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Macron et le débat présidentiel : Doit-il y participer? - Objectif Élysée 2022 #4

  • Photo du rédacteur: Rudius Officiel
    Rudius Officiel
  • 14 févr. 2022
  • 5 min de lecture

Alors que l'on entre enfin dans la campagne présidentielle, une nouvelle question arrive sur la table: doit-on ré-organiser un débat avant le premier tour? Tous les candidats sont partant sauf un qui doute encore, le président sortant Emmanuel Macron. Doit-il y participer? Ce débat est-il légitime? Macron va-t-il prendre ce risque?

À moins de deux mois du premier tour, on commence enfin à rentrer doucement dans la campagne présidentielle. La liste des participants se clarifie, les programmes paressent progressivement et les meetings se multiplient avec certains grands succès et d’autres un peu moins réussi.


L’heure est bientôt également celle des débats ! On se souvient il y a 5ans des deux évènements remarqués rassemblant pour l’un les 5 principaux candidats et pour l’autre les 11 au complet. Ce fut alors un tournant dans la campagne qui permis de voir ce que les participants valaient entre eux, comment ils pouvaient confrontés leurs idées et ce fut bien également l’occasion pour certains de se démarquer avec quelques phrases bien placées.


On vit l’efficacité de ces débats sur les intentions de votes avec des changements majeurs par exemple pour Mélenchon qui passera devant Benoît Hamon.

Cette année le sujet revient sur la table et tous les candidats semblent partant pour participer à cet événement médiatique, tous sauf un qui se tâte, celui dont tous les candidats veulent la fonction, le Président actuel, Emmanuel Macron.

Après avoir fait comprendre qu’il ne désirait pas y participer, il revient sur sa décision et dit n’accepter uniquement le débat qu’avec les principaux candidats sans ceux qu’on appelle « les petits ». Aurait-il raison d’y aller ou pas ? Est-ce de la stratégie bien pensée ou de la lâcheté ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre dans cette vidéo.

En réalité Macron a toutes les raisons de ne pas participer à ces débats. Aujourd’hui on dit que ce serait un scandale et un déni de démocratie, mais il n’y a en fait en France aucune tradition de débat de premier tour. Les débats présidentiels sont apparus en 1974 avec celui opposant Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand. Depuis cette présidentielle, les seuls débats qui étaient organisés entre les candidats avaient lieu uniquement dans l’entre-deux tours avec les deux finalistes. Il y avait bien évidemment des débats qui étaient organisés avant le premier tour de l’élection, mais ceux-ci avaient lieux face à des journalistes, face à des experts ou face à un représentant d’un autre candidat, mais jamais entre les candidats eux-mêmes.

Il n’y a que pour l’élection de 2017 que sera organisé ce nouvel événement médiatique rassemblant la totalité des candidats à la présidentielle. L’une des raisons de cette exception est qu’il s’agissait d’une élection où le président sortant ne se représentait pas.

On le sait, le Président en France a un statut particulier de par sa fonction quasi-monarchique et ce statut le met en position de force par rapport à ses concurrents. Accepter un débat l’opposant à l’ensemble des candidats reviendrait à leurs accorder un statut égal au sien. Et s’il est compréhensible de penser qu’une fois qu’un président veut renouveler son mandat, il devient en partie un candidat comme les autres, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas comme les autres. Il occupe la fonction, les responsabilités et il représente qu’on le veuille ou non la République.

Le seul moment où il est compliqué pour le président sortant de refuser le débat est après le premier tour de l’élection où il se retrouve face à son seul opposant. Et là encore, il utilisera toujours son titre et son expérience pour rabaisser son adversaire.


Si Macron accepte un débat à 5 ou avec tous les candidats, il leur donnerait donc à tous le statut de présidentiable, ce qui stratégiquement lui serait nuisible. De plus ce serait pour lui une épreuve particulièrement difficile car nul doute qu’il sera la cible privilégiée de tous ses adversaires. Déjà en 2017, alors qu’il était en tête dans les sondages, il fut la principale cible des autres candidats.


Il s’en était assez bien sorti, mais nul doute que si le débat devait à nouveau avoir lieu aujourd’hui, les attaques seraient encore plus nombreuses et acerbes. Si Macron les contre bien, et parvient à se positionner au-dessus du débat, il en ressortirait grandit et conforté dans ses intentions de vote, mais ça resterait particulièrement risqué pour lui de participer à un débat où il serait la cible principale de tous les participants.

Cependant, il est plus que probable que Macron participera malgré tout à un débat avec les autres candidats. S’il se situe pour l’instant en tête de tous les sondages avec une avance confortable, ses intentions de votes risquent de chuter une fois qu’il entrera véritablement en campagne, et qu’il sera obligé de défendre son bilan et son programme. S’il reste trop longtemps à distance de la campagne, celle-ci se fera sans lui et risquera de privilégier ses adversaires. C’est ce qu’il s’était passé dans une certaine mesure pour Charles De Gaulle en 1965 alors qu’il était certain de remporter l’élection dès le premier tour, le général n’avait pas souhaité utiliser son temps de parole dans les médias. Il fut alors surpris lors des résultats du premier tour de voir qu’il avait été mis en ballotage avec François Mitterrand et fut alors obligé de rattraper la situation en accordant plusieurs interviews dans l’entre-deux tours pour assurer sa victoire.

Alors bien évidemment Macron utilisera l’intégralité de son temps de parole de candidat auquel il pourra ajouter sa parole officielle de Président et celle de son gouvernement qui ne sont pas comptabiliser. Mais s’il persiste à vouloir rester en dehors du débat public, celui-ci se fera contre lui et impactera ses intentions de votes. Bien sûr l’idéal pour Macron serait d’envoyer au débat un représentant qui serait probablement le président de La République En Marche, Christophe Castaner, mais il y a fort à parier que les autres candidats n’accepteraient pas un débat dans ses conditions. De plus la majorité des Français veulent qu’Emmanuel Macron participe en personne à ce débat.

Macron se retrouve donc dans un choix difficile qui sera dans tous les cas à double tranchant pour lui : participer et se faire assaillir ou rester à distance et en subir les conséquences. La meilleure option est sans doute d’accepter un débat en comité restreint si l’on puit dire, avec les principaux candidats, mais dans ce cas le plus difficile sera de sélectionner ses candidats. Si l’on fait comme en 2017 et que l’on invite que les candidats au-dessus de 10% dans les sondages, on se retrouvera avec un seul candidat de gauche, s’il ne baisse pas d’ici-là. Et si l’on élargit la sélection, on se retrouvera très vite avec 7 ou 10 candidats dont le plus grand dilemme sera de savoir s’il on privilégie Jean Lassalle à Anne Hidalgo.


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