parti, une communication électorale insuffisante et surtout des résultats politiques décevants suite à participation de Podemos au gouvernement. [1] Avec une ligne fortement progressiste, le parti a adopté une loi contre les violences sexuelles (Loi dite « Seul un oui est un oui ») et une autre loi pour les personnes transgenres qui ont eu un effet désastreux sur l’électorat. Tout d’abord, les électeurs plus conservateurs se sont détournés de la gauche pour se rediriger vers le PP ou Vox, mais surtout, la conception de ses lois, tintées d’amateurisme, a parfois eu des effets contre-productifs. Pour exemple, la loi sur les violences sexuelles avait pour objectif d’introduire « l'obligation d'un consentement sexuel explicite ». Mais en simplifiant certains articles du Code pénal, la loi a eu pour effet de diminuer les peines d’environ un millier de condamnés. [2] Un amateurisme qui ne sera pas pardonné dans les urnes. Suite à la sa défaite aux municipales, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez annonce la dissolution des Cortes Generales (Parlement espagnol composé du Congrès des députés et du Sénat) et la tenue anticipée des élections législatives. Les principaux acteurs politiques Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) Fondé en 1879, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) est l’un des plus anciens partis sociaux-démocrates d’Europe. Après avoir décroché plus de 48% des suffrages en 1982, le parti souffre du déclin progressif propre à la famille socialiste en Europe et chute jusqu’à 22% en 2015 et 2016. Il connaît depuis une remontée et fini à 28% lors des dernières élections de novembre 2019. Parti Populaire (PP) Le Parti Populaire (PP) est le deuxième plus grand parti d’Espagne. Classé au centre-droit voire à droite avec une orientation principalement conservatrice, le parti regroupe également des tendances démocrates chrétiennes et libérales. Atteignant les 44% en 2011, le PP connaît également un déclin depuis, descendant jusqu’à 16% en avril 2019. Il remontera à 20% en novembre de la même année. Vox Fondé en 2013, Vox est un parti classé à droite voire à l’extrême-droite en fonction des observateurs. Libéral sur le plan économique, le parti défend des positions réactionnaires sur le plan sociétal, notamment sur l’avortement. En janvier dernier, le vice-président de la communauté autonome de Castille-et-León, affilié à Vox, proposait l’obligation pour les femmes d’écouter le cœur du fœtus avant de se faire avorter et de les rediriger vers des services de santé mentale. [3] Le parti connaît une forte ascension avec les élections d’avril et novembre 2019 où il obtient respectivement, 10,26% et 15% des voix. Sumar Sumar est une coalition de gauche radicale rassemblant différents partis socialistes, écologistes, féministes, voire communistes pour certains. La coalition fut rejointe par Podemos après sa défaite aux élections communales de mai dernier. Résultats des élections législatives espagnoles [4] Répartition des sièges Le Parti Populaire sort grand vainqueur des élections et progresse de plus de 12 points de pourcent par rapport à 2019, en passant de 21% à 33%. Si Vox parvient à se hisser à la troisième place, il est cependant en net recul par rapport à 2019 avec 2,69 points de pourcent de moins. Alors que certains observateurs politiques prédisaient un futur gouvernement d’union des droites, celui-ci semble aujourd’hui impossible, Vox et le PP ne récoltant que 169 sièges au total. Si les Socialistes et Sumar n’ont, quant à eux, que 153 sièges sur les 175 nécessaires pour avoir la majorité, une alliance avec les autres petits partis rend possible la formation d'une coalition gouvernementale. Les petits partis tels la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) ou Junts étant particulièrement hostiles au PP et à Vox. Une alliance de ces petits partis avec la droite semble donc peu probable, quoique pas impossible. En cas d’échec d'une formation gouvernementale, de nouvelles élections seront probablement programmées. Notes [1] KARSENTI Mathilde, « Élections en Espagne : pourquoi les libéraux de Ciudadanos et les progressistes de Podemos ont disparu », Marianne, Article en ligne publié le 29 mai 2023, Consulté le 19 juillet 2023, . [2] N.J. & AFP « L’Espagne rétropédale et modifie une loi controversée sur les violences sexuelles », Le Point, Article en ligne publié le 26 avril 2023, Consulté le 19 juillet 2023, . [3] FRANCE INTER, « En Espagne, l'extrême droite fait ressurgir le débat sur l'avortement », France Inter, Article en ligne, Publié le 25 janvier 2023, Consulté le 19 juillet 2023, . [4] ELECCIONES GENERALES 23J, « Resultados congreso », Consulté le 24 juillet 2023, .
- Législatives en Grèce : la droite se maintient, Syriza continue sa chute
Suite à une campagne tendue entre Syriza et Nouvelle Démocratie, cette dernière conforte sa première position, mais perd la majorité au Parlement hellénique. Kyriákos Mitsotákis, Premier ministre grec Une campagne internationale Ce fut une campagne marquée par la situation internationale avec l’inévitable guerre en Ukraine qui agite toutes les élections de cette dernière année, mais plus particulièrement encore avec les tensions entre la Turquie et la République hellénique. Les rapports étaient déjà tumultueux entre les deux pays avec la crise migratoire et les pressions récurrentes de la Turquie qui laissait les migrants passer la frontière. Tensions qui se sont accrues depuis la découverte d’un gisement d’hydrocarbure en mer Égée que les deux puissances revendiquent. Si au niveau économique, la Grèce a remonté la pente depuis la crise de 2008 en enregistrant la plus forte croissance de l’UE en 2022 avec 1,4% contre une moyenne de -0,1%, elle est cependant loin d’être stable en ces périodes d’inflation et d’incertitude internationale. Les acteurs politiques Nouvelle démocratie (NA) est le parti du Premier ministre Kyriákos Mitsotákis. Europhile, d’idéologie démocrate-chrétienne et d’orientation libérale sur le plan économique, le parti s’est davantage ouvert à un électorat de droite nationaliste, radicale, voire extrême, depuis le déclin électoral du parti néo-nazi Aube dorée. Syriza est une formation politique dirigée par Alexis Tsipras rassemblant de nombreux partis allant du centre-gauche à l’extrême gauche avec des partis sociaux-démocrates, écologistes et communistes de toutes tendances (marxiste-léniniste, trotskiste, maoïste). Arrivé au pouvoir en 2015 sur un programme opposé à la rigueur que demandait l’Union européenne suite à la crise de la dette publique grecque de 2008, il finira par adopté ses mesures de rigueurs (retraite à 67ans, hausse de la TVA) ce qui vaudra au parti de se prendre un revers électoral en 2019. PASOK est un parti politique social-démocrate classé au centre-gauche. Il est en alliance avec le Mouvement des socialistes démocrates (KIDISO) autre parti social-démocrate issu d’une scission avec le PASOK en 2015. Le Parti Communiste de Grèce (PKE) est un parti d’extrême-gauche fondé en 1918. Il est aujourd’hui encore, l’un des rares partis marxistes-léninistes existant en Europe. Souvent interdit pendant de longues périodes de son histoire, le parti réapparaît en 1974 après la chute de la dictature des colonels. Après avoir obtenu plus de 13% aux élections de 1989, le PKE chute rapidement pour se retrouver aujourd’hui aux alentours des 5%. Solution Grecque (EL) est un parti régulièrement classé à l’extrême-droite. Avec un conservatisme religieux particulièrement accentué, le parti est proche de l’église grecque orthodoxe et défend et promeut les valeurs du christianisme. EL est également favorable à la construction d’un mur à la frontière turque pour restreindre l’immigration illégale. Le Front de désobéissance réaliste européen (MéRA25) est un parti internationaliste européen de gauche radicale opposé à « l’oligarchie européenne ». Ce parti a la particularité d’être issu d’un parti européen, DiEM25. Les partis politiques en Europe sont avant tout des partis nationaux qui rejoignent par la suite un parti politique à l’échelle européenne en fonction de leurs affinités politiques, pour mener le combat au niveau européen (Parti Populaire Européen, Parti Socialiste Européen, Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe, etc.). Mais dans ce cas-ci, le parti européen DiEM25 fut créé en 2015 par Yanis Varoufakis, ancien ministre des finances grec. C’est en 2018 que la décision fut prise de créer une aile grecque au DiEM 25 qui sera appelée MéRA25. Résultats des élections législatives grecques Répartitions des sièges au Parlement héllénique Analyse des résultats Nouvelle Démocratie conforte sa position en arrivant en tête des résultats nationaux, mais également dans toutes les circonscriptions électorales du pays à l’exception de la circonscription de Rodopi où le parti se trouve derrière Syriza. Alors que NA gagne près d’un point de pourcent depuis les dernières élections, il perd 12 sièges au parlement grec. La raison est à chercher dans une modification du système électoral. Ces élections sont les premières à se faire sans prime majoritaire. Si auparavant les élections se faisaient déjà au scrutin proportionnel pour 250 sièges de l’Assemblée, les 50 derniers sièges étaient octroyés au parti étant arrivé en tête des élections. Cette prime majoritaire permettait à ce parti de devenir quasi-incontournable à la formation d’un gouvernement. Le principe de prime ayant été supprimé en par la réforme électorale de 2016, ces élections législatives sont les premières à se dérouler entièrement au scrutin proportionnel. La proportionnelle permet à Syriza de ne perdre « que » 15 sièges au parlement alors qu’il opère une chute importante de 11,5 points de pourcent en passant de 31,53% en 2019 à 20,07% aujourd’hui. A contrario, les plus petits partis comme le PASOK, le Parti communiste (KKE) et Solution Grecque (EL) profitent de cette réforme électorale pour voir leur nombre de sièges augmenter considérablement par rapport à leur avancée électorale. Le PASOK gagne 19 sièges supplémentaires avec une progression de 3,4 points de pourcent et le KKE en gagne 11 pour une progression de moins de deux points de pourcent. En passant sous la barre des 3%, MéRA25 chute sous le seuil électoral et perd donc toute représentation parlementaire. Il se fait devancer par de petits partis comme Cap sur la liberté, parti dissident de Syriza qui obtient 2,88%. Le Premier ministre a cependant appelé à de nouvelles élections (peut-être au mois de juin) pour profiter de son succès afin d'obtenir les cinq sièges manquants qui lui permettrait d'obtenir la majorité absolue au Parlement. Mitsotakis espère ainsi profiter de la prime électorale qui octroit 50 sièges supplémentaires au parti arrivé en tête aux élections. Si cette prime n'était pas effective pour ces élections-ci, elle devrait revenir pour les prochaines élections, laissant l’espoir à Mitsotakis de remporter la majorité absolue des sièges grâce à elle, son parti distançant de plus de 20% des voix, le deuxième parti, Syriza. Sources Ministère de l'Intérieur, « National elections – May 2023 », . Toute l’Europe, « La croissance dans l’Europe », Consulté le 19 mai 2023, .
- Turquie : Erdogan en ballottage
Pour la première fois, Erdogan est mis en ballottage et dois consentir à un second tout face au leader de l'opposition, Kemal Kılıçdaroğlu. Ce dimanche 14 mai s'est tenue une double élection en Turquie : législative pour désigner les 600 membres du Parlement et le 1er tour de la présidentielle. Recep Tayyip Erdogan, Président de la Turquie depuis 2014 a été mis pour la première fois en ballottage, cela signifie qu’il n’a pas obtenu plus de 50% au premier tour. Les acteurs politiques en présence Alliance populaire Le Parti de la justice et du développement (AKP) est dirigé par le Président Erdogan. L’AKP fut fondé en 2001 suite à l’interdiction du Parti de la vertu, ses positions islamistes ayant été jugées contraires à la laïcité défendue dans la Constitution. Parti conservateur, voire réactionnaire, l’AKP est souvent qualifié d’islamo-nationaliste de par sa promotion de l’islam dans la société turque. Le parti défend également des positions particulièrement hostiles envers la minorité kurde du pays et de l’étranger. Le Parti d’action nationaliste (MHP) est souvent classé à l’extrême droite de l’échiquier politique. À l’origine centré sur un nationalisme laïc, le parti a opéré un revirement idéologique pour articuler ses valeurs ultra-conservatrices et nationalistes autour de l’Islam. Le Parti de la grande unité (BBP) fut fondé en 1993 à la suite d’une scission avec le MHP. Le BBP reprochait à son ancien parti de nier l’importance de l’islam à l’époque où le MHP défendait encore une vision laïque. Les idées de BBP sont aujourd’hui relativement proches du MHP avec un conservatisme et un islamo-nationalisme. Alliance de la Nation Le Parti républicain du peuple (CHP) est dirigé par le leader de l’opposition Kemal Kılıçdaroğlu. Le CHP est un parti social-démocrate classé à gauche ou au centre-gauche qui défend un nationalisme laïc à la différence d’Erdogan. Le Bon Parti (iYi) est un parti conservateur et nationaliste classé à droite ou au centre droit et axé sur une vision laïque de la société. Le Parti de la félicité (SP) est, contrairement à ses alliés laïques, un parti islamique et nationaliste classé à droite de l’échiquier politique. Il est issu du Parti de la Vertu tout comme l’AKP, mais sa rivalité avec le parti d’Erdogan l’a poussé à rejoindre l’Alliance de la Nation pour lui faire barrage. Alliance du travail et de la liberté Le Parti de la gauche verte (YSP) est un parti écologiste à tendance libérale, situé à gauche de l’échiquier politique Le Parti des travailleurs de Turquie (TIP) est un parti d’extrême-gauche d’orientation marxiste-léniniste. Le Parti démocratique des peuples (HDP) est un parti social-démocrate d’orientation écologiste avec une vision progressiste de la société accentuée sur la défense des minorités kurdes et de la condition féminine. Classé à gauche du champ politique, le HDP a subi de nombreuses répressions du Président Erdogan, depuis 2015, en raison des liens supposés du Parti avec le PKK (Parti des Travailleurs Kurdes considérés comme terroristes par Erdogan) Résultats des élections Premier tour de la présidentielle turque de 2023 Élections législatives turques Après avoir mené la course en Kemal Kılıçdaroğlu termine en deuxième position avec près de 45% des voix. La victoire s’annonce complexe pour le leader de l’opposition, Erdogan n’étant qu’à 0,5% de la victoire. Ce dernier décroche cependant le plus faible score de son histoire après avoir récolté 51,8% en 2014 et 52,59% en 2017. Avec 49,5% des voix aujourd'hui, Erdogan conserve malgré tout une base électorale particulièrement large qui lui donne toutes les chances de l'emporter au second tour. Si Kemal Kılıçdaroğlu venait à gagner, il devrait composer avec une assemblée majoritairement composée de députés pro-Erdogan. Le second tour aura lieu le dimanche 28 mai.
- Andorre continue son rapprochement avec l'Europe
Ce dimanche 2 avril avaient lieu les élections législatives dans le petit pays d’Andorre rythmé par la crise économique et le rapprochement avec l'Union européenne. Carte d'identité du pays Nom : Principauté d'Andorre Capitale : Andorre-la-Vieille Population : 79.600 habitants Monnaie : Euro (€) Régime : Diarchie parlementaire monocamérale (une chambre d’élus) Parti(s) au pouvoir avant l'élection : Démocrates pour Andorre, Libéraux d'Andorre & Citoyens Engagés Union européenne : Non membre Espace Schengen : Non membre Douane : Union douanière avec UE Les raisons de la dyarchie andorrane Durant le Moyen-Âge, le territoire d’Andorre était revendiqué à la fois par le Comté de Foix (dans l’actuel département de l’Ariège en France) et par le Comté d'Urgell (dans l’actuelle province de Lérida en Catalogne). En 1133, le Compte D’Urgell transféra ses terres en Andorre au Diocèse d’Urgell et à son évêque. En 1278 et en 1288, les antagonistes s’accordèrent sur deux traités qui organisèrent le partage de la souveraineté d’Andorre. À partir de ce moment, le Comte de Foix et l’évêque d’Urgell devinrent coprinces d’Andorre et dirigèrent conjointement la principauté. À la fin du XVème et début du XVIème siècle, un processus de mariages et d’alliances, coutumier à l’époque, fait que le Comté de Foix tombe dans les mains de la Maison d’Albret qui régneront par la suite sur le Royaume de Navarre. En 1572, ces territoires auront comme suzerain Henri III de Navarre mieux connu sous le nom de Henri IV quand il sera sacré Roi de France en 1589. Cet évènement transmit officiellement la co-souveraineté d’Andorre au Royaume de France. Depuis ce moment, les Rois de France devenaient de facto coprinces d’Andorre et ce titre se transmit aux différents chefs d’État, et ce malgré les changements de régime (à quelques exceptions historiques près). C’est pour cette raison qu’aujourd’hui encore le Président de la République française et l’évêque d’Urgell sont toujours officiellement les coprinces et chefs d’État d’Andorre. Emmanuel Macron, Président de la République française et Joan-Enric Vives i Sicília, Évêque d'Urgell, tous deux coprinces d'Andorre. Si le système politique a fortement évolué depuis pour arriver à la démocratie parlementaire que nous connaissons aujourd’hui, cette dyarchie est la raison pour laquelle Andorre est l’un des rares pays au monde ne possédant aucune armée, sa défense étant assurée à la fois par la France et par l’Espagne. Système politique En tant que Monarchie parlementaire monocamérale, Andorre ne possède qu’une seule chambre d’élus appelée le Conseil général. Il s’agit de l’un des plus petits parlements d’Europe avec ses 28 élus, derrière le Liechtenstein (25 élus) et Monaco (24 élus). Particularité du système politique, la moitié des Conseillers généraux sont désignés au scrutin proportionnel dans une circonscription nationale, les 14 autres sont élus au scrutin majoritaire dans les 7 circonscriptions régionales nommées « paroisses ». Ce système mixte permet de favoriser la conception d’une majorité en accordant un bonus électoral au plus grand parti d’Andorre. Rapprochement avec l'Union Européenne L’un des sujets majeurs ayant rythmé la campagne électorale est l’accord entre l’Union européenne et Andorre, actuellement en cours de négociation. Cet accord construit sur un modèle semblable à celui de l’Association européenne de libre-échange (AELE) entre l’UE et la Suisse, l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein, vise à établir les conditions d’une libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux entre l’Union et Andorre. Conduit parallèlement avec la Principauté de Monaco et la République de Saint-Marin, l’accord abordera également des thèmes comme l’environnement ou les politiques sociales. À noter que chaque État négocie individuellement ses propres conditions avec l’Union européenne. Les domaines de la réglementation des impôts, de la politique extérieure et du contrôle des frontières ne font pas partie des thèmes abordés dans l’accord. Avec cet accord, l’objectif d’Andorre est avant tout de diversifier son économie qui dépend pour l’instant largement du tourisme, celui-ci représentant plus de 60% du PIB en 2019. L'autre thème principal de la campagne fut les problèmes économiques que subissent en ce moment les Andorrans. Avec une inflation de 7% en 2022 et une crise du logement augmentant le coût des loyers, le pays peine à arranger sa situation économique. Ces phénomènes sont notamment dus à la crise du covid qui a fortement impacté le tourisme en Andorre. Le pays connaît également une croissance forte de 13% en 2022 qui engendre naturellement une augmentation du coût de la vie. Les acteurs politiques Partis favorables à l’accord UE Démocrates pour Andorre (DA) est une coalition politique formée en 2011 et rassemblant plusieurs partis à tendances libérales et conservatrices. Elle est classée au centre droit de l’échiquier politique. DA s’est présentée aux élections aux côtés de Citoyens Engagés (CC), un petit parti social-libéral, surtout présent à un échelon local. Le Parti social-démocrate (PS) est comme l’indique son nom d’orientation socialiste et classé à gauche ou au centre gauche du champ politique. Le PS s’est présenté aux élections en alliance avec Social-démocratie et progrès (SDP). Si les deux partis se réclament du socialisme, ils n’en demeurent pas moins favorables à une politique de libre échange économique et donc à l’accord avec l’Union européenne. Partis modérés sur l’accord Les Libéraux d’Andorre (L’A), sans surprise, sont un parti d’idéologie libéral classé au centre droit. Contrairement aux sociaux-démocrates et aux libéraux de Démocrates pour Andorre, le parti observe une certaine distance avec l’accord de libre-échange avec l’UE, sans pour autant y être totalement opposé. Les libéraux se sont tout de même présentés en coalition avec les Démocrates pour Andorre dans les circonscriptions paroissiales. Action pour Andorre (Accio) est un parti libéral ayant fait scission avec les Libéraux d’Andorre, ne se reconnaissant plus dans le tournant conservateur qu’aurait effectué le parti. Les deux formations restent cependant en bons termes et partagent une vision plus ou moins similaire sur l’accord avec l’Union. Partis opposés à l’accord Concorde (C) est un parti classé à gauche à tendance souverainiste. C’est donc naturellement qu’ils sont plutôt opposés à l’accord de libre-échange. Le parti défend davantage une politique protectionniste économique, notamment pour répondre à la crise du logement dans le pays. Andorre en avant (AE) est un nouveau parti fondé en 2021 en partie comme opposant aux mesures prises contre la pandémie du Covid-19. D’orientation conservatrice et souverainiste, le parti est classé à droite et se montre particulièrement opposé au traité avec l’Union européenne. Résultats des élections andorranes de 2023 Résultats circonscription nationale Résultats circonscription nationale Répartition finale des sièges entre les partis Les élections sont marquées par la percée des nouveaux venus avec Concorde qui atteint la deuxième place avec 21,43% des voix et 5 sièges au Parlement. Andorre en avant effectue un score important avec 16% des voix et décroche 3 sièges. Les socialistes sont ceux qui souffrent le plus de la percée des nouveaux venus et perdent 10 points de pourcent et 4 sièges en passant de 30% en 2019 à 21% des scrutins aujourd’hui. En décrochant la majorité absolue des sièges, Démocrates pour Andorre et Citoyens engagés sont assurés de pouvoir reconduire leur gouvernement et de mener les négociations sur l’accord avec l’Union européenne à leur terme, et ce malgré la montée des partis méfiants vis-à-vis de cet accord. Les négociations avec l’UE devraient s’achever à la fin de l’année 2023 avant que l’accord ne soit soumis au référendum en Andorre. Sources ANDORRA UNIÒ EUROPA, « Accord d'association Andorre-Union Européenne », Site officiel du gouvernement d’Andorre, Consulté le 8 avril 2023, . DONNÉES MONDIALES, « Andorre », Données mondiales, Site en ligne consulté le 8 avril 2023, . MICHALAK Frédérique, « L'Andorre organisera un référendum pour se rapprocher encore de l'Union européenne », L’Indépendant, Article en ligne du 15 septembre 2022, Consulté le 8 avril 2023, . P.L. & AFP, « 1000 euros pour un studio : en Andorre, la flambée des prix immobiliers s'invite aux élections », BFMTV, Article ne ligne du 31 mars 2023, Consulté le 8 avril 2023, . SOLANO Alexandre, « Andorra es prepara per a unes eleccions crucials amb dues grans coalicions », Vilaweb, Article en ligne du 13 février 2023, Consulté le 8 avril 2023, . UNESCO, « Accord d'association avec l'Union européenne », Site officiel de l’Unesco, Consulté le 8 avril 2023, .
- Bulgarie : Comprendre la crise politique
Nouvelle élection en Bulgarie, un pays qui semble s’enliser un peu plus dans la crise politique. Pourquoi les partis bulgares ne peuvent-ils pas former un gouvernement ? Ce dimanche 2 avril, la Bulgarie traversait sa cinquième élection législative en l’espace de deux ans et le pays continue dans sa crise politique. Les partis en lice ont tellement construit leur campagne et identité les uns contre les autres qu’ils ne parviennent pas à s’associer pour former un gouvernement. On distingue deux lignes de fracture principales. Première ligne de fracture : la corruption Pôle de Borissov : GERB et DPS L’ancien Premier ministre, Boïko Borissov, et son parti, Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB), sont accusés par ses opposants de corruption et de créer un climat favorable à celle-ci. La corruption a, en effet, une grande importance en Bulgarie étant donné que le pays fut classé comme le deuxième pays le plus corrompu de l’Union européenne en 2022, derrière la Hongrie. [1] Les accusations à l’encontre de Borissov font que la plupart des partis refusent un accord gouvernemental avec son parti. Le GERB est un parti d’orientation démocrate-chrétienne, conservatrice et europhile. Le Mouvement des droits et des libertés (DPS) est également exclu des négociations par plusieurs partis pour les mêmes raisons de corruption. Il s’agit d’un parti qui est principalement centré sur la défense des minorités turques et musulmanes de Bulgarie qui a atteint les 14% des voix en 2014 avant de subir une chute de 5 points en 2017. Le DPS remontera progressivement pour réatteindre les 13,29% en 2022. Le parti possède ses principaux ancrages dans les régions fortement peuplées de turcophones et de musulmans. 1ère image : Proportion de turcophones en Bulgarie (2011) / 2ème image : Proportion des musulmans en fonction des croyant en Bulgarie (2011) / 3ème image : Résultats du DPS (2007). Pôle anti-corruption Nous continuons le changement (PP) est une coalition politique, qui a vu le jour en 2021, rassemblant plusieurs formations politiques de gauche et de centre-gauche. Le parti a été fondé sur l’anticorruption et plus particulièrement sur l’opposition à Borissov et son mouvement GERB. Depuis l’annonce d’alliance entre le PP et Bulgarie Démocratique (DP) en février dernier, la coalition augmente considérablement ses intentions de vote et arrive au coude-à-coude avec le GERB dans les sondages. Il y a un tel peuple (ITN) est un parti fondé en 2020 suite aux manifestations anticorruption qui ont eu lieu contre le gouvernement Borissov. Il obtiendra plus de 24% des voix en juillet 2021 avant de chuter à 9% cinq mois plus tard. Il participera à la coalition gouvernementale avec le PP avant de la quitter en juin 2022 en raison de désaccords budgétaires et à cause de la levée du véto sur l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’Union Européenne. Cette décision fit chuter le gouvernement en juin 2022, nous menant à la situation que nous connaissons aujourd’hui. La Coalition pour la Bulgarie (BSPzB) est une formation politique fondée par le Parti Socialiste Bulgare (BSP) avec des petits partis de gauche. Classé à gauche ou au centre-gauche et d’orientation social-démocrate, le BSP subit un déclin électoral en dent de scie après avoir atteint les 30% et avoir dirigé le gouvernement en 2005. Les sociaux-démocrates ont chuté à 9,3% en 2022, le plus faible score de leur histoire. Deuxième ligne de fracture : la guerre en Ukraine Avec la guerre en Ukraine, la nouvelle fracture en Bulgarie divise les pro-ukrainiens des pro-russes. Si ces derniers sont minoritaires dans le champ politique, leur principal représentant connaît une forte croissance électorale. À l’extrême-droite de l’échiquier politique, Renaissance (V) est un parti anti-européen, nationaliste et pro-russe qui monte progressivement en passant de 1% lors de sa première élection en 2017 pour atteindre près de 10% en 2022. Accusé de défendre les intérêts du Kremlin et s’étant opposé aux livraisons d’armes à l’Ukraine, Renaissance a peu de chances d’être accepté par des partenaires pour former un gouvernement. Réveil Bulgare (BV) est un parti récent, fondé en 2022 par l’ancien Ministre de la Défense, Stefan Yanev. BV est souvent classé à droite et défend une idéologie conservatrice et nationaliste. De même que pour Renaissance, une participation à un potentiel gouvernement semble compromise, car le parti est accusé de se ranger du côté de la Russie avec la guerre en Ukraine. Résultats des législatives d’avril 2023 Une fois de plus, le paysage politique bulgare est si morcelé qu’une majorité peine à émerger et aucun camp ne peut obtenir les 121 sièges nécessaires pour gouverner. Le camp anti-corruption du PP, d’ITN et des socialistes n’obtient que 98 sièges. Le camp de l’ex-Premier Ministre regroupant le GERB et le DPS obtient 105 sièges. Si Renaissance obtient 10 sièges supplémentaires avec 34 sièges au total et continue son ascension avec 13,6% des suffrages, le camp des nationalistes pro-russes souffre de la perte de toute représentation parlementaire pour le Réveil Bulgare qui avait obtenu 12 sièges aux précédentes élections. Le seul moyen de sortir de la crise est qu’une coalition s’opère entre deux des trois camps politiques. Soit une alliance entre le GERB, le DSP et les pro-russes de Renaissance qui obtiendrait 142 sièges sur les 240. Soit une coalition qui rassemblerait le GERB de Borissov et le PP anti-corruption. Dans tous les cas, ces alliances contre nature sont peu probables et la Bulgarie semble ne pas être sortie de la crise politique. Sources COLLEN Vincent, « En Bulgarie, le risque d'un pouvoir plus favorable à la Russie », Les Échos, Article en ligne, Publié le 1er avril 2023, Consulté le 2 avril 2023, . LÉVY Alexandre, « Élections. Après le résultat des élections en Bulgarie, former un gouvernement s’avère (quasi) impossible », Courrier international, Article en ligne du 3 avril 2023, Consulté le 11 avril 2023, . RUAUD Hugo, « Bulgarie : la crise politique perdure, l’extrême droite prorusse en profite », La Croix, Article en ligne, Publié le 4 avril 2023, Consulté le 4 avril 2023, . SERGUEVA Vessela, « Les Bulgares divisés sur la question russe », La Presse, Article en ligne, Publié le 2 avril 2023, Consulté le 2 avril 2023, . Notes de bas de page [1] Index 2022 de la perception de la corruption dans le monde .
- Législatives en Finlande : Les 3 grands partis à 1% d'écart
Après une compétition serrée, la Première Ministre sociale-démocrate Sanna Marin perd la première place au profit des conservateurs et des nationalistes. De gauche à droite : Petteri Orpo, Président du Parti de la Coalition Nationale, Riikka Purra, Président du Parti des Finlandais et Sanna Marin, Premier ministre sortant et Président du Parti Social-Démocrate. Fiche d'identité du pays Nom : République de Finlande Capitale : Helsinki Population : 5,5 millions d’habitants Monnaie : Euro (EUR) Régime : République parlementaire monocamérale (une seule chambre d’élus) Parti(s) au pouvoir : Parti Social-Démocrate, Parti du Centre, Ligue Verte, Alliance de Gauche et Parti populaire suédois de Finlande. Union européenne : État membre Espace Schengen : État membre Sièges au parlement UE : 14/705 OTAN : En cours d’adhésion Quelle situation électorale ? Contrairement aux élections en Europe de l’Est ayant eu lieu depuis un an, les législatives en Finlande n’ont pas été autant marquées par la guerre en Ukraine. Cela est probablement dû aux prises de position fortes de la Première ministre, Sanna Marin, dès le début de la guerre, qui firent de la Finlandel’un des premiers pays à sanctionner la Russie et à fournir des armes à l’Ukraine. La Finlande a également demandé l’adhésion à l’OTAN en mai 2022, rompant avec sa tradition de neutralité. La campagne électorale a davantage été dirigée par les questions économiques et budgétaires depuis que le pays est entré en récession en 2022. [1] Avec une inflation atteignant 7,1% et un creusement de la dette du pays qui a augmenté de 10 points soit 20 milliards de dollars depuis le début du gouvernement Marin, mets en difficulté les sociaux-démocrates au pouvoir. [2] Les acteurs politiques Parti Social-Démocrate (SDP) Présidé par l’actuelle Première ministre Sanna Marin, le Parti Social-Démocrate est comme son nom l’indique un parti de centre gauche d’orientation socialiste. Fondé en 1889, le SDP est longtemps resté le premier parti de Finlande avec des scores pouvant dépasser les 40% des voix, le parti subit le sort de nombreux partis sociaux-démocrates en Europe connaissant un déclin électoral progressif. Le parti est ainsi passé de 39% en 1939 à 18% en 2019. Parti des Finlandais (PS) « Les vrais Finlandais » comme on l’appelle également en français, est un parti nationaliste classé à droite voire à l’extrême droite par les observateurs politiques en raison de ses opinions restrictives en matière d’immigration et son conservatisme sociétal. Le parti a connu une forte ascension en 2019 en passant de 4% à 19% pour ensuite se tasser légèrement autour des 17%. Parti de la coalition nationale (Kok) Parti né suite à la guerre civile finlandaise en 1918, le Parti de la Coalition Nationale a longtemps eu une orientation conservatrice, mais semble se rapprocher du libéralisme sociétal et économique, en particulier depuis 2006 et plus encore avec l’arrivée de son nouveau président, Petteri Orpo, en 2016. Le Kok connaît des résultats « en dent de scie » depuis 40 ans, en passant régulièrement de 17% à 20% et vice-versa. Parti du centre (Kesk) Fondé en 1906, le Parti du Centre est, depuis ses origines, un parti agrarien, c’est-à-dire qu’il va axer son programme sur la défense des intérêts du monde rural, agricole et paysan. Les partis agrariens, bien que rares en Europe de l’Ouest, sont particulièrement présents en Europe du Nord et de l’Est, comme nous avons déjà pu le présenter en Suède, en Lettonie ou, plus récemment, en Estonie. Si le parti a connu ses heures de gloire des années 20 aux années 50, en atteignant des 20-26%, il connaît depuis lors également des résultats « en dents de scie » en allant jusqu’à descendre à 13% en 2019. La Ligue Verte (Vihr) La Ligue verte est un parti écologiste connaissant une croissance quasi constante depuis sa création dans les années 80. Classé au centre-gauche ou à gauche, il participe à la coalition gouvernementale depuis 2019. Alliance de gauche (vas) Alliance de gauche est un parti de gauche radicale présent dans l’arène politique finlandais depuis 1990. S’il participe régulièrement à différents gouvernements depuis sa création, le parti demeure assez modeste électoralement, récoltant de 7 à 8% des suffrages. Parti populaire suédois de Finlande (SFP) Né en 1906, le Parti populaire suédois de Finlande est axé sur la défense de la minorité suédoise qui représente 5 à 6% de la population finlandaise. S’il a connu des résultats autour des 13% jusque dans les années 20, le parti a progressivement chuté pour atteindre les 4-5% depuis les années 90. Le parti demeure fortement implanté dans les zones où résident les minorités suédophones. Résultats électoraux du SFP en 2019 (à gauche). Répartition des suédophones en Finlande (à droite). Chrétiens-Démocrates (KD) Les Chrétiens-Démocrates, présents dans la vie politique finlandaise depuis 1958, sont, comme leur nom l’indique, un parti d’orientation démocrate-chrétienne. Situé à droite voire au centre-droit, le parti a toujours connu un rôle de second plan avec des scores ne dépassant pas les 5% des voix. Mouvement maintenant (LN) Fondé en 2018 par l’homme d’affaires Hjallis Harkimo, le Mouvement Maintenant est un parti défendant exclusivement une idéologie libérale économique et sociétale. Il possède 1 élu au parlement depuis 2019. Résultats des législatives Après une campagne serrée, les résultats le sont tout autant avec les trois premiers partis qui arrivent à moins d’un point de pourcent d’écart. Malgré une légère augmentation de son résultat par rapport à 2019, les sociaux-démocrates de Sanna Marin ne parviennent pas à garder la tête et arrivent en troisième position avec 19,93% des voix et 43 sièges au Parlement. C’est le Parti de la coalition nationale qui arrive en première position avec 20,82% des voix et 48 sièges et qui opère la plus grosse montée avec un gain de 3,8 points de pourcent. Les libéraux conservateurs sont suivis de près par le Parti des Finlandais avec 20,05% et 46 sièges, qui obtient ainsi le meilleur score de son histoire. La plus grosse chute est celle de la Ligue verte qui perd 4 points et arrive à un peu plus de 7% des suffrages. Le parti écologiste semble ne pas avoir pu imposer ses thèmes dans une campagne menée par les questions économiques et budgétaires. Le mandat de Premier ministre devrait échoir au Président du Parti de la coalition nationale, Petteri Orpo, si celui-ci parvient à former une majorité gouvernementale. Pour l’instant, on ignore quelle sera l’orientation de la future coalition. Celle-ci pourrait se faire avec les nationalistes du Parti des Finlandais, ceux-ci ayant déjà participé à un gouvernement avec le Kok et les agrariens du Parti du Centre entre 2015 et 2017. Il n’est pas impossible non plus d’établir une coalition gouvernementale avec les sociaux-démocrates de Sanna Marin, même si cela semble complexe étant donné que les deux partis se sont fortement affrontés durant la campagne en défendant chacun des visions fondamentalement opposées sur la gestion budgétaire et l’orientation économique du pays. Les résultats de ces législatives ne changeront rien à l’adhésion de la Finlande à l’OTAN qui devrait avoir lieu dans les prochains jours. Le pays avait rompu avec ce qu’on appelle souvent sa « neutralité historique » depuis la Seconde Guerre mondiale, suite à la guerre en Ukraine. Les élections devraient également peu influer sur les relations économiques et commerciales qu’entretient la Finlande avec les pays membres de l’Union Européenne, le pays étant membre de l’UE depuis 1985 et la vision européiste étant partagée par le parti de Petteri Orpo. SOURCES BELGA, « Elections en Finlande: la droite donnée gagnante, la Première ministre Sanna Marin battue selon une estimation », La Libre, Article en ligne publié le 2 avril 2023, Consulté le 3 avril 2023, . COURRIER INTERNATIONAL, « La droite remporte les élections législatives en Finlande », Courrier international, Article en ligne du 3 avril 2023, Consulté le 3 avril 2023, . FRANCE 24 & AFP, « Législatives en Finlande : victoire du centre-droit, la Première ministre Sanna Marin battue », France 24, Article en ligne du 3 avril 2023, Consulté le 3 avril 2023, . VERDEAU Paul & AFP, « Elections législatives en Finlande : un bataille serrée en perspective, Sanna Marin en danger, sur fond de rattachement à l'Otan », RTBF, Article en ligne publié le 2 avril 2023, Consulté le 3 avril 2023, . Notes de bas de page [1] HIAULT Richard, « La Finlande entre en récession, la Suède y va tout droit », Les Échos, Article en ligne, Consulté le 22 mars 2023, Article du 28 février 2023, . [2] Chiffres issus du site Données Mondiales, Consulté le 22 mars 2023, .
- Élections en Estonie : l'Ukraine et la Russie ne sont jamais loin
Des législatives sur fond de guerre en ukraine avec Pro-Kiev et Pro-russes qui s'affrontent. Ce dimanche 5 mars, l’Estonie a vécu ses élections législatives en vue de renouveler, au scrutin proportionnel, l’unique chambre parlementaire du pays, le Riigikogu composé de 101 députés. Tout comme pour la Lettonie, l’année dernière, les élections législatives en Estonie ont été principalement rythmées par la guerre en Ukraine et l’opposition ferme de la région face à la Russie. Carte d'identité du pays Nom : République d’Estonie Capitale : Tallinn Population : 1,2 millions d’habitants Monnaie : Euro (€) Régime : République parlementaire monocamérale (une chambre d’élus) Parti(s) au pouvoir : Parti de la Réforme, Patrie & Parti Social-Démocrate Union européenne : État membre Espace Schengen : État membre Sièges au parlement UE : 7/705 OTAN : État membre Les acteurs politiques Parti de la réforme d’Estonie (ERE) : Fondé en 1994 et dirigé par l’actuel Premier Ministre Kaja Kallas, le parti est d’orientation libérale et europhile, souvent classé au centre-droit ou à droite de l’échiquier politique. Voisinant les 16% à la fin des années 90, le parti a connu une forte progression en 2007 en devant le premier parti du pays et a atteint son meilleur score en 2019 avec 28,8% et 34 députés sur 101. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le parti a affirmé son soutien aux Ukrainiens et sa volonté d’augmenter les aides à destination du pays. Parti populaire conservateur d'Estonie (EKRE) : Né en 2012, l’EKRE est un parti régulièrement classé à droite ou à l’extrême droite. Défendant une restriction de l’immigration et des idées nationalistes, le parti est également axé sur une certaine vision eurosceptique et russophobe à l’encontre de la minorité russophone du pays. Le parti réussit une percée en 2019 en obtenant 16% des voix et participera jusqu’en 2021 au gouvernement du pays. Parti du centre (RE) : Né en 1991, le RE est un parti classé au centre ou centre gauche revendiquant une politique sociale-libérale qui est souvent perçu comme le défenseur des minorités russophones du pays qui constitue une large part de son électorat. Le parti entretien d’ailleurs des relations étroites avec le parti de Vladimir Poutine, Russie Unie. Estonie 200 : Récemment fondé en 2018, le parti est classé au centre droit de l’échiquier politique avec une idéologie libérale économique et une europhilie affirmée. Parti social-démocrate (SDE) : Fondé en 1990, le SDE est comme son nom l’indique, un parti social-démocrate se positionnant à gauche. Le parti a connu un certain succès en 1999 et 2011, mais connaît régulièrement des périodes de creux électoraux et de déclin rapide en passant, par exemple, de 15,2% en 1999 à 7 % en 2003. Les sociaux-démocrates sont membres du gouvernement depuis 2022. Patrie : Isamaa signifiant Patrie en estonien est un parti démocrate-chrétien né en 1995 et positionné à droite du paysage politique. Le parti a connu son pic électoral en 2011 avec 20,5% des votes et connaît un déclin linéaire depuis, pour arriver à 11,4% en 2019. Isamaa participe au gouvernement depuis 2022. Résultats des élections Répartition des sièges Les élections voient la victoire marquée du Parti de la Réforme qui, avec 31,24%, récolte près du double des voix de son adversaire le plus proche, le Parti Populaire Conservateur et ses 16% des suffrages. En confortant sa position de leader avec ses 37 sièges sur 100 au Parlement, Le Parti de la Réforme devient difficilement contournable pour la formation d’un gouvernement et tout porte à croire que le Premier Ministre Kaja Kallas sera reconduit dans sa fonction à la fin des négociations gouvernementales. La plus grande progression est effectuée par le jeune parti libéral Estonie 200 qui fait son entrée au Parlement avec 14 nouveaux sièges de députés et 13% des voix. Si la coalition gouvernementale garde sa majorité, la proximité des idées libérales et pro-européennes rend possible une éventuelle participation de Estonie 200 au gouvernement. Le plus grand perdant de cette élection est sans nul doute le Parti du Centre qui souffre de sa proximité avec la minorité russophone du pays, en cette période de guerre en Ukraine. Le parti perd 7,8 points de pourcent et 10 sièges au parlement. Il garde cependant un ancrage très fort dans les régions russophones telles que le Comté de Viru-Est où les russophones représentent près de 80% de la population. À gauche : géographie électorale d'Estonie / À droite : répartition des minorités russophones.
- Qu'est-ce que le totalitarisme ?
De l'endoctrinement idéologique à l'extermination de l'individu, retour sur le régime politique le plus marquant de notre histoire. Table des matières Introduction Idéologie et Homme nouveau Le contrôle des six monopoles Le culte de la personnalité L'incertitude légale et juridique Système concentrationnaire et la désolation Le cas de la Chine et de la Corée du Nord Conclusion Notes Livres conseillés Bibliographie Introduction 27 janvier 1945, pendant la longue contre-offensive russe, l’Armée rouge affronte les forces du Reich sur les bords de la Vistule en Pologne. Après 15h de combats victorieux, les russes franchissent les grilles du complexe d’Auschwitz, au-dessus des quelles, trônent en lettres de métal cette phrase tristement célèbre : Arbeit macht frei - le travail rend libre. Avec la libération des camps d’Auschwitz Birkenau, le monde découvre les conséquences du régime nazi. Ce ne sont pas moins de 10 millions de personnes qui furent déportés aux quatre coins du Reich dans ses camps de concentration et d’extermination. 6 millions y perdront la vie. En 1973, Alexandre Soljenitsyne publie un livre choc, l’archipel du Goulag, révélant le système concentrationnaire soviétique de l’époque stalinienne. Dans ces camps de travail, nulle chambre à gaz allemande, mais l’hiver glacial russe les remplace. Des prisonniers condamnés pour 5 ans, pouvaient ne toujours pas en être sorti après 20 années, s’ils parvenaient à survivre jusque-là… Aujourd’hui encore, on ignore précisément le nombre d’hommes et de femmes qui ont trouvés la mort dans ces camps durant le régime de Staline. On parle de 12 à 20 millions de prisonniers avec un bilan humain pouvant aller de 2 à 7 millions de morts. [1] À la parution de son ouvrage, Soljenitsyne sera décrié, discrédité voire insulté, non seulement par l’URSS, mais également par bon nombre d’intellectuels de gauche occidentaux. L’ouverture des archives soviétique, à partir de 1986, finira par lui donner raison et nul ne put continuer d’ignorer l’ampleur que fut le système répressif stalinien. L’Allemagne hitlérienne et la Russie stalinienne, que pourtant tout sépare, se retrouvent sur un unique point commun : le régime totalitaire que les deux tyrans ont instauré. Aujourd’hui utilisé pour dénoncer la moindre restriction de liberté aussi minime soit-elle, le totalitarisme est un concept complexe et si particulier qu’il ne peut être utilisé sans précaution. Nous verrons ici quelles sont les composantes du totalitarisme, de sa suprématie idéologique à son emprise totale sur la société et comment il a pu s’immiscer dans la sphère la plus intime des Hommes pour en détruire leur individualité et leur humanité. Le nombre de pays que l’on peut qualifier sans aucune hésitation de totalitaire est restreint, il n’y en a en vérité que deux : celui de l’Allemagne Nazie (1933-1945) et celui de la Russie soviétique sous Staline (1929-1953). Ce sont les deux seuls régimes où il n’y a aucun débat sur le fait qu’ils étaient totalitaires. [2] Idéologie et Homme nouveau Le totalitarisme, à la différence des régimes autoritaires est profondément animé par une idéologie. Et même si le stalinisme et le nazisme sont loin de partager un socle idéologique commun, le fanatisme qu’ils inspirent est semblable, de même que leurs méthodes. Dans les deux pays, la violence d’État va se déployer en terreur contre des groupes sociaux entiers. En Allemagne, cette terreur sera appliquée contre les juifs, les tziganes, les communistes, les libéraux, les artistes, les asociaux ou l’église confessante. En URSS, ce sont les paysans enrichis, ceux qu’on nomme « les koulaks », les profiteurs qui sont persécutés. Dans la liste, on retrouve également les croyants, les anciens tsaristes, les minorités nationales ainsi que tout opposant réel ou potentiels qualifiés de « réactionnaires ». Pour les deux idéologies, il faut un « ennemi total », « un fautif » ou « un nuisible » ! Et pour les deux idéologies, il faut un idéal à atteindre. Cet idéal c’est l’homme lui-même, où en tout cas le surhomme qu’il peut devenir. Le stalinisme se basera sur les lois de l’Histoire et le matérialisme historique de Marx pour créer son nouvel Homme, l’homo sovieticus, le soviétique fort, productif, obéissant et dévoué à la cause et au parti. Hitler aura son homme pur également, le fameux arien censé être la race supérieure de par les lois de la Nature.[3] [4] Les deux idéologies vont se baser sur un livre de référence : le manifeste du Parti Communiste pour l’un, Mein Kampf pour l’autre. L’objectif du totalitarisme est simple : la transformation totale de la société et des individus pour les mener vers un monde nouveau peuplé d’hommes nouveaux. Le contrôle des six monopoles Pour se faire, les totalitaires vont se doter d’un arsenal institutionnel total dont l’objectif est la coercition, le contrôle de la vie politique, des sociétés, de la communication. Et cet arsenal sera celui des monopoles appliqués avec force et terreur.[5] [6] [7] Le premier est le monopole idéologique. L’idéologie est la vérité suprême de l’État, elle s’occupe de tous les aspects humains et ne peut coexister avec d’autres. Sans idéologie, pas de régime totalitaire. Et toute faute commise, qu’elle soit au niveau politique ou économique, est directement considérée comme une faute idéologique. Le totalitaire s’arrogera le monopole du pouvoir, qui lui permettra de contrôler tous les moyens de coercition. Ce monopole leur permet un contrôle policier de terreur (même sur l’économie) et de persuasion. Le pouvoir mettra en place une police secrète comme la Gestapo et le NKVD, ainsi que des camps de concentration ou de rééducation pour réprimer les « fautifs ». Dans le régime nazi, tous les symboles de résistance quels qu’ils soient furent exterminés.[8] Un exemple édifiant pour comprendre l’étendue de ce monopole, est celui de Hans et Sophie Scholl. Ces deux frère et sœur faisaient partie d’un mouvement résistant au nazisme qui se nommait « la rose blanche ». Après avoir distribués des tracts et avoir critiqué les guerres du régime, les Scholl furent dénoncés par le concierge de l’université dans laquelle ils étudiaient. Suite à des interrogatoires mêlés de torture, le frère et la sœur avouèrent leurs « crimes » et furent condamnés à la peine capitale par le tribunal populaire (Volksgerichtshof) pour « démoralisation des troupes ». Les jeunes étudiants seront guillotiné le 22 février 1943. [9] Toujours en Allemagne nazie, des enfants âgés de 7 à 13 ans furent également condamnés à mort par pendaison pour faire office d’exemple. Ces enfants faisaient partie d’un groupe rebelle, les pirates Edelweiss (Edelweißpiraten) qui avait comme particularité de se bagarrer contre les jeunesses hitlériennes. [10] En Allemagne nazi, il n’y a pas d’âge pour être considéré comme ennemi de l’État. Dans le même ordre, en URSS, Staline avait organisé la purge d’environ 1.260.000 personnes considérées par le régime comme étant nuisible, le tout en l’espace d’à peine 16 mois. [11] S’ajoute à cela, le monopole économique et professionnel qui fait partie de l’État. Bien qu’il faille nuancer l’économie Hitlérienne qui était « plus libérale », c’est-à-dire que des firmes privées pouvaient y faire des affaires, le régime au final avait toujours le dernier mot sur l’économie. Le système communiste stalinien, quant à lui, planifiait l’intégralité du système économique russe, et ce de la production à la consommation en passant par la distribution. Le quatrième monopole est celui de la politique qui se traduira par la présence d’un seul et unique parti qui englobera l’intégralité de la population. Le parti est sévèrement hiérarchisé avec à sa tête un guide charismatique. L’État organisera également le monopole de la technologie. La modernité et son lot d’innovation technologique a permis aux totalitarismes de se développer et d’assoir son emprise sur la société. C’est entre autres pour cette raison que les régimes totalitaires ne sont pas apparus avant le 20ème siècle. Car sans moyens de communication modernes, sans moyen de transports rapides et sans système de production industriel, il est bien plus complexe de contrôler touts les sphères d’une société. C’est également pour cette raison que l’État totalitaire va mettre tous les moyens nécessaires pour développer davantage l’avancer de la recherche. Que ce soit dans le domaine de l’aéronautique, du militaire, des communications, de l’industrie, de sciences ou du domaine spatial, toute avancée technologique est bonne pour le régime car elle permet d’assoir la supériorité de son système et de son idéologie. [12] Enfin et évidemment, l’État organisera le monopole de la communication, qui permet d’avoir la main mise sur l’ensemble des médias : radio, presse, télévision, cinéma, qui lui permettront d’appliquer un culte de la personnalité, le tout avec une propagande exacerbée. Sans les six monopoles réunis [13], le régime totalitaire n’est pas possible, ou n’est pas achevé, c’est pour cette raison que l’on peut qualifier certains régimes autoritaires de « totalisants » ou « post-totalitaire ». C’est par exemple le cas du régime de Franco en Espagne qui, même s’il avait bon nombre de caractéristiques totalitaires tels que les camps de concentration, demeure un régime autoritaire car il ne maîtrisait pas la totalité des monopoles. En Turquie, Atatürk avait instauré un culte de la personnalité et un parti unique mais la finalité de son régime était d’installer une démocratie libérale et non une suprématie idéologique. En ce qui concerne Duvalier en Haïti, malgré sa milice des tontons macoutes qui instaurait la peur, il ne se basait sur presque aucune idéologie, son régime reposait sur l’arbitraire, la peur et la récompense de ceux qui n’allaient pas dans son sens. Le culte de la personnalité Le totalitarisme nécessite donc l’intégralité des monopoles pour être opérationnel. Et ses monopoles sont mis au service de l’idéologie du régime ainsi qu’au service de son chef, son Führer ou son Petit père des peuples qui va construire un véritable culte autour de son être. Ce culte de la personnalité est fondamental dans le totalitarisme car il permet d’assoir la légitimité du régime qui se construira sur le charisme du Chef de l’État. Cette légitimité est bien différente de celle utilisée dans les régimes autoritaires qui s’appuient davantage sur le principe de tradition. Elle est aussi totalement opposée à ce que l’on appelle la légitimité légal-rationnel basée sur le droit que l’on retrouve dans les démocraties. La légitimité du chef charismatique se repose sur ses « adeptes » complètement passionnés, affectés et dévoués à leur guide, ce dernier faisant preuve d’une communication exemplaire dans ses discours politiques ou ses apparitions publiques. Les « adeptes » sont tellement convaincus émotionnellement par leur « messie », par ses capacités jugées hors-norme et par son dessein, qu’ils reconnaissent de manière spontanée sa « révolution », sans nul besoin d’une élection ou d’une tradition séculaire pour le légitimiser dans ses fonctions. [14] Pour ce faire le totalitarisme a grand besoin de l’endoctrinement, surtout de la jeunesse qui est plus active, pour une adhésion sans réserve de leur projet de société. Pour ceux qui n’adhèrent pas, la conséquence est simple, soit ils sont marginalisés, soit tués, soit disparaissent. L’idéologie dépasse le pragmatisme dans le Totalitarisme. Les principes priment sur la raison et le bon sens. Il n’était ni rationnel ni utile pour le régime nazi d’exterminer les juifs en pleine période de guerre. Alors que la défaite se rapprochait pour les allemands et que toutes les ressources et mains d’œuvre aurait été nécessaire aux nazis pour avoir la victoire, le seul mot d’ordre a été d’accélérer l’extermination dans les camps, défiant toute rationalité, aussi inhumaine aurait-elle pu être. En URSS, la collectivisation de l’agriculture et la prolétarisation forcée des paysans a créé la destruction de plus de 50% des récoltes. S’il on veut penser dans un esprit purement mécanique et dénué de sentiment, l’extermination d’une population en général n’est en rien utile pour le système car toute population demeure un moyen « pratique » de production. Ces illustrations montre qu’un totalitarisme n’est compréhensible et logique que par le prisme de son idéologie. [15] Et la primauté de l’idéologie sur le pragmatisme est ce qui différencie grandement le totalitarisme d’un simple régime autoritaire. Alors que les autoritarismes vont mettre la priorité sur « le principe du chef », l’obéissance politique des citoyens vis-à-vis de l’État, le totalitarisme lui va viser la domination idéologique pure et simple de la société qui va conduire à l’élimination de toute spontanéité possible avec la terreur et le secret. C’est sans nul doute la différence la plus fondamentale entre ces deux régimes. [16] L'incertitude légale et juridique L’une des personnalités les plus connues ayant étudier le totalitarisme est probablement Hannah Arendt. Philosophe et politologue, Juive allemande, elle fuit le nazisme dès 1933 et s'installe en France puis aux États-Unis. Durant sa carrière, elle va analyser de nombreux sujet dont celui du totalitarisme qu’elle traite dans son ouvrage « Les Origines du totalitarisme » paru en 1951. Pour Arendt, la société totalitaire n’est pas régie par un cadre de lois fixe et ce manque de structure légale est intentionnel car les lois qui priment sont des lois supérieures, comme déjà dit, les lois de la Nature pour les nazis, les lois de l’Histoire pour les communistes. Ainsi les frontières de la légalité sont très floues et les normes d'hier peuvent ne plus être celles d’aujourd’hui. Vous pouvez vous endormir un soir, persuadé d’être un bon communiste, et vous faire arrêter par la police le lendemain car vous ne correspondriez plus à cet idéal que vous avez défendu. Un exemple assez parlant est celui de Guélia Markizova qui en 1936 rencontra Staline. [17] Âgée alors de 7ans elle accompagna son père dans une délégation pour le Kremlin où elle offrit un bouquet de fleur à Staline qui pris la petite fille dans ses bras. Avant de partir il lui offrit plusieurs cadeaux dont une montre onéreuse et un gramophone. Très vite la photo de Staline et Guélia fut diffusée dans tous les journaux d’URSS, ce moment fut reproduit en peinture et en sculpture à des fins propagandistes. Un an après cet évènement, le père de Guélia est faussement accusé d’espionnage, il est arrêté et exécuté en 1938. Il en sera de même pour sa mère qui mourra des les camps quelques années plus tard. Ce n’est que 50 ans après les faits, avec l’ouverture des archives soviétiques, que Guélia est autorisée à consulter les dossiers concernant ses parents. Le régime soviétique avait craint l’icône qu’il avait lui-même créé. Des rapports constataient que la mère de Guélia conservait chez elle des portraits de Staline avec sa fille, ainsi que les cadeaux que ce-dernier leurs avait offert. Par peur de l’influence potentielle qu’ils pourraient avoir, les parents de Guélia furent éliminé. Tous les exemplaires de la statue baptisée « L’ami des enfants » furent détruits et le sculpteur fut condamné à 18 ans de Goulag. Cette histoire est un exemple de l’incertitude permanente qui règne dans un pays totalitaire. Même en suivant les ordres, même en allant dans le sens du régime, même en acceptant d’être utilisé comme outil de propagande pour humaniser votre leader, vous ne savez jamais si le lendemain vous ne serez pas qualifier d’ennemi du régime. Système concentrationnaire et la désolation Le but du totalitarisme étant la domination totale de la société, l’utilisation des camps occupe une place capitale dans le système, qu’ils soient de travail, de rééducation, de concentration ou d’extermination. Les camps sont les institutions centrales du totalitarisme. Ils sont le lieu de la négation de la nature humaine, l’endroit où l’on va déconstruire l'individu, y enfermer le « fautif », « le nuisible », ou « l’ennemi total » pour au mieux le remodeler à l’image de la société, au pire s’en débarrasser. Dans ces lieux, votre naissance, votre mort ne compte plus, il n’y a plus de différence entre vous et votre voisin, il n’y a plus aucune imprévisibilité ni spontanéité. Tout ce qui faisait de vous un être humain, disparait. [18] [19] La terreur est l'essence du système totalitaire. Il n’y a pas que dans les camps qu’on va déconstruire l’individu. Ça se fait en permanence dans la société. Vous ne savez jamais quand vous pouvez vous faire arrêter, emprisonné, exécuté. Il y a une propagande permanente, une surveillance permanente qui fait que vous ne vous sentez plus en sécurité, en liberté nulle part. [20] Tout cela, amène à un aspect rarement vu dans l’histoire de l’humanité. C’est celui la délation, une délation particulière, car elle incombe également des dénonciations au sein même d’une famille. La terreur du totalitarisme a eu pour résultat d’avoir des enfants qui dénoncent leur proche, comme ce fut le cas du petit Pavel Morozov [21], qui dénonça son propre père [22]. La délation même au sein du champ privé grâce à la terreur est l’aboutissement du régime totalitaire, sa réussite. Ainsi même dans votre maison vous êtes sous pression car vous pouvez vous faire dénoncer par vos proches, vos amis, vos voisins, vos enfants. [23] Le résultat est qu’il n'y a plus d'individu, on l'a détruit. Les personnes sont atomisées. Apparaît alors une masse indifférenciée. L'idée est que tous les hommes deviennent Un. Vous devenez un rouage, d’une gigantesque machinerie et vous êtes écrasé en permanence par le poids de cette machine. On fond l'individu dans la masse et on fait de la masse un seul grand homme idéal qui sera guidé par une idéologie : le communisme guidera l’homme nouveau et le nazisme guidera l’homme arien. Le résultat pour les habitants, ce n’est pas seulement l’isolement, la solitude, mais c’est ce que Hannah Arendt appelle la désolation. Le totalitarisme détruit aussi bien la vie publique que la vie privée ; il concerne l'ensemble de l’existence. Cela signifie qu'il y une absence de relations entre les gens et une perte de la conscience qu'on vit sur une terre, entouré des autres. Le cas de la Chine et de la Corée du Nord Nous reviendrons dans une future publication sur le cas de la Chine de Mao, mais aussi celle de Xi Jinping dont la qualification de totalitarisme fait débat chez les politologues. Si la Chine en ces deux périodes possèdent bon nombre de caractéristiques, elle ne détient pas totalement les six monopoles et l'aspect de désolation n'est pas complet. Si la Corée du Nord quant à elle semble correspondre en tous points à la définition de totalitarisme, il nous faudra attendre la chute du régime ou l'ouverture des archives pour analyser de près les détails et coulisses du régime afin de comprendre son fonctionnement et sa longévité exceptionnelle pour un régime totalitaire. Nous reviendrons également sur la Corée du Nord dans une future publication. Conclusion Le totalitarisme est donc un régime, un système ou un processus politique qui vise la domination totale de la société. Il peut être de droite ou de gauche en fonction qu’il se tourne vers le passé en voulant se baser sur des traditions ou des mythes immémoriaux ou vers l’avenir en voulant bâtir un régime nouveau allant dans le sens de l’Histoire. Dans tous les cas il se construit sur une idéologie qui s’appuie sur un livre, un pamphlet, un manifeste de référence et qui va aider à endoctriner toute la société et à monopoliser chacun de ses aspects. La police politique veillera à ce que tout le monde occupe la place qui lui est assigné et le régime n’hésitera pas à avoir recours aux camps si nécessaire ainsi qu’à la terreur. Ainsi le totalitarisme créera par ces moyens un homme nouveau, ou un homme supérieur qui sera le fer de lance de son régime, au détriment de l’individualité qui sera annihiler. Notes [1] WERTH Nicolas, « Le cimetière de l’espérance. Essais sur l'histoire de l'Union soviétique, 1914-1991 », Éditions Perrin, Paris, 2019. [2] Des débats existent au sein de la communauté scientifique sur la qualification de totalitarisme pour certains régimes comme l'Italie fasciste de Mussolini ou l'Espagne de Franco. Les deux seuls régimes pour lesquels il y a un consensus quant à leur aspect totalitaire sont l'Allemagne d'Hitler et l'URSS sous Staline. [3] STUDER Brigitte, « TOTALITARISME », EncyclopædiaUniversalis [en ligne], consulté le 11 mars 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/totalitarisme/ [4] NAY, O. « Chapitre 7. Les sentinelles de la liberté : critiques du totalitarisme, éloge de la société libérale », ,Histoire des idées politiques. La pensée politique occidentale de l'Antiquité à nos jours, sous la direction de Nay Olivier. Armand Colin, 2016, pp. 497-554. [5] ARON Raymond, « Démocratie et totalitarisme », Éditions du Seuil, 1965, Paris, Pp. 287-288. [6] FRIEDRICH Carl Joachim, « The Character of Totalitarian Society », in : « Totalitarianism », Harvard University Press, Cambridge, 1954. [7] FRIEDRICH Carl Joachim, « Totalitarian Dictatorship and Autocracy », Harvard University Press, Cambridge, 1959. [8] BRUNETEAU Bernard, « Aucune résistance n’est possible sous une domination totalitaire. », In : « L’Âge totalitaire. Idées reçues sur le totalitarisme », Édition Le Cavalier Bleu, 2017. [9] LE BLAVEC DE CRAC'H, P. (2022). Décapitation de la « Rose blanche ». En ligne sur le site web de : https://www.herodote.net/22_fevrier_1943-evenement-19430222.php [10] BRUNETEAU Bernard, « Aucune résistance n’est possible sous une domination totalitaire. », In : « L’Âge totalitaire. Idées reçues sur le totalitarisme », Édition Le Cavalier Bleu, 2017, Pp. 101-107. [11] RITTERSPORN Gábor Tamás, « Police politique, magistrats, terreur. Justice et violence institutionnalisée en URSS », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 107, no. 3, 2010, pp. 21-37. [12] VIOULAC Jean, « Apocalypse. Günther Anders et le totalitarisme technologique », , « La logique totalitaire. Essai sur la crise de l’Occident », Presses Universitaires de France, 2013, pp. 451-490. [13] Idem. [14] BENTELI Marianne, « Le cas de l'Allemagne national-socialiste », Pp 247- 272. & CARRÈRE D'ENCAUSE Hélène, « Staline et le culte de la personnalité », Pp 329-350. In : DUVERGER Maurice & Co., « Dictatures et légitimité », Presses Universitaires de France, Vendôme, 1982. [15] ARON Raymond, « L’essence du totalitarisme. À propos de Hannah Arendt », Commentaire, vol. numéro 112, no. 4, 2005, pp. 943-954. [16] ARENDT Hannah, « Les Origines du totalitarisme ». Éditions Gallimard, Paris, 2002, p. 739. [17] https://www.youtube.com/watch?v=6nDH7y6_SOE [18] WERTH Nicolas & BLUM Alain, « La Grande Terreur des années 1937-1938. Un profond renouveau historiographique », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 107, no. 3, 2010, pp. 3-19. [19] RITTERSPORN Gábor Tamás, « Police politique, magistrats, terreur. Justice et violence institutionnalisée en URSS », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 107, no. 3, 2010, pp. 21-37. [20] VIOULAC, J. « La totalisation. Hegel et la provenance métaphysique du totalitarisme », In : « La logique totalitaire. Essai sur la crise de l’Occident », Presses Universitaires de France, 2013, pp. 33-160. [21] NÉRARD, F-X. « Délation, dénonciation et dénonciateurs en URSS », Jean-Paul Brodeur éd., Citoyens et Délateurs. La délation peut-elle être civique ?Autrement, 2005, pp. 39-51. [22] VOISIN, V. « La dénonciation dans l'URSS stalinienne. De l'entre-deux-guerres à la Seconde Guerre mondiale », Hypothèses, vol. 12, no. 1, 2009, pp. 151-159. [23] BONNIN, M. « Les métamorphoses du totalitarisme », Le Débat, vol. 117, no. 5, 2001, pp. 114-135. Livres conseillés ARENDT Hannah, « Les Origines du totalitarisme ». Éditions Gallimard, Paris, 2002. ARON Raymond, « L’essence du totalitarisme. À propos de Hannah Arendt », Commentaire, vol. numéro 112, no. 4, 2005. COURTOIS S. & Co., « Le livre noir du communisme », Éditions Robert Laffont, Paris, 1997. 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- Midterms aux USA : futur incertain pour les américains
Ce 8 novembre dernier avait lieux aux États-Unis d'Amériques les fameux midterms, élections de mi-mandat. Si la vague Républicaine n'a pas eu lieu, l'avenir politique des USA reste toujours incertain. Les midterms sont le nom donné aux élections qui ont lieu aux États-Unis au milieu du mandat présidentiel. Elles renouvellent l’ensemble des 435 députés qui siègent à la Chambre des Représentants pour un mandat de 2 ans. Elles renouvellent également un tiers du Sénat dont les membres sont élus pour un mandat de 6 ans. Depuis 2020, les Démocrates possèdent la majorité à la Chambre avec 222 députés sur 435. Ils ont également une très courte majorité au Sénat. Malgré leurs 48 sénateurs sur 100, les deux sénateurs indépendants restent proches du Parti démocrate et la présidente du Sénat use de sa 101e voix pour départager les votes en faveur des démocrates. Quels enjeux ? Les États-Unis sont un régime présidentiel, ce qui signifie que la séparation des pouvoirs est assez stricte entre les différentes institutions. Le Président possède le pouvoir exécutif (exécution des lois), la Chambre des Représentants et le Sénat détiennent le pouvoir législatif (élaboration des lois) et les juges de la Cour suprême sont en charge du pouvoir judiciaire leur permettant de vérifier la constitutionnalité des lois. Ces élections sont donc l’opportunité pour les deux partis de conserver ou de s’emparer du pouvoir législatif et donc d’aider Joe Biden dans sa politique pour le Parti Démocrate ou au contraire de la bloquer pour le Parti Républicain. Avoir la majorité au Congrès (nom donné en l’ensemble des deux chambres réunies) permet donc de faire passer ou de bloquer les lois, d’approuver ou non le budget et surtout d’engager une procédure d’Impeachment permettant de destituer le Président. Mais ces élections sont également l’opportunité pour les deux partis d’avoir une influence sur la nomination des juges siégeant à la Cour suprême. En effet, ceux-ci sont nommés à vie par le Président, mais doivent être confirmés par la majorité absolue du Sénat. Ce contrôle de la Cour suprême, majoritairement républicaine pour le moment, permet aux partis de peser sur l’interprétation de la constitution, et ce sur une question en particulier qui divise les Américains, celle du droit à l’avortement. Le 24 juin 2022, la Cour suprême avait fait polémique en abrogeant l'arrêt Roe v. Wade qui autorisait l’avortement dans l’ensemble du pays. Cette abrogation a donc pour conséquence de laisser à chaque État le choix de légaliser ou non l’avortement. Depuis cette abrogation, ce ne sont pas moins de 25 États qui ont d’ores et déjà décidé de restreindre ou d’interdire l’avortement (en rouge ci-dessus) ou qui envisagent de le faire (orange). L'avortement n'est pas ou pas encore menacé dans la moitié du pays (vert). Décrocher la majorité au Sénat serait donc l’occasion pour Joe Biden de nommer à la Cour suprême des juges proches des idées démocrates, du moins si certains juges siégeant actuellement venaient à décéder dans les deux prochaines années, ceux-ci étant nommés à vie. Résultats des élections à la Chambre des Représentants Même si deux sièges doivent encore être attribués, les Républicains parviennent à décrocher la majorité à la Chambre des représentants. Loin de la vague rouge annoncée par les sondages, les Républicains pourront tout de même utiliser leur majorité pour bloquer les institutions du pays et entraver les lois de Joe Biden. Résultats des élections au Sénat Avec les deux Indépendants (gris clair) et la voix de la Présidente du Sénat, les Démocrates conservent leur majorité au Sénat. Le dernier siège à pourvoir (gris foncé) ne changera pas le résultat. En conservant cet avantage, les Démocrates pourront nommer les juges de la cour suprême pour les deux prochaines années en cas de poste vacant. S’il parvient à résister à l’avancée des Républicains, les deux prochaines années risquent d’être problématiques pour Joe Biden qui va devoir compter sur les députés de l’opposition pour faire passer ses lois. La course à la présidentielle s’annonce compliquée pour les Républicains qui clivent plus que jamais avec Donald Trump qui a déclaré sa candidature ce 15 novembre.
- Danemark : les visons mettent en danger le gouvernement
Le Premier Ministre danois Mette Frederiksen s'est vu obligée d'organiser des élections anticipées suite au scandale des visons au Danemark. Contexte des élections Durant la pandémie de Covid-19, la communauté scientifique a mis en garde le gouvernement d’une possible mutation du virus résistant aux vaccins et qui apparaîtrait dans les élevages de visons. La décision du gouvernement danois est sans appel et débouche sur l’euthanasie de plus de 15 millions de visons dans les élevages du pays, en 2020. En 2022, une commission parlementaire démontre que le gouvernement n’avait aucune base légale pour imposer cette décision aux éleveurs. Ce scandale juridique poussa le Parti Social Libéral a retiré son soutien au gouvernement qui décide alors de déclencher des élections anticipées. Partis en compétitions La politique danoise s’articule principalement autour de deux blocs : le bloc rouge rassemblant les partis de gauche et le bloc bleu composé des partis de droite. Si ces deux blocs rassemblent des partis ayant un socle idéologique ou programmatique commun, aucun contrat ne lie les partis entre eux. Ceux-ci sont donc parfaitement libres de participer à des coalitions avec les membres d’un autre bloc. Social-démocratie (SD) est le principal parti de gauche au Danemark et seul parti au gouvernement. Il se distingue de la plupart des partis socialistes européens par ses positions strictes sur la politique d'immigration. Le Parti populaire socialiste (SF) est écologiste et le féministe. Eurosceptique à l’origine, il change de ligne en 2005 pour défendre le traité de Rome. La Liste de l’Unité (Ø) est un parti de gauche radicale, voire extrême. Il est anticapitaliste, écologiste et critique envers l’UE. Le Parti social-libéral (B) est classé au centre gauche. En 2022, il retire son soutien au gouvernement suite à l’affaire des visons. L'Alternative (A) est un parti écologiste créé en 2013. Le parti est opposé au néo-libéralisme, est favorable à la semaine de 30 heures de travail, mais reste particulièrement libéral dans sa vision progressiste de la société axé sur les libertés individuelles. Venstre (V), appelé aussi Parti Libéral, est le principal parti de droite. Libéral et agrarien, son nom signifie La Gauche en danois, en raison de son positionnement politique lors de sa fondation en 1870 où il se situait à gauche sur l'échiquier politique face aux conservateurs. Le Parti populaire danois (DF) est un parti conservateur social. Classé au centre par les danois, les observateurs étrangers le placent souvent à droite ou à l’extrême droite en raison de son positionnement contre l'immigration. Mais la question migratoire est bien plus trans-partisane au Danemark qu'ailleurs en Europe. Le Parti populaire conservateur (C) est un parti de droite conservatrice. Son nom d’origine est Højre (Droite) en opposition à Venstre. Alliance Libérale (LA) est un parti de centre droit libéral, il a subi un revers électoral en 2019 en passant de 7,53% à 2,33%. Les Démocrates danois (AE) sont un nouveau parti créé en 2022 par Inger Stotjberg, une ancienne ministre membre de Venstre qui fut destituée pour avoir séparé les familles de migrants dans les centres d’accueil. Il s’agit d’un parti principalement axé sur la lutte contre l’immigration. La Nouvelle Droite (D) est un parti fondé en 2015 en concurrence au Parti populaire danois. Classé à la droite radicale voire extrême, il est opposé à l'immigration, au port du voile islamique. Il est nationaliste, conservateur et opposé aux politiques libérales de l'Union européenne. Hors blocs Les Modérés (M) sont un nouveau parti fondé par l’ancien Premier Ministre Lars Rasmussen, membre du Parti Libéral. Fondé en 2022, le parti est classé au centre avec une orientation libérale. Son objectif est de se positionner en parti pivot sans lequel aucun des deux blocs ne peut avoir la majorité. Résultats des élections législatives danoises de 2022 Alors que la course s’annonçait serrée entre les deux blocs, les partis de gauche parviennent à décrocher une majorité à un siège près (90/179). Les sociaux-démocrates qui semblaient stagner, voire baisser dans les sondages, parviennent à améliorer légèrement leur score en décrochant deux sièges de plus qu’en 2019. Toujours à gauche, le parti social libéral semble avoir payé sévèrement la chute du gouvernement et perd 9 sièges en passant de 8,62% à 3,79%. À droite le Parti Libéral souffre de la scission des Modérés et chute de 23,39% à 13,31% en perdant 20 sièges au passage. Le Parti populaire danois subit également un revers, en perdant 11 sièges et en passant de 8,73% à 2,63%, au profit des Nouveaux démocrates qui décrochent la cinquième place avec 8,08% des voix et 14 sièges. Les Modérés ont raté leur pari de devenir un parti pivot essentiel à la création d’un gouvernement, mais vu la très courte majorité du Bloc de gauche et les dissensions entre les sociaux-démocrates et le Parti social-libéral, le parti centriste pourrait jouer un rôle important dans la nouvelle législature en apportant son soutien ou non à la nouvelle majorité.