Législatives en Espagne : Le retour des partis traditionnels.
- Rudius Officiel
- 24 juil. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 24 juil. 2023
Alors que les observateurs pensaient voir arriver une coalition entre la droite l'extrême-droite, ce sont les partis traditionnels, PP et PSOE, qui sortent vainqueur des élections, mais sans majorité claire ni à droites ni à gauche.

De gauche à droite : Pedro Sánchez, Premier ministre sortant et Secrétaire général du PSOE / Alberto Núñez Feijóo, Président du Parti Populaire.
Contexte
Devant initialement se tenir le 10 décembre prochain, les élections législatives furent anticipées suite à la défaite des socialistes aux élections municipales du 28 mai dernier. Ces élections ont vu le Parti Socialiste (PSOE) perdre plus de 1.500 élus là où le Parti Populaire en gagna 3.500 et Vox plus de 1.100. Selon les observateurs, cette défaite est due à un abandon de l’électorat pour le parti de gauche radicale Podemos, alors en coalition avec les socialistes au gouvernement et dans la majorité des municipalités.
Le déclin de Podemos
Nouvel arrivant fracassant qui décroche 20% des voix en 2015 et 21% en 2016, Podemos est aujourd’hui dans la tourmente. Les raisons du déclin sont multiples avec des divergences politiques au sein du parti, une communication électorale insuffisante et surtout des résultats politiques décevants suite à participation de Podemos au gouvernement. [1] Avec une ligne fortement progressiste, le parti a adopté une loi contre les violences sexuelles (Loi dite « Seul un oui est un oui ») et une autre loi pour les personnes transgenres qui ont eu un effet désastreux sur l’électorat. Tout d’abord, les électeurs plus conservateurs se sont détournés de la gauche pour se rediriger vers le PP ou Vox, mais surtout, la conception de ses lois, tintées d’amateurisme, a parfois eu des effets contre-productifs. Pour exemple, la loi sur les violences sexuelles avait pour objectif d’introduire « l'obligation d'un consentement sexuel explicite ». Mais en simplifiant certains articles du Code pénal, la loi a eu pour effet de diminuer les peines d’environ un millier de condamnés. [2] Un amateurisme qui ne sera pas pardonné dans les urnes.
Suite à la sa défaite aux municipales, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez annonce la dissolution des Cortes Generales (Parlement espagnol composé du Congrès des députés et du Sénat) et la tenue anticipée des élections législatives.
Les principaux acteurs politiques
Logos | Partis |
![]() | Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) |
![]() | Parti Populaire (PP) |
![]() | Vox |
![]() | Sumar |
Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE)
Fondé en 1879, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) est l’un des plus anciens partis sociaux-démocrates d’Europe. Après avoir décroché plus de 48% des suffrages en 1982, le parti souffre du déclin progressif propre à la famille socialiste en Europe et chute jusqu’à 22% en 2015 et 2016. Il connaît depuis une remontée et fini à 28% lors des dernières élections de novembre 2019.
Parti Populaire (PP)
Le Parti Populaire (PP) est le deuxième plus grand parti d’Espagne. Classé au centre-droit voire à droite avec une orientation principalement conservatrice, le parti regroupe également des tendances démocrates chrétiennes et libérales. Atteignant les 44% en 2011, le PP connaît également un déclin depuis, descendant jusqu’à 16% en avril 2019. Il remontera à 20% en novembre de la même année.
Vox
Fondé en 2013, Vox est un parti classé à droite voire à l’extrême-droite en fonction des observateurs. Libéral sur le plan économique, le parti défend des positions réactionnaires sur le plan sociétal, notamment sur l’avortement. En janvier dernier, le vice-président de la communauté autonome de Castille-et-León, affilié à Vox, proposait l’obligation pour les femmes d’écouter le cœur du fœtus avant de se faire avorter et de les rediriger vers des services de santé mentale. [3] Le parti connaît une forte ascension avec les élections d’avril et novembre 2019 où il obtient respectivement, 10,26% et 15% des voix.
Sumar
Sumar est une coalition de gauche radicale rassemblant différents partis socialistes, écologistes, féministes, voire communistes pour certains. La coalition fut rejointe par Podemos après sa défaite aux élections communales de mai dernier.
Résultats des élections législatives espagnoles [4]

Répartition des sièges

Le Parti Populaire sort grand vainqueur des élections et progresse de plus de 12 points de pourcent par rapport à 2019, en passant de 21% à 33%.
Si Vox parvient à se hisser à la troisième place, il est cependant en net recul par rapport à 2019 avec 2,69 points de pourcent de moins. Alors que certains observateurs politiques prédisaient un futur gouvernement d’union des droites, celui-ci semble aujourd’hui impossible, Vox et le PP ne récoltant que 169 sièges au total.
Si les Socialistes et Sumar n’ont, quant à eux, que 153 sièges sur les 175 nécessaires pour avoir la majorité, une alliance avec les autres petits partis rend possible la formation d'une coalition gouvernementale. Les petits partis tels la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) ou Junts étant particulièrement hostiles au PP et à Vox.
Une alliance de ces petits partis avec la droite semble donc peu probable, quoique pas impossible.
En cas d’échec d'une formation gouvernementale, de nouvelles élections seront probablement programmées.
Notes
[1] KARSENTI Mathilde, « Élections en Espagne : pourquoi les libéraux de Ciudadanos et les progressistes de Podemos ont disparu », Marianne, Article en ligne publié le 29 mai 2023, Consulté le 19 juillet 2023, <https://www.marianne.net/monde/europe/elections-locales-en-espagne-pourquoi-ciudadanos-et-podemos-se-sont-effondres>.
[2] N.J. & AFP « L’Espagne rétropédale et modifie une loi controversée sur les violences sexuelles », Le Point, Article en ligne publié le 26 avril 2023, Consulté le 19 juillet 2023, <https://www.lepoint.fr/monde/l-espagne-retropedale-et-modifie-une-loi-controversee-sur-les-violences-sexuelles-26-04-2023-2517965_24.php>.
[3] FRANCE INTER, « En Espagne, l'extrême droite fait ressurgir le débat sur l'avortement », France Inter, Article en ligne, Publié le 25 janvier 2023, Consulté le 19 juillet 2023, <https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/sous-les-radars/le-bruit-du-monde-sous-les-radars-du-mercredi-25-janvier-2023-5937864>.
[4] ELECCIONES GENERALES 23J, « Resultados congreso », Consulté le 24 juillet 2023, <https://resultados.generales23j.es/es/inicio/0>.
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