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Qu'est-ce qu'une démocratie populaire ?

  • Photo du rédacteur: Rudius Officiel
    Rudius Officiel
  • 19 sept. 2022
  • 6 min de lecture

Dernière mise à jour : 24 déc. 2022

Pourquoi appelle-t-on les dictatures communistes des démocraties populaires? De Lénine à Kim Jong-Un en passant par Staline, Mao et Fidel Castro, tous ont tenté d'établir un nouveau régime de référence, plus juste, plus égalitaire et meilleur que les démocraties occidentales. Si la réalité est bien moins glorieuse que la théorie, replongeons-nous un instant dans ce que devaient-être ces régimes communistes et dans leur vision d'une démocratie nouvelle, une démocratie populaire.


Table des matières


Introduction

Peut-on avoir une démocratie sans liberté ? Lors de notre précédente vidéo nous avions vu qu’il existait une relation étroite entre ces deux notions et qu’une démocratie nécessitait au moins la garantie des libertés politiques, d’opinion et d’expression. Pourtant au cours du XXème siècle est apparu un régime concurrent à la démocratie libérale, un régime se voulant plus juste, plus égalitaire et supérieur aux pays occidentaux, c’est celui de la démocratie populaire.

Les démocraties populaires c’est le nom donné aux régimes communistes qui ont commencés à émerger au XXème siècle. Il y eut tout d’abord la Russie en 1917 avec l’arrivée au pouvoir des bolchéviques, suivie de la Mongolie et de la Chine pour, après la seconde guerre mondiale, s’étendre en Europe de l’Est et centrale jusqu’en Allemagne, en Asie, en Afrique et même jusqu’en Amérique avec Cuba. Et si tous ces régimes ont en commun une idéologie communiste, ils ont aussi tous la particularité de contenir dans leur nom officiel au moins un de ces trois mots : république, démocratique et populaire. Aujourd’hui, sur la trentaine d’États communistes existant dans l’histoire, il n’en reste que cinq mais ils portent encore tous dans leur nom l’un de ces termes. Et vous l’aurez compris, celui qui va nous intéresser ici est celui de démocratie.

Ces pays sont pourtant des régimes autoritaires car il ne suffit pas d’appeler un régime politique une démocratie pour qu’il en soit une. Ce sont des régimes où la presse est contrôlée, où il existe une police politique, les élections ne sont pas libres et justes étant donné qu’il n’y a qu’un seul et unique parti dans le pays, bref il n’y a rien d’étonnant à ce que ces pays soient appelés, non pas démocratie par l’occident, mais dictatures communistes.

Et quand on a le mot démocratie dans le nom de son régime, ça ne doit pas être seulement là pour faire joli, il faut une raison à sa présence, il faut que les citoyens de ces pays ne soit non pas convaincu de vivre dans une démocratie, mais puisse au moins comprendre la vision démocratique de leur État. Et c’est cette vision que nous allons essayer de comprendre dans cette vidéo.


La démocratie et les communistes

Les communistes se sont toujours montrés particulièrement critique envers la démocratie et ce depuis Karl Marx. Le philosophe voyait dans les régimes occidentaux des démocraties de façade dans lesquelles les différents partis en compétitions servaient le jeu de la bourgeoisie et défendaient l’intérêt de la classe dominante.

Au début du XXème siècle, Lénine tiendra le même discours pour défendre son nouveau régime communiste qu’il vient d’installer en Russie. Il écrira que « […] dans aucun pays civilisé, dans aucun pays capitaliste, il n'existe de démocratie en général : il n'y a que la démocratie bourgeoise » cette dernière laissant « la classe ouvrière à la merci de la bourgeoisie ». [1]

À la démocratie, Lénine lui préférera un régime se basant sur les ouvriers expulsant la classe bourgeoise, un régime basé sur « l'égalité de tous les citoyens, indépendamment du sexe, de la religion, de la race, de la nationalité ».

C’est avec Staline que le terme de démocratie populaire se propage pour améliorer l’image des régimes communistes dans les pays de l’ouest, cette expression étant plus consensuelle que celle de dictature prolétarienne.

C’est l’heure de se faire l’avocat du diable aujourd’hui, ou en tous cas de Staline, et essayer de voir quelle est la vision démocratique de ces régimes communistes .

On l’a vu dans la vidéo précédente, les démocraties libérales se basent sur la garantie des libertés. Liberté de la presse, liberté d’opinion, de paroles, d’association, des élections, tout ça est assuré, plus ou moins efficacement, par les régimes occidentaux. Dans le Bloc de l’Est c’est nettement différent, la liberté n’est pas vue que comme étant la valeur la plus importante, on lui préfère le principe d’égalité . Et c’est par cette valeur que devra être organisé toute la société. Ainsi tous les citoyens sont censés être égaux devant la loi et en droit, et ce qu’importe leur sexe ou leurs origines.

Sur ce point, l’URSS a été un pays précurseur en matière de droit des femmes. Dès la révolution d’octobre 1917 on proclame le droit de vote pour les femmes, ainsi que le droit de divorcer et même celui d’avorter. Le pays sera aussi le premier à installer une femme au gouvernement avec Alexandra Kollontaï qui sera nommée Commissaire du peuple à l’Assistance Publique. [2]

L’égalité la plus connue des États communistes est celle des conditions de vie et des opportunités qui consiste à offrir les mêmes chances de succès dans la vie à tous les citoyens et cela peu importe leurs origines où leur milieu et qui cherche également à accorder à tout le monde le même niveau de vie, empêchant ainsi tout fossé entre les riches et les pauvres.

Enfin, la dernière égalité consiste en l’égalité démocratique pour laquelle chaque citoyen a droit à un vote. Ce dernier point peut paraitre assez étrange pour des régimes ayant établit le parti unique. Nous l’avons dit, pour les États communistes, le parlementarisme et le multipartisme ne sont qu’une façade utilisée par les pays capitalistes pour faire croire au peuple qu’il a le choix entre différentes formations politiques alors que ces partis servent tous l’idéologie capitaliste. Les démocraties populaires vont alors lui préférer le système de parti unique qui régira la vie politique et assurera l’idéologie communiste. En Russie soviétique, ce système de parti unique était organisé sur une structure fédérale, c’est-à-dire à plusieurs niveaux avec tout en bas les sections locales créées dans les usines ou les coopératives de travailleurs qui élisaient un organe de direction, ces sections s’organisaient ensuite au niveau des différentes villes pour ensuite remonter progressivement vers les oblasts (qui sont un équivalent des régions) et vers les différentes républiques qui composaient l’URSS. Enfin, tout en haut de la pyramide on trouvera Comité central du Parti Communiste de l’Union Soviétique. Toute cette organisation aura parmi ses objectifs d’assurer les différentes formes d’égalité. C’est également pour cette raison qu’il sera très rare de trouver des organisations syndicales dans les démocraties populaires, car c’est au parti communiste qu’appartient le rôle de défendre l’intérêt des travailleurs et ceux-ci n’ont d’autres choix que de faire confiance au parti.


Conclusion

Tout ce qui est dit ici relève de la théorie ; c’est ainsi qu’était censé fonctionner une démocratie populaire. Mais quand on regarde dans les faits, ces égalités étaient loin d’être parfaitement respectée. Pour exemple, dans la quasi-totalité des pays communistes se sont développé des castes d’élites. En Russie, on lui donna le nom de Nomenklatura. Cette nouvelle classe sociale, composée de toutes les personnalités les plus influentes du parti, vivait dans des conditions bien supérieures à celles de leurs concitoyens, ils bénéficiaient d’une sécurité matérielle, de logements privilégiés et d’une certaine sécurité politique diminuant leur risque d’être arrêté par la police politique du parti. Pour paraphraser Orwell dans « La ferme des animaux » : tous les communistes sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autre.

C’est donc une conception radicalement différente de la démocratie qu’on défendu les régimes communistes qui, rappelons-le, demeurent des régimes autoritaires dans les faits.

Si ce sujet vous intéresse, on vous conseille l’ouvrage « De la démocratie socialiste » de Roy Medvedev qui fut l’un des premiers à analyser le régime soviétique de l’intérieur.


Sources

[1] LÉNINE, « Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne », 4 mars 1919.

[2] LEBEDEV Anna, « Femmes en Russie : une inégalité qui ne dit pas son nom », Après-demain, vol. 2,nf, no. 2, 2007. <https://doi.org/10.3917/apdem.002.0005>



Bibliographie

LEBEDEV Anna, « Femmes en Russie : une inégalité qui ne dit pas son nom », Après-demain, vol. 2,nf, no. 2, 2007. <https://doi.org/10.3917/apdem.002.0005>

LÉNINE, « Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature prolétarienne », 4 mars 1919

MEDVEDEV Roy, « De la démocratie socialiste », Éditions Grasset, 1972, Paris.


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