
Résultats de recherche
58 résultats trouvés avec une recherche vide
- Macron et Le Pen une nouvelle fois face à face
Résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle française. C’est une nouvelle fois un second tour Macron / Le Pen que les Français ont choisi. Avec 28%, Macron dépasse sa base de 2017. Il en est de même pour Marine Le Pen l’élargie avec également 23,3% soit 2-3 points de plus qu’il y a 5 ans et ce malgré la candidature d’Éric Zemmour qui faisait pour certains doublons dans le camp national. Jean-Luc Mélenchon remporte la 3ème place avec 20%, c’est donc une place de plus qu’en 2017 avec plus ou moins le même score (19,58%). Le candidat insoumis malgré une nette progression depuis ses dernières n’est finalement pas parvenu à convaincre suffisamment et à dépasser sa base électorale. À droite, Éric Zemmour obtient un faible score (7%), moins des deux chiffres espérés mais il réussit l'objectif de surpasser Valérie Pécresse qui semble être à 5%. Il s’agit d’une chute sévère pour les deux adversaires qui avait été donnés chacun à 16-18% au début de cette campagne. Yannick Jadot n'a pas réussi l’objectif de faire le meilleur score d’un écologiste à la présidentielle (le record étant toujours détenu par Noël Mamère qui avait récolté 5,25% des voix). De plus, il est loin derrière les 13,48% des élections européennes de 2019. Fabien Roussel peine à faire revivre le PCF qui ne s’était plus présenté depuis 2007 où il avait fait 1,93%. Reste à savoir si sa nouvelle ligne demeurera la ligne politique officielle de son parti après cette élection. Quant à Hidalgo, il semblerait qu’il n’y ait aucune surprise. Le PS n’a jamais fait un score aussi bas de son histoire. Les socialistes se trouvent derrière Jean Lassalle, le PCF, et Nicolas Dupont-Aignan. Avec 26,5% l'abstention est la deuxième plus élevée de l'histoire de la Cinquième République après 2002 où elle avait atteint les 28,4%. Le taux le plus bas était en 1965 avec 15,25%.
- Analyse des affiches de campagnes
Une élection peu inventive, mais avec quelques bonnes surprises Souvent jugées désuètes, voire obsolètes, les affiches politiques continuent de jouer un rôle important dans une campagne électorale, étant le dernier élément de communication que les électeurs voient des candidats avant d'entrer dans l'isoloir. Les affiches doivent être porteuses d'un imaginaire politique, refléter justement la vision du candidat et convaincre en une seule image les électeurs de voter pour eux. C'est donc un exercice compliqué, qui ne remplis que très rarement les attentes. 🌻 Yannick Jadot (Europe Écologie Les Verts) C’est une affiche sobre et pourtant réfléchie que nous propose le candidat écologiste. Yannick Jadot se tient le visage tourné vers la droite de l’affiche, symbolisant en langage graphique l’avenir. Avec son regard porté au loin, le candidat veut montrer sa lucidité et sa préparation face à l’avenir. Son slogan, « Faire face » est en phase avec ses idées politiques. Yannick Jadot veut montrer qu’il est prêt à assumer les défis de notre temps avec en particulier celui du réchauffement climatique et de la transition écologique. L’arrière-plan de couleur verte permet aux électeurs qui le connaîtraient le moins de rapidement identifier le parti écologiste du candidat. Bémol cependant, il donne un côté un peu trop partisan à l’affiche qui n’est pas sans rappeler les affiches de gauche radicale affichant un fond rouge comme ce fut le cas pour Mélenchon en 2012 (voir plus bas). Pour EELV souvent accusé d’être un parti de citadins (comme le montre leur sociologie électorale) faisant de l’écologie des villes sans connaître la nature de la campagne, il n’aurait pas été inutile de faire se tenir leur candidat devant un des nombreux paysages naturels français l’ancrant ainsi dans un écologisme plus large, soucieux de la ruralité, des forêts, de l’agriculture et ainsi dépasser son socle électoral se limitant aux villes et aux universités. 🇫🇷 Éric Zemmour (Reconquête) C’est une posture franche qu’adopte Zemmour sur cette affiche. Proche de l’objectif, les yeux dans les yeux, le candidat montre sa volonté d’être à proximité de l’électeur et d’être franc avec lui, se mettant en phase avec son discours disant qu’il ne « trahirait pas les Français ». Son slogan « Pour que la France reste la France » a le mérite d’être clair et d’impacter immédiatement les électeurs touchés par la thématique civilisationnelle portée par le candidat. Il remplace ainsi son premier slogan « Impossible n’est pas français », citation de Napoléon qui, bien que très belle et inspirante, avait le défaut de porter une double négation ne donnant pas un imaginaire positif du programme (photo 2). Par exagération, autant dire « c’est foutu, mais on tente quand même ». A contrario, l’ancienne affiche donnait un cachet plus naturel au candidat, là où l’affiche officielle (photo 1) semble plus artificielle. Le flou accentué autour du candidat a pour objectif de mettre son visage et particulièrement ses yeux en valeurs et de donner un sentiment de sincérité du candidat, cependant il provoque également un certain malaise pour celui qui s’attarde trop longtemps sur la photo et le sourire plus naturel et franc de la première affiche aurait dû être conservé. Le bleu de la veste et de la cravate rattache le candidat à la droite en plus de donner un côté officiel, passe partout (la couleur typique des costumes et cravates des politiques étant le bleu). L’arrière-plan du jardin (même s’il est fortement flouté ici) est également typique des candidats de droites et est également utilisé par Valérie Pécresse aujourd’hui ou François Fillon en 2017. Ce choix de décor est assez dommage, d’une part parce qu’il est vu et revu et, d’autre part, car Éric Zemmour aurait pu faire transparaître sa vision de la France par un décor typiquement français tel un petit village de campagne comme le fera Dupont Aignan. ⭐ Fabien Roussel (Parti Communiste Français) C’est une rupture totale avec la communication traditionnelle communiste que nous offre Fabien Roussel. Après 15ans d’absence à l’élection présidentielle, le PCF fait peau neuve. Fini la couleur rouge, l’imaginaire prolétaire et le marteau et la faucille. Le rouge est remplacé par le mauve et le rose, le marteau et la faucille disparus de la charte graphique du PCF depuis 2013 sont remplacés par l’étoile ornée d’un bourgeon/ d’une feuille en 2018. Pour la photo, le candidat se présente de face, buste légèrement tourné vers la droite, avec son col ouvert ayant laissé tomber la cravate souvent jugée trop conventionnelle, à gauche, comme un symbole de « l’establishment », de l’élite. Et c’est avec Fabien Roussel que Photoshop fait sa plus grande percée dans cette campagne. Si la plupart des candidats sont retouchés sur les affiches pour atténuer les impuretés de la peau ou pour faire ressortir le regard, il a été utilisé ici sans modération sur le candidat communiste lui lissant sa peau et augmentant la luminosité au point qu’il frôle la limite avec le design d’un jeu vidéo. L’arrière-plan coloré, s’il a le mérite de faire ressortir le candidat et de focaliser l’attention de l’observateur sur les autres éléments de l’affiche, donne un côté vieilli sorti des années 90-2000. Son slogan de campagne « La France des jours heureux » est une référence au nom du programme du Conseil national de la Résistance de 1944. Ce programme contenait une certaine quantité de mesures sociales visant à augmenter les salaires, à nationaliser certaines entreprises et à établir la sécurité sociale. Ce slogan avait été également utilisé par Mélenchon en 2017 qui à la fin de ses spots de campagne disait « Viennent les jours heureux et le goût du bonheur ». C’est une devise en phase avec le discours politique de Fabien Roussel désirant établir des réformes « heureuses » après une période d’austérité. 🔵 Valérie Pécresse (Les Républicains) Une certaine déception pour cette affiche de campagne dont il faut admettre qu’il n’y a pas grand-chose à dire. Valérie Pécresse a opté pour une communication typique d’une candidate de droite, sans prise de risque donnant donc une certaine fadeur à cette affiche. La candidate est présente dans un plan taille, vêtue d’une veste de costume typique des femmes politiques. L’arrière-plan d’un jardin flouté est également caractéristique du candidat de droite présidentiable comme le montre l’affiche de François Fillon en 2017 (photo 2). Son slogan « Le courage de faire » est lui aussi assez plat tant il peut être appliqué à n’importe quel candidat. De plus, il ne reflète en rien le programme ou la vision que défend Valérie Pécresse. Le courage de faire, pourquoi pas, mais faire quoi ? Le nom ou le logo du parti Les Républicains n’apparait nulle part sur l’affiche comme cela peut se faire parfois pour les candidats déjà connus voulant se présenter non pas comme le candidat d’un parti, mais celui de tous les Français. C’est donc une affiche particulièrement décevante dont rien ne transparait, ni la personnalité de la candidate, ni son programme, ni sa vision de la France. 🌹 Anne Hidalgo (Parti Socialiste) Sur son affiche, la candidate apparaît souriante, décontractée, vêtue d’un simple chemisier blanc. Le blanc est ce qui ressort le plus de cette photo, cette couleur possède un fort capital symbolique allant avec la pureté et l’honnêteté. Cette couleur fut déjà utilisée chez Benoît Hamon en 2017 (photo 2). Mais ici le blanc est beaucoup trop présent au point que l’on pourrait croire à une publicité pour de la lessive. Le slogan « Ensemble changeons d’avenir » se veut un message optimiste face aux défis de notre temps comme le réchauffement climatique, la crise sociale voire la guerre en Ukraine. Son slogan reprend tous les mots clés de la gauche avec ce symbole du collectif du mot « Ensemble », la volonté de changement et la projection vers un futur meilleur. Une communication typique des socialistes, mais qui est donc vue, revue et re-revue. Hidalgo aurait dû se démarquer de son parti, comme elle aurait dû se démarquer dans cette campagne en proposant un thème ou une proposition qui marque et qui fait parler d’elle. Ségolène Royale en 2007 s’était faite remarquer en s’emparant du thème de la sécurité, Hamon, lui, avait suscité le débat avec sa proposition de revenu universel en 2017, mais pour Hidalgo on peine à se souvenir d’une mesure phare de la candidate, si ce n’est son doublement du salaire des professeurs qu’elle avait proposé en début de campagne avant de vite revenir en arrière. La couleur de la police interpelle avec ce dégradé corail, de l’orange au rose, tant elle rompt avec le style habituel, peut-être la seule prise de risque de l’affiche, mais qui, il faut bien l’admettre, n’apporte pas grand-chose. L’arrière-plan flouté, blanc également, laisse imaginer une fenêtre ouvrant sur un jardin donnant une touche de vert à l’affiche. La fenêtre reflète également la symbolique du futur, une fenêtre ouverte vers un avenir qui se veut radieux. 🔵 J-8 : Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) Le candidat se présente le sourire bloqué aux lèvres en tenue classique de l’homme politique : chemise blanche, veste bleue, cravate bleue. Avec ce look dénote l’arrière-plan choisi, un village de campagne idéalisé avec ses champs, son clocher d’église, ses petits oiseaux… Son slogan « Choisir la liberté » est en accord avec ses nombreuses prises de position durant la crise sanitaire pendant laquelle NDA s’était opposé aux différents pass-sanitaire/vaccinal et aux confinements. Si la formule en soi est un peu bateau et ne dit pas grand-chose, elle est déjà meilleure que ses précédentes, en particulier celle de 2012 où le candidat se voyait un peu trop en De Gaulle avec « La France libre » (photo 3). En 2007, son slogan « Français, reprenez le pouvoir » était particulièrement bon et c’est ce type de phrase-choc qui donne l’impression d’un pouvoir perdu qu’il faut retrouver qui jouera, sur un autre plan de comparaison, dans le référendum du Brexit en 2015 avec le fameux « Take back control » (photo 4). Pour revenir à 2022, il y a quelque chose de surfait dans cette image, si tous les éléments pris à part sont acceptables, mis ensemble ils ne collent pas. Le candidat est mal incrusté sur le paysage avec une tenue qui ne convient pas, donnant l’impression d’un citadin parachuté dans une campagne trop idyllique. Le slogan, déjà creux à l’origine, perd le peu de substance qu’il avait une fois mis sur cette affiche. Quel rapport entre la liberté et le village de campagne ? Quand Mitterrand avait fait cette fameuse affiche en 1981 (photo 5), tout semblait naturel et cohérent, le costume gris allait avec le ton du village, la campagne n’était pas photoshopée sans modération et le slogan « La Force tranquille » fonctionnait avec le calme de l’affiche et la sérénité du candidat. Avec 4 élections présidentielles à son actif, on aurait pu penser que NDA finirait par faire une affiche de qualité, mais il faut bien admettre qu’elle est assez décevante. 🇫🇷 Marine Le Pen (Rassemblement National) Une affiche intimiste que nous propose comme toujours Marine Le Pen. La candidate se présente légèrement penchée vers l’avant, les lèvres souriantes, regardant droit dans les yeux l’électeur. Cette attitude est fort similaire à son affiche du 1er tour de 2017 (photo 2) et celle de 2012 (photo 4), où la candidate se donne un côté décontracté et amical, mais moins féminin que sur son affiche du second tour de 2017 (photo 3). La couleur bleu marine est omniprésente que ce soit sur l’arrière-plan ou sur la veste de costume en référence évidemment au prénom de la candidate. Comme d’habitude également, le nom Le Pen, celui du Rassemblement National et la flamme tricolore (logo du parti) n’apparaissent nulle part. Dans cette volonté de dédiabolisation, on efface les éléments pouvant rappeler le Front National de Jean-Marie Le Pen. De plus, Marine Le Pen est désormais assez connue pour se permettre de n’afficher que son prénom, renforçant le caractère intimiste et proche des Français qu’elle veut se donner. Le slogan « Femme d’État » est peu convaincant. Probablement utilisé pour tenter d’effacer l’image désastreuse qu’elle a donnée lors de son débat d’entre-deux tours, cette formule ne fait finalement que rappeler cet échec. De plus tous les candidats à la présidentielle sont censés être de potentiels Chefs d’État. Devoir dire ce qui est censé être une évidence en dit long sur le manque de confiance. L’ensemble des éléments donne l’impression d’une affiche de film qui reprend tous les codes cinématographiques. Rien n’est dit sur le programme, sur la vision politique et de la France de Marine Le Pen, ce qui n’aurait pas été du luxe étant donné ses fréquents changements programmatiques. Finalement, c’est une affiche à l’image de sa campagne : sans prise de risque. ☀️ Jean Lassalle (Résistons !) Enfin une affiche de qualité et pourtant tout en simplicité. Jean Lassalle se tient légèrement tourné vers la droite, mais regardant bien dans les yeux l’électeur avec le sourire serein. Vêtu d’un costume anthracite et d’une chemise bleu ciel, cette dernière met en valeur le candidat en apportant une touche de rappel avec l’arrière-plan naturel d’une campagne apaisante au ciel clair. Le slogan « La France authentique » est excellent tant ces simples mots portent tout le programme du Jean Lassalle défenseur de la ruralité, des campagnes, des territoires comme on dit actuellement, de cette France des paysans et des artisans qui ont fait la France, de cette France dont les problèmes restent les mêmes malgré les présidences, dont les principes restent les mêmes malgré les changements. On a beaucoup évolué depuis 2017, où l’affiche était certes sans fioriture, mais ne parlait pas suffisamment à l’électeur (photo 2). Cette affiche fonctionne, car comme le slogan, elle est authentique. Le sourire est sincère, le candidat n’a pas été photoshopé sur un paysage qu’il n’a jamais visité comme Dupont-Aignan (on le voit avec la lumière du soleil sur le candidat). Certains analystes en communication (JDD 30/03) ont regretté de ne pas voir « le berger » transparaître sur cette affiche, comme s’ils avaient espéré voir le candidat se présenter avec une tenue traditionnelle des Pyrénées et son bâton de berger et pourquoi pas avec un mouton au premier plan. Mais l’authenticité ce n’est pas la caricature, c’est le vrai. De plus, si Jean Lassalle s’était vraiment présenté en berger (ou en ce que ces gens s’imaginent être un berger), nul ne doute que ces mêmes communicants s’en seraient raillés. Cette affiche est probablement l’une des meilleures et se démarque de cette campagne présidentielle qui, il faut bien l’admettre, n’est pas de la meilleure qualité tant sur le fond proposé par les candidats que sur la forme. φ Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) Troisième campagne pour Mélenchon et c’est avec déception que l’on reçoit cette nouvelle affiche. Vêtu de son costume bleu habituel et de sa cravate rouge, Mélenchon au-devant d’un centre urbain, le regard porté au loin vers l’avenir avec un sourire qui semble forcé. La première affiche (2) de cette campagne a le mérite de nous montrer tout ce qui a été photoshopé. Le costume bleu a été assombri pour mieux ressortir avec l’arrière-plan grisâtre, le triangle rouge a été retiré pour éviter de paraître comme un candidat de gauche uniquement et le visage déjà affiné sur la première affiche a été encore retouché au point de donner une certaine impression de difformité dans le faciès du candidat. L’arrière-plan choisi est en accord avec l’électorat du candidat qui a une géographie électorale principalement centrée sur les grandes villes, mais il a donc le défaut de ne pas faire paraître Mélenchon comme le candidat de l’ensemble de la France. Le fond de la première affiche était plus fédérateur que celui du paysage urbain, mais la présence des drapeaux français le rendait non conforme au code électoral interdisant la figuration de l’emblème national sur les visuels de campagne (art.27). Son slogan « Un autre monde est possible », s’il apporte une pointe d’optimisme, demeure assez flou quant à ce que serait ce monde et n’en dit pas assez long sur le programme et la vision du candidat. De plus, il fut déjà utilisé par José Bové en 2007 avec « Un autre avenir est possible ». C’est une grande déception quand on compare à 2017 (3) où Mélenchon avait la meilleure affiche. Le slogan était parfait, tout comme l’arrière-plan de ciel de mer et la tenue du candidat qui le distinguait des autres. En 2012 (4), l’affiche collait également à l’image que voulait se donner Mélenchon à cette époque : celle du candidat de l’union de la gauche radicale. L’union populaire qu’il souhaite incarner aujourd’hui n’est pas du tout représentée sur son affiche. ☭ Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) Que de chemin parcouru depuis 2017 (photo 2). Il y a 5ans, Nathalie Arthaud nous avait proposé un visuel qui était plus proche d’un tract syndicaliste que d’une affiche électorale. Avec ce texte interminable, ce rouge uniforme omniprésent et cette photo sur laquelle elle ne portait pas ses lunettes, la candidate ne ressemblait pas assez à l’image qu’elle avait durant la campagne. Si cette affiche avait au moins le mérite de faire passer la cause défendue avant la personnalité de la candidate, elle n’était pas conforme à la nécessité communicationnelle d’une élection présidentielle censée être centrée sur une personnalité et non sur un parti. Il en était de même en 2012 (photo 3). En 2022, Nathalie Arthaud accepte les règles du jeu et se présente en grand sur l’affiche. Pour autant elle n’use d’aucune fioriture, la photo n’est pas retouchée et la présente au naturel. L’arrière-plan figurant probablement un stand de son parti lors d’une manifestation est davantage mis en valeur que chez les autres candidats. Et les éléments graphiques de son parti Lutte Ouvrière sont toujours mis en évidence avec la faucille et le marteau communiste et son slogan, toujours le même : « Le camp des travailleurs ». La candidate se présente volontairement comme la candidate d’une frange de la population et non de l’ensemble des Français. C’est donc une affiche typique d’une candidate trotskyste, aucun vrai changement depuis Arlette Laguiller si ce n’est une progressive acceptation des codes. 🟠 Emmanuel Macron (La République En Marche) Affiche intéressante qui nous est proposée. Emmanuel Macron est photographié de face, regardant droit dans les yeux les électeurs, un sourire discret aux lèvres donnant une impression de sincérité. La couleur du costume et de la cravate fait ressortir le regard. Le slogan choisi fut à l’origine « Emmanuel Macron avec vous » (2). Il fut rapidement changé pour devenir « Nous tous ». On observe également qu’à l’origine le cadrage choisi était plus large et fut resserré par la suite pour donner un sentiment de proximité. Ce qui aurait pu être une excellente affiche se heurte avec l’image perçue d’Emmanuel Macron. Tout dans l’affiche est fait pour donner l’image d’un candidat / président proche des Français, soucieux d’eux et prêt à avancer avec eux, or l’image qu’en ont les Français est toute autre. 64% le jugent autoritaire, 33% seulement pensent qu’il comprend leurs préoccupations (Harris Interactive 17/11), 75% le jugent comme n’étant « pas proche des gens » et 74% comme un « président des riches » (Odoxa 4-5/06/18). Il y a donc un décalage très net entre l’image voulue par le candidat et l’image perçue par les électeurs. Baser son affiche sur une image allant en contradiction avec celle qu’en ont les Français est contre-productif et peut au contraire accentuer le rejet. Emmanuel Macron aurait dû assumer son image (du moins en partie) et baser ses arguments communicationnels autour d’autres points comme l’autorité, la compétence ou la détermination. Il utilise en réalité les mêmes codes qu’en 2017 où le candidat se présentait soit entouré de militants (3), soit avec un slogan collectif pour le second tour (4). Mais un quinquennat est passé, son image a changé et la stratégie doit être adaptée. En voulant se baser sur des points tels que la compassion, la sympathie, le rassemblement ou la solidarité, comme il le fait sur cette affiche, il fait une faute élémentaire de communication qui peut coûter cher à son image. 📣 Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste) Dernière analyse d’affiche avant le 1er tour avec le second candidat trotskyste de cette élection. Philippe Poutou se tient de profil tourné vers la droite (toujours symbolique de l’avenir), chemise bleu clair ouverte, sans cravate, car vue comme un symbole d’appartenance à la bourgeoisie et à l’élite, casquette sur la tête et logo de son parti affiché sur sa poitrine. C’est donc une tenue typique de syndicaliste que nous propose le candidat allant de pair avec un arrière-plan reprenant les codes d’extrême gauche, avec le drapeau rouge, les manifestants et le filtre rouge par-dessus. Le slogan « Nos vies valent plus que leurs profits » est habituel du NPA et est ré-utilisé à chaque élection. À celui-ci s’en ajoute un autre « L’urgence anticapitaliste » qui a tout le défaut de ne convaincre que les convaincus. Mais rien d’étonnant à cela, car, Philippe Poutou ne se présente pas comme le candidat de tous les français. Il est là pour porter une voix idéologique sans pour autant vouloir convaincre le plus grand nombre. Son affiche de 2017 (2) était tout aussi sectaire, le candidat apparaissant au naturel, sans un costume de politicien, mais sans l’attirail du délégué syndical non plus. L’omniprésence de la couleur rouge, le logo et le nom de son parti mis en évidence rappellent à tous les électeurs le bord politique de Poutou. En 2012 (3), les mêmes codes étaient déjà présents, mais le slogan secondaire « Aux capitalistes de payer leurs crises ! » était bien plus parlant que celui de 2022 faisant référence à la crise économique que le monde traversait depuis 2008. L’affiche de Philippe Poutou est plus proche des codes communicationnels syndicalistes d’un appel à la manifestation que de ceux d’un candidat à la présidentielle. Mais comme pour Nathalie Arthaud, il n’y a rien d’étonnant à cela étant donné que les deux trotskystes ne sont finalement que les candidats de leurs propres militants.
- La gauche réfractaire : pour un retour aux fondamentaux
Notre avis sur le dernier livre de Michel Onfray et d'Éric Naulleau Le chroniqueur Éric Naulleau s’est allié le temps d’un livre au philosophe Michel Onfray pour coécrire cet ouvrage épistolaire au cours duquel ils font le diagnostic d’une gauche en perdition. Pour elle, ils ne manquent pas de mots : la gauche authentoc (s’opposant à l’authentique), la gauche succube, maastrichienne, wokiste, celle pour qui le ventre des femmes est à vendre au même titre que les bras d’un manutentionnaire, celle pour qui l’opprimé n’est plus l’ouvrier, mais la minorité. En d’autres termes, ils fustigent cette gauche qui s’est soumise au libéralisme qu’il soit économique ou culturel. À celle-ci, ils opposent la gauche authentique, leur gauche : la gauche républicaine faisant siens les principes de 1789, la gauche défendant les ouvriers, les plus démunis, la gauche du Peuple et non des individus, la gauche de la Nation et non du communautarisme. Un livre sans aucun doute utile et passionnant, se lisant d’une traite, avec néanmoins un défaut : nos deux compères passent peut-être plus de temps à dénoncer la gauche actuelle qu’à développer la leur. S’ils tentent d’élaborer « les chantiers de la gauche » avec des sujets tels que la police et l’islam républicain qu’il faut (re)penser et si l’on comprend d’où vient leur « gauche hugolienne », on a cependant du mal à voir où elle veut aller et comment elle pourrait parvenir à supplanter la gauche libérale qui domine aujourd’hui. D’autant plus qu’à l’optimisme de Naulleau se heurte le tragique d’Onfray qui voit arriver inéluctablement le transhumanisme qu’il considère comme la probable future civilisation dominante. Face à elle, le combat serait déjà perdu et il n’y a plus comme il le dit à « patienter dans les ruines ». C’est donc une lecture prenante et passionnante que nous offre ici Naulleau et Onfray et si le sujet et la question de la gauche actuelle vous intéressent alors n’hésitez pas à vous procurer ce livre !
- Tout ce qu'il faut savoir sur les sondages
Que ce soit pour les élections, pour les sujets de société voire même les sujets divers, les sondages sont utilisés tout le temps, partout, pour tout. Et malgré les critiques de plus en plus nombreuses, les sondages continuent d'occuper l'espace médiatique. Alors sont-ils vraiment fiables ou sont-ils truqués? Peut-on se fier à leurs résultats? Et, au fond, comment fonctionne un sondage? À chaque élection ils reviennent, toujours plus nombreux, toujours plus discutés, toujours plus critiqués, ils sont partout à la télé, dans les journaux, sur les réseaux sociaux... Il s’agit bien évidemment des sondages. Cette année on en est particulièrement abreuvé avec près d’une dizaine qui paraissent chaque semaine, et il est presque certains que cette année encore ils seront critiqués car la plupart ne donneront pas les tendances exactes, on fera alors de grands débats sur le sujet « faut-il arrêter les sondages ? » et il est encore plus certain qu’ils réapparaitront encore plus nombreux à la prochaine élection. C’est donc l’occasion pour nous de revenir sur ce sujet, de comprendre ce que sont les sondages, comment ils sont effectués et de savoir si l’on peut vraiment s’y fier ou pas. Pour commencer par le commencement, un sondage c’est un outil et une méthode statistique permettant de quantifier l’opinion de la population sur un sujet ou une thématique. En France cet outil s’est popularisé à partir de 1965 quand l’institut IFOP a prouvé sa crédibilité en signalant la chute de popularité du Général De Gaulle alors particulièrement confiant durant la campagne pour l'élection présidentielle. Le but d’un sondage est de refléter au maximum l’opinion d’une population, mais comme il est impossible ou en tous cas très couteux de questionner l’ensemble de la population, ce qu’on appelle un recensement, les sondeurs vont questionner un échantillon de personnes à partir duquel ils vont pouvoir déduire l’opinion générale. Afin d’arriver à ce résultat, il faut que ce petit groupe de personnes ait une opinion un maximum représentative de l’opinion générale. Pour ce faire il existe deux méthodes principales de sondages : la méthode probabiliste qui consiste à sélectionner au hasard les personnes qui seront sondées, et la méthode des quotas qui elle consiste à avoir un échantillon le plus représentatif sociologiquement de la population, c’est-à-dire de respecter le pourcentage des âges, des sexes, des catégories socio-professionnelles et de la répartition géographique. Par exemple, si l’on sait qu’il y a environ 52% de femmes en France, on va faire en sorte qu’il y ait la même proportion de femmes dans l’échantillon choisi. En règle générale, il est convenu que la méthode probabiliste sélectionnant donc les sondés au hasard est plus fiable que la méthode des quotas. Car si cette dernière a fait ses preuves, elle n’en demeure pas moins assez complexe à réaliser. L’idée est que l’échantillon soit le plus représentatif de la population, mais tout en utilisant le moins de critère possible pour ne pas complexifier inutilement l’échantillon et donc le fausser. Pour cette raison, les sondeurs vont se concentrer sur les facteurs influençant le plus l’opinion d’une personne à savoir son niveau de revenu, d’études et sa profession, son âge, son sexe et la zone géographique qu’il habite. Cependant certaines catégories de la population sont difficiles à atteindre. On sait par exemple que les sans-abris et les personnes isolées comme les sans-emplois répondent très peu aux enquêtes d’opinion. C’est pourquoi une fois que les données sont recueillies les sondeurs vont effectuer ce qu’on appelle un redressement pour adapter les résultats en fonction des catégories sous représentées ou parfois surreprésentées. Un argument que l’on entend souvent contre les sondages est relatif à la taille de l’échantillon. La plupart des sondages vont interroger un échantillon de 1000 à 2000 personnes environ et ce chiffre peut être vu comme particulièrement petit par rapport à une population française de 66 millions de personnes. Mais en réalité la taille de l’échantillon la plus convenue est d’environ 1.000 personnes qui est vu comme un bon compromis entre fiabilité et coût, car bien évidemment plus on va interroger de personne, plus le sondage vous coûtera cher à réaliser. Et la taille de l’échantillon importe peu temps qu’il est suffisamment représentatif de la population, à partir de 1.000 sondés vous commencez à avoir assez de personnes pour assurer une bonne représentativité. Ainsi ce chiffre est vu comme un bon compromis que ce soit pour la France comme pour un pays de 600.000 habitants comme le Luxembourg. Bien évidemment, plus vous allez sonder de personnes, plus votre marge d’erreur sera faible. La marge d’erreur c’est l’écart probable entre les résultats du sondage et ceux que l’on obtiendrait si l’on refaisait le même sondage. C’est là un facteur clef à regarder à chaque fois que l’on consulte une enquête d’opinion car il peut changer toute l’interprétation des résultats. Souvent afficher en début de publication, il est présenté sous cette forme de tableau. Ici par exemple il s’agit d’un sondage de Harris Interactive qui montre que pour les 2.000 personnes qu’ils ont interviewées, la marge d’erreur varie entre 1 et 2,3% en fonction des résultats. Ainsi si l’on prend un candidat crédité de 5% comme Christiane Taubira, la marge d’erreur est d’un point de pourcent, donc en réalité Taubira se situe entre 4 et 6% d’intentions de vote. Pour Emmanuel Macron qui est donné aux alentours de 24%, son résultat se situerait plus ou moins entre 22 et 26%. Cette marge d’erreur relativise assez la lecture des résultats. Alors que ces derniers les commentaires politiques tournent souvent au tour de la course à droite entre Le Pen, Pécresse et Zemmour, où chaque point gagné et perdu est vu comme une chute ou une montée, la lecture par la marge d’erreur nous apprend simplement qu’ils se situent tous plus ou moins dans la même tranche de résultats. Ainsi quand vous entendrez que tel ou tel candidat a perdu ou gagné un point dans les sondages, vous pouvez simplement en déduire que rien n’a vraiment bougé. Si par contre ce candidat gagne 1 point chaque semaine, là les résultats décrivent une dynamique réelle. Cette marge d’erreur est d’autant plus importante à prendre en compte quand les instituts vont faire des sondages dans les sondages. Par exemple si l’institut Elabe a fait un sondage avec un échantillon de 1.000 personnes portant sur le nucléaire. Dans le détail de cette enquête on peut voir que 52% des sympathisants du PS pensent que l’énergie nucléaire a de l’avenir. La marge d’erreur normalement pour 1.000 personnes sondées est de 3,1 points de pourcent, sauf qu’ici il s’agit d’une partie seulement de l’échantillon qui est sympathisants du PS, on peut même stipuler qu’il ne s’agit que de 100 personnes, donc dans ce cas, la marge d’erreur est en réalité de 10 points de pourcent ce qui veut dire que ce ne sont pas 52% des sympathisants PS qui ont cette opinion, mais entre 42 et 62%. Cette partie du sondage n’a donc en réalité aucune valeur. Mais bon, ils ne vont pas se priver de la publier tout en marquant en bas de page qu’il faut les « interpréter avec prudence » synonyme de jeter à la poubelle. Autre élément qui va influencer le sondage est la façon de récolter l’opinion on en distingue trois avec tout d’abord la plus fiable qui est l’entretien face à face. Cette méthode consiste simplement à ce que l’enquêteur pose en personne les questions aux sondés et sa fiabilité vient du fait que l’enquêteur a davantage les moyens pour expliquer chaque question, la détailler et faire en sorte que les personnes interrogées comprennent le mieux la situation. Le point faible de cette méthode est que si vous envoyez votre enquêteur uniquement dans la rue au bas de l’institut de sondage, les opinions qu’il va recueillir ne seront pas suffisamment représentatives de la population. L’idéal est d’avoir plusieurs enquêteurs répartis dans des zones assez différentes les unes des autres. C’est cette méthode qui est utilisée pour établir les sondages de sorties des urnes le jour d’une élection qui sont aujourd’hui encore les sondages les plus fiables, d’autant plus que les personnes interrogées sont choisies au hasard. La deuxième façon d’interroger les gens est celle de l’entretien téléphonique plus fiable que la troisième méthode qui est celle du sondage internet possédant ne nombreux biais. Le sondé décidant seul derrière son écran aura tendance à adopter une opinion plus tranchée qu’il n’a réellement et aura aussi plus de chances de se lasser des questions et donc d’y répondre trop rapidement. De plus il y a toujours une grande fracture numérique en Europe, avec pour exemple en France 14% de la population qui ne possède pas de connexion internet et 22% ne possédant pas d’ordinateur à domicile, sans compter tous ceux qui ne possède la technologie mais ne sont pas à l’aise avec. Et enfin les personnes répondant à ces sondages sur internet ont tendance à être plus politisés ou plus impliqué dans la vie publique que la moyenne de la population, ce qui fait qu’automatiquement, l’échantillon du sondage ne sera pas le plus représentatif possible. De plus les questions elles aussi doivent respecter certaines règles pour ne pas fausser les résultats. Elles ne doivent pas comprendre de terme trop compliqué dont le sens échapperait à certaines personnes, mais les termes trop simples sont à éviter également dans le risque qu’ils puissent être ambigus. Il faut également éviter les négations dans une phrase qui peuvent porter à confusion. Si l’on propose une phrase telle que « Pour vous la peine de mort n’est pas une bonne peine à appliquer ? », vous pouvez être certain que beaucoup de sondés vont hésiter et répondre oui à cette question pour qui la peine de mort est une bonne peine alors que pour les sondeurs la réponse sera considérée comme « oui, ce n’est pas une bonne peine ». De plus il faut éviter de proposer les réponses oui et non aux sondés car les études montrent que qu’importe la question, les gens auront toujours plus tendance à répondre par l’affirmative à une question que par la négative, ainsi il vaut mieux proposer des choix de réponse comme d’accord ou en désaccord ou une échelle d’accord allant de 0 à 5 ou 10. Autre information à savoir, c’est que les instituts de sondages communiquent entre eux. Si une augmentation par exemple se constate sur un parti politique, disons d’extrême droite, le directeur de sondage se rendant compte de ce nouveau phénomène va contacter son collègue pour savoir s’ils sont sur le même constat dans ce terrain. Cette façon de faire explique que les instituts de sondages définissent des fourchettes de résultats entre eux. Et c’est pour cette raison que la France a mis en place une commission des sondages, dirigée par des universitaires et des juristes du conseil d’État français et qui sont chargés de vérifier la méthodologie et la fiabilité des résultats. Tous ces grands principes sont loin d’être toujours respectés. Et c’est donc au lecteur du sondage à faire très attentions à tous les points que nous venons de mentionner pour être certain que l’enquête qu’ils lisent soit fiable et sinon relativiser sur le résultat qu’elle donne. Mais il faut l’admettre, la plupart du temps, les plus gros problèmes des sondages ne sont pas les sondages en eux-mêmes mais les interprétations qui en sont faite par les commentateurs et journalistes. Il faut bien comprendre que commander un sondage, même s’ils sont devenus plus abordable avec le temps et les nouvelles technologies, coûte particulièrement cher allant de 5.000 à 10 ou 20.000 euros en fonction de nombre de question, de l’échantillon ou d’autres facteurs. Il faut donc le rentabiliser soit en le surexploitant par de nombreux articles de journaux ou en en faisant des éditions spéciales qui n’ont pas forcément lieu d’être, soit en en faisant une analyse au pire frauduleuse, au mieux pute-à-clic et racoleuse pour le vendre un maximum. Un des meilleurs cas d’école est celui de Libération qui durant la campagne présidentielle de 2012 publia cette une signalant que 30% des Français n’excluraient pas de voter pour Marine Le Pen. Pourtant quand on regarde l’enquête, les résultats sont tout autre. 68% disent qu’ils ne voteraient certainement pas pour Le Pen, 12% probablement pas, 10% disent qu’ils voteraient probablement pour elle et 8% en sont certains. Normalement, n’importe qui qui publierait ce sondage ferait l’analyse que 18% des Français sont prêt à voter pour Marine Le Pen, mais ici Libération joua sur les mots pour y inclure les 12% de « Non, probablement pas ». Le rédacteur en chef de l’époque Nicolas Demorand, aujourd’hui présentateur à France Inter se justifia étrangement de ces 30% de Français qui n’excluraient pas de voter Le Pen. (voir vidéo) Le problème ici de Libération est évidemment qu’ils analysent leur sondage avec un biais normatif particulièrement fort. Or on sait bien que ça ne fonctionne pas comme ça. Le but de ce sondage est normalement de calculer le potentiel électoral de Le Pen pour la présidentielle de 2012, que l’on peut simplement calculer par l’addition des réponses positives donnant 18%, son résultat à l’élection sera d’ailleurs assez proche avec 17,9%. Mais dans l’imaginaire, toute personne qui ne refuserait pas catégoriquement, quoi qu’il se passe, de voter Le Pen est un potentiel lepéniste. Remarquons qu’à ce niveau de mauvaise foi, on n’aurait pas été plus étonné s’ils y avaient ajouté les 2% qui ne se prononcent pas. Parfois les sondages en général ont mauvaise réputation car ils pâtissent pour d’autres. Par exemple durant l’élection présidentielle de 2017 les sondages ont été particulièrement critiqués alors qu’en général ils avaient assez bien cerné les tendances dans les intentions de votes. Leur seule erreur fut de publier des enquêtes d’opinion sur les primaires au sein du Parti socialiste et des Républicains pour lesquels ils n’avaient pas vu venir la victoire de Benoît Hamon et de François Fillon. La raison de cet échec est très simple, les sondeurs ne connaissent pas la population qui compte voter à ces élections. Pour une élection de base comme la présidentielle, il suffit aux sondeurs de prendre un échantillon représentatif de la population française inscrite sur les listes électorales pour avoir une idée des intentions de vote, mais pour des élections primaires c’est bien plus difficile car on a en réalité aucune idée de qui ira voter chez les LR ou au PS. On a donc aucune idée de la population et il est donc impossible d’établir un échantillon fiable. En 2021 durant la primaire fermée toujours chez les LR, les instituts ont retenu de leurs erreurs pour la plupart et n’ont pas diffuser de sondages, à l’exception près d’IFOP et d’IPSOS qui s’y risquèrent quand même et sans surprise se trompèrent lamentablement. La raison de cet échec est toujours la même, pour réaliser une enquête sur élection primaire à laquelle on ignore qui seront précisément les votants ni comment les trouver, ces instituts ont décider de sonder soit les sympathisants de droite regroupant donc des électeurs bien au-delà des simples Républicains, soit de sonder un échantillon représentatif de l’ensemble des Français toutes tendances politiques confondues. Rien d’étonnant donc à ce que les données qui sortent de ces pseudo-sondages soient aussi éloignés des véritables résultats de l’élection. Alors à la grande question faut-il se méfier des sondages, la réponse est bien évidemment oui car il faut adopter un regard critique sur toutes les informations quelles qu’elles soient. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut les rejeter en bloc. Toute enquête peut être utile, intéressante et refléter une part de l’opinion publique, mais pour cela il faut en toutes circonstances vérifier la fiabilité, analyser la méthodologie et se méfier des interprétations qui en sont faites, sans oublier également et on ne le répètera jamais assez que les sondages ne sont pas des prédictions mais comme on le dit, des photographies de l’opinion à un instant T et certaines photographies sont plus nettes que d’autres. BIBLIOGRAPHIE « Les sondages d'opinion », Courrier hebdomadaire du CRISP, vol. 829, no. 4, 1979, pp. 1-24. IPSOS, « Sondage d’intentions de vote pour l’élection présidentielle de 2022 », Enquête réalisée pour France Info & Le Parisien, Sopra Steria, septembre 2021. https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2021-09/Enquete%20Ipsos_IV2022%2Bprimaires.pdf IFOP, « Les Français et les candidats Les Républicains à l’élection présidentielle de 2022 », Enquête réalisée pour le Journal du Dimanche, octobre 2021. https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2021/11/118566-Rapport.pdf
- Guerre en Ukraine : quelle opinion en France ?
Alors que la guerre fait toujours rage, la situation en Ukraine intrigue le monde entier. En France, une enquête Harris Interactive montre que 92% de la population française est intéressée par cette actualité. Même si cela ne coûte pas grand-chose, 94% des Français disent se sentir solidaire du peuple ukrainien en ce moment. Alors que les politiques en France se disputent pour savoir qui sont les responsables du conflit, 96% des Français jugent que le président russe Vladimir Poutine possède une part de responsabilité dans le conflit, mais nombreux sont ceux qui se montrent également critiques envers les acteurs occidentaux avec 68% qui juge que l’OTAN a sa responsabilité dans le conflit, 62% pour le président américain Joe Biden et loin derrière, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avec 57%. Ce dernier s’est d’ailleurs démarqué durant ce conflit en adoptant une posture martiale digne pour défendre son peuple. Cette posture fut remarquée par les Français dont 79% le trouvent à la hauteur des événements. Tout porte à croire que cette guerre aura un certain impact sur l’élection présidentielle qui aura bientôt lieu avec 65% des Français qui pensent que ce conflit jouera un rôle dans leur vote. Le Président de la République Emmanuel Macron tient pour le moment la barre haute pour ses concurrents avec 58% des Français qui le juge à la hauteur des événements. Loin derrière parmi les candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est jugé à la hauteur à 29%, Marine Le Pen 28%, Valérie Pécresse 27%, Yannick Jadot 26%, Fabien Roussel et Anne Hidalgo 24%, Éric Zemmour est dernier dans l’opinion avec 21%. Source : Sondage Harris Interactive pour Challenges effectué sur un échantillon de 1.161 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Marge d’erreur variant de 1,4 à 3,1 points de pourcent.
- Macron et le débat présidentiel : Doit-il y participer? - Objectif Élysée 2022 #4
Alors que l'on entre enfin dans la campagne présidentielle, une nouvelle question arrive sur la table: doit-on ré-organiser un débat avant le premier tour? Tous les candidats sont partant sauf un qui doute encore, le président sortant Emmanuel Macron. Doit-il y participer? Ce débat est-il légitime? Macron va-t-il prendre ce risque? À moins de deux mois du premier tour, on commence enfin à rentrer doucement dans la campagne présidentielle. La liste des participants se clarifie, les programmes paressent progressivement et les meetings se multiplient avec certains grands succès et d’autres un peu moins réussi. L’heure est bientôt également celle des débats ! On se souvient il y a 5ans des deux évènements remarqués rassemblant pour l’un les 5 principaux candidats et pour l’autre les 11 au complet. Ce fut alors un tournant dans la campagne qui permis de voir ce que les participants valaient entre eux, comment ils pouvaient confrontés leurs idées et ce fut bien également l’occasion pour certains de se démarquer avec quelques phrases bien placées. On vit l’efficacité de ces débats sur les intentions de votes avec des changements majeurs par exemple pour Mélenchon qui passera devant Benoît Hamon. Cette année le sujet revient sur la table et tous les candidats semblent partant pour participer à cet événement médiatique, tous sauf un qui se tâte, celui dont tous les candidats veulent la fonction, le Président actuel, Emmanuel Macron. Après avoir fait comprendre qu’il ne désirait pas y participer, il revient sur sa décision et dit n’accepter uniquement le débat qu’avec les principaux candidats sans ceux qu’on appelle « les petits ». Aurait-il raison d’y aller ou pas ? Est-ce de la stratégie bien pensée ou de la lâcheté ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre dans cette vidéo. En réalité Macron a toutes les raisons de ne pas participer à ces débats. Aujourd’hui on dit que ce serait un scandale et un déni de démocratie, mais il n’y a en fait en France aucune tradition de débat de premier tour. Les débats présidentiels sont apparus en 1974 avec celui opposant Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand. Depuis cette présidentielle, les seuls débats qui étaient organisés entre les candidats avaient lieu uniquement dans l’entre-deux tours avec les deux finalistes. Il y avait bien évidemment des débats qui étaient organisés avant le premier tour de l’élection, mais ceux-ci avaient lieux face à des journalistes, face à des experts ou face à un représentant d’un autre candidat, mais jamais entre les candidats eux-mêmes. Il n’y a que pour l’élection de 2017 que sera organisé ce nouvel événement médiatique rassemblant la totalité des candidats à la présidentielle. L’une des raisons de cette exception est qu’il s’agissait d’une élection où le président sortant ne se représentait pas. On le sait, le Président en France a un statut particulier de par sa fonction quasi-monarchique et ce statut le met en position de force par rapport à ses concurrents. Accepter un débat l’opposant à l’ensemble des candidats reviendrait à leurs accorder un statut égal au sien. Et s’il est compréhensible de penser qu’une fois qu’un président veut renouveler son mandat, il devient en partie un candidat comme les autres, il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas comme les autres. Il occupe la fonction, les responsabilités et il représente qu’on le veuille ou non la République. Le seul moment où il est compliqué pour le président sortant de refuser le débat est après le premier tour de l’élection où il se retrouve face à son seul opposant. Et là encore, il utilisera toujours son titre et son expérience pour rabaisser son adversaire. Si Macron accepte un débat à 5 ou avec tous les candidats, il leur donnerait donc à tous le statut de présidentiable, ce qui stratégiquement lui serait nuisible. De plus ce serait pour lui une épreuve particulièrement difficile car nul doute qu’il sera la cible privilégiée de tous ses adversaires. Déjà en 2017, alors qu’il était en tête dans les sondages, il fut la principale cible des autres candidats. Il s’en était assez bien sorti, mais nul doute que si le débat devait à nouveau avoir lieu aujourd’hui, les attaques seraient encore plus nombreuses et acerbes. Si Macron les contre bien, et parvient à se positionner au-dessus du débat, il en ressortirait grandit et conforté dans ses intentions de vote, mais ça resterait particulièrement risqué pour lui de participer à un débat où il serait la cible principale de tous les participants. Cependant, il est plus que probable que Macron participera malgré tout à un débat avec les autres candidats. S’il se situe pour l’instant en tête de tous les sondages avec une avance confortable, ses intentions de votes risquent de chuter une fois qu’il entrera véritablement en campagne, et qu’il sera obligé de défendre son bilan et son programme. S’il reste trop longtemps à distance de la campagne, celle-ci se fera sans lui et risquera de privilégier ses adversaires. C’est ce qu’il s’était passé dans une certaine mesure pour Charles De Gaulle en 1965 alors qu’il était certain de remporter l’élection dès le premier tour, le général n’avait pas souhaité utiliser son temps de parole dans les médias. Il fut alors surpris lors des résultats du premier tour de voir qu’il avait été mis en ballotage avec François Mitterrand et fut alors obligé de rattraper la situation en accordant plusieurs interviews dans l’entre-deux tours pour assurer sa victoire. Alors bien évidemment Macron utilisera l’intégralité de son temps de parole de candidat auquel il pourra ajouter sa parole officielle de Président et celle de son gouvernement qui ne sont pas comptabiliser. Mais s’il persiste à vouloir rester en dehors du débat public, celui-ci se fera contre lui et impactera ses intentions de votes. Bien sûr l’idéal pour Macron serait d’envoyer au débat un représentant qui serait probablement le président de La République En Marche, Christophe Castaner, mais il y a fort à parier que les autres candidats n’accepteraient pas un débat dans ses conditions. De plus la majorité des Français veulent qu’Emmanuel Macron participe en personne à ce débat. Macron se retrouve donc dans un choix difficile qui sera dans tous les cas à double tranchant pour lui : participer et se faire assaillir ou rester à distance et en subir les conséquences. La meilleure option est sans doute d’accepter un débat en comité restreint si l’on puit dire, avec les principaux candidats, mais dans ce cas le plus difficile sera de sélectionner ses candidats. Si l’on fait comme en 2017 et que l’on invite que les candidats au-dessus de 10% dans les sondages, on se retrouvera avec un seul candidat de gauche, s’il ne baisse pas d’ici-là. Et si l’on élargit la sélection, on se retrouvera très vite avec 7 ou 10 candidats dont le plus grand dilemme sera de savoir s’il on privilégie Jean Lassalle à Anne Hidalgo.
- Roussel à Marseille : premier meeting pour le PCF
Fabien Roussel a tenu ce dimanche son premier meeting où il a exposé les grandes lignes de son programme pour la présidentielle. Le candidat du Parti Communiste Français Fabien Roussel a donné son premier meeting ce dimanche à Marseille rassemblant plus de 3.000 personnes. On revient ici sur les grands points du programme présentés durant son discours "Rendre le pouvoir d'achat c'est surtout retrouver une France dans laquelle tout le monde aura le droit aux petits plaisirs de tous les jours (...). La France du beau et du bon pour tous, aller aux expos, au restau, au bistrot." POUVOIR D’ACHAT & ÉCONOMIE : Se moquant de la théorie du ruissellement consistant à ce que l’argent des plus riches ruissellerait sur les plus pauvres, le candidat du PCF y oppose la théorie du « roussellement » pour « irriguer l’économie en rendant le pouvoir d’achat au peuple ». Pour se faire Fabien Roussel propose plusieurs mesures : Smic à 1.500€ net, Création de 500.000 emplois dans le service public, Augmentation des petites pensions à 1.200€ net, Nationalisation de EDF, de BNP et d’Axa, Rétablissement et triplement de l’ISF, Semaine de 32h de travail, Blocage des délocalisations des entreprises. TERRITOIRE : Fabien Roussel veut « redonner du poids aux communes, revitaliser les campagnes, réaménager le territoire et démétropoliser la France » "Nous voulons une France totalement décarbonée en 2050 et pour cela, nous choisissons le nucléaire." ÉCOLOGIE : Défense d’une industrie décarbonée, Développement des énergies renouvelables dont le nucléaire, Prime à la conversion de 10.000€ pour avoir une voiture moins polluante JEUNESSE & ÉDUCATION : Revenu étudiant de minimum 850€/mois, Gratuité du permis de conduire pour les moins de 25ans, Abrogation de Parcoursup, Création de logements et de places d’université, Engager 90.000 enseignants Pour l’école, Fabien Roussel propose la fin des devoirs à la maison compensée par une augmentation du temps passé à l’école dans le but de lutter contre les inégalités sociales ne permettant pas à tous les élèves de travailler correctement chez eux. Les heures d’école passeront à une moyenne de 32h/semaine. Il a tenu pendant son meeting à rendre hommage à Samuel Paty et à la rédaction de Charlie Hebdo « qui sont tombés pour avoir défendu la liberté ». Fabien Roussel veut défendre « une République sociale et laïque ». 3.000 personnes étaient présentes dont Sophie Camard, la candidate suppléante de Jean-Luc Mélenchon à Marseille. Fabien Roussel est le premier candidat du Parti Communiste Français à l’élection présidentielle depuis 2007. Son slogan de campagne est «La France des jours heureux».
- L'art d'être candidat : Rétrospective des déclarations de candidature - Objectif Élysée 2022 #3
Ce 15 janvier 2022, Christiane Taubira a déclaré sa candidature à l'élection présidentielle et sa communication a fait peu réagir alors qu'elle frôle l'amateurisme. Dans cette rétrospective des candidatures, l'équipe du Rudius revient sur l'art de se déclarer candidat à la présidentielle, sur la communication à adopter et sur l'image à renvoyer aux électeurs. On ne comptait pas forcément en parler au départ, mais vu l’absence d’analyse voire même simplement de réaction sur le sujet, il est temps de se poser la question : qu’est-ce que cette déclaration ? Le 15 janvier dernier, Christiane Taubira a annoncé être candidate à l’élection présidentielle lors d’un discours prononcé à Lyon dans le quartier de la Croix-Rousse. Cet endroit a été choisi en référence à son passé industriel et aux révoltes sociales qui y ont eu lieu dans les années 1830 durant lesquelles les ouvriers tisserands surnommés les canuts, s’insurgèrent à plusieurs reprises pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Jusqu’ici tout va bien, le lieu est chargé historiquement, sa symbolique est forte et on avait tout pour avoir un excellent discours en s’imprégnant du passé ouvrier de la région qui donnerait du poids à la déclaration politique d’une femme de gauche. Du moins en théorie parce que là l’image donnée ne laisse rien voir de tout ça. On se retrouve avec un décor brumeux, on ne sait pas si c’est du brouillard en arrière-plan ou bien de la pollution, les murets à l’arrière sont couverts de tags et la candidate qui est censée incarner la future femme de pouvoir déterminée se présente avec 32 couches de vêtements, doudoune, gants, écharpes, la tête rentrée dans les épaules pour se protéger du froid. On est quand même bien loin d’une image de future Présidente de la République. Alors pour certains ce que l’on dit ici s’apparente à du pinaillage, mais on vit dans une société où la communication est devenue omniprésente, surtout en politique, et quand on réalise un travail, que ce soit une déclaration politique, une publicité et même une rédaction pour l’école ou un rapport à rendre à votre patron, la forme importe autant que le fond, voire même parfois l’emporte sur lui. Et ici il s’agit quand même de viser la présidence de la République, c’est une déclaration qui sera vue par des millions de Français qui seront impactés consciemment ou inconsciemment par l’image que le candidat va leur donner et compareront cette image avec celle des autres candidats. Si on a déjà pu un peu aborder le sujet des déclarations de candidats dans un précédent podcast, c’est l’occasion pour nous de l’approfondir et de faire une rapide rétrospective des candidatures à la présidence marquantes. Car la France a une relation particulière avec l’élection présidentielle. Il s’agit tout d’abord de l’un des rares pays à élire son chef d’État au suffrage universel direct. Ensuite il y a une tradition un peu bonapartiste mise en place par le Général De Gaulle qui veut que cette élection soit la rencontre d’un Homme avec les Français. Ce n’est pas un parti politique qui se fait élire, ni même un homme politique, mais un Français qui se présente aux autres Français, du moins en théorie. Et ça, ça doit s’incarner dans une déclaration de candidature. La formule qui a peut-être le mieux décrit cette tradition fut celle de Valéry Giscard d’Estaing. Cette élection de 1974 était assez particulière, car elle fut déclenchée par le décès du Président Pompidou le 2 avril et les candidats n’avaient alors qu’un mois pour faire campagne, le premier tour devant avoir lieu le 4 mai. Là-dessus Giscard joua intelligemment, alors que le Premier ministre de l’époque Jacques Chaban-Delmas déclara sa candidature le jour même des obsèques de Pompidou, Giscard prit le temps malgré la brièveté de la campagne de ne se déclarer qu’après la période de deuil national. Et il n’oubliera pas non plus de faire figurer une photo du défunt président dans le champ de la caméra. Si la tradition française veut que le Président, en bon monarque, soit assis lorsqu’il fait une déclaration, et que donc tous ceux qui sont candidats à la magistrature en fassent de même, Giscard, lui, très inspiré par les États-Unis et surtout par les Kennedy, fera sa déclaration debout. Il s’inspira tout au long de sa campagne de la communication américaine allant même jusqu’à faire une partie de son discours de victoire en anglais, sans oublier une certaine french touch dans l’accent. C’est bien assis que Jacques Chirac déclarera sa candidature en 88 , mais le problème c’est qu’il le fera depuis l’Hôtel de Matignon, résidence du Premier ministre ce qui ne fera que l’ancrer dans cette fonction. Mitterrand n’eut alors qu’à maintenir son adversaire dans cette image rappelant à ce dernier et aux électeurs que Chirac n’était finalement que son subordonné. Chirac finira lui-même par tomber dans le piège en appelant Mitterrand par sa fonction, supérieure à la sienne. Sept ans plus tard, c’est au tour d’Édouard Balladur de faire la même erreur en annonçant sa candidature depuis Matignon. Mais là où Chirac l’avait fait avec un bureau légèrement de travers pour éviter la posture trop présidentielle et avec un mur couvert d’une tapisserie et de papier peint, c’est face caméra et entouré de dorure que Balladur fait sa déclaration donnant l’impression qu’il se croit déjà président de la République lui qui était donné gagnant dans les sondages. Son air froid et distant n’améliora en rien l’impression qu’il donna aux spectateurs. Pour cette élection de 95, Chirac, lui, avait créé la surprise en déclarant sa candidature non pas à la télévision ni même à la radio, mais avec un simple entretien dans un journal. En se déclarant bien plus tôt que prévu, le président du RPR prit de court son parti et évita qu’on ne le force à céder sa place de candidat de la droite à Balladur. C’est loin d’être la meilleure façon de déclarer sa candidature, mais il arrive que la stratégie politique doive prendre le pas sur la communication. Après, soyons honnêtes, les exemples que nous avons pris ici font plus partie des exceptions que de la règle. Si l’élection présidentielle est censée être la rencontre d’un Homme avec les Français, il faut admettre que cet homme est davantage le candidat d’un parti politique. Mais ça n’empêche pas de soigner sa communication et donner des images fortes. C’est ce que fit Nicolas Sarkozy quand il fut désigné candidat de l’UMP en 2007 en organisant un grand congrès à l’américaine et en rassemblant plusieurs dizaines de milliers de militants. À gauche on sera souvent plus timide dans les images des candidats, la symbolique de l’homme providentiel n’est pas toujours bien accueillie dans une famille politique où le collectif est censé primer sur l’individu. Que ce soit pour le PS, les écologistes ou la France Insoumise, on va rarement avoir de grande déclaration inspirée. Mélenchon par exemple ira à chaque fois à un 20h assez tôt dans la campagne pour faire son annonce. Il dira : "Je propose ma candidature à l’élection présidentielle de 2017". Oui parce que Mélenchon ne se déclare jamais candidat, il propose sa candidature. Quand il utilise cette formule en 2012, c’est compréhensible politiquement, il essaye de rassembler différents partis de gauche autour d’une candidature commune, et il ne veut pas donner l’impression de s’imposer. Mais à partir de 2017, c’est davantage pour ne pas froisser les militants qui sont dans cette culture du collectif qu’il utilise ce terme, de même pour aujourd’hui. D’ailleurs pour 2022, il utilisa une nouvelle tactique pour se légitimer en mettant une condition à sa candidature : recueillir 150.000 parrainages citoyens. Ce n’est pas particulièrement risqué comme paris, d’ailleurs il obtiendra très vite ses 150.000 clics. On remarque tout de même que pour l’instant il n’a toujours pas dépassé les 300.000 ce qui n’est pas forcément de bon augure pour un parti qui revendique 600.000 adhérents et qui a récolté plus de 7 millions de voix en 2017. Mais ça reste une bonne méthode pour légitimer sa candidature, sans toutefois avoir le même impact qu’une bonne déclaration de candidature bien orchestrée. Parfois un rien suffit et les candidats ne prennent pas forcément de risque, comme Macron en 2016 qui le fit en toute simplicité à l’époque en organisant une conférence de presse sans fioriture sur un fond bleu classique avec drapeaux français et européens dans le cadre, rien d’exceptionnel d’ailleurs la déclaration passa un peu inaperçue à l’époque, sa candidature n’étant plus une surprise pour personne, ce n’est qu’à partir de 2017 qu’il commença à décoller dans les sondages. Aujourd’hui il prend son temps pour se déclarer, comme le fond souvent les anciens présidents, ils profitent de leur fonction pour augmenter leur temps de présence dans les médias et surtout pour rester à distance du débat politique. L’une des meilleures déclarations d’un président se représentant fut peut-être celle de Mitterrand en 88 qui surpris par sa simplicité : "Oui… je le crois". Quatre mots, simple, efficace. En pleine période de cohabitation, Mitterrand voulait donner l’image d’un président détaché des autres candidats, au-dessus des affaires politiciennes, ce fut en un sens une réussite. Donc, on le voit il n’y a pas forcément une seule bonne façon de déclarer sa candidature et ce n’est aussi finalement qu’un élément parmi tant d’autres d’une campagne politique souvent longue et chargée en rebondissement. Mais il n’empêche que ça a son importance et que ça donne la possibilité de produire des images et un discours qui seront vues et entendus par des millions d’électeurs et surtout de donner une bonne première impression à de nombreux Français. Il donc primordial de soigner l’événement, et pour revenir à Christiane Taubira, c’est véritablement une mauvaise déclaration de candidature. Pourtant il y avait du potentiel. Le quartier était symbolique, il suffisait soit de couvrir les tags avec des affiches, soit de choisir un autre lieu, sans connaitre le quartier, on peut quand même imaginer que tous les murs ne sont pas tagués. Et en réalité même la symbolique du lieu ne fut pas véritablement exploitée. Une simple mention aux canuts en début de discours qui sera ensuite très vite oubliée, aucun lien n'est fait avec son programme ou sa vision de la France, aucun ancrage historique n’imprègne sa pensée alors que la symbolique était forte et aurait véritablement put donner du crédit et de la matière à un discours de candidate de gauche. Pour le brouillard à l’arrière c’est mineur, mais il y avait moyen de mettre quelques lumières sur la candidate pour créer un contraste avec l’arrière-plan terne et brumeux. Et pour les 32 couches de vêtements, là il fallait tout simplement choisir autre chose. Mélenchon par exemple avait choisi une veste de couvreur en molesquine qui avait l’avantage d’être sobre tout ne protégeant du froid et avec laquelle il pouvait tenir un meeting de 2h en extérieur. Mais ce manteau, avec l’écharpe et avec les gants ça ne renvoie pas une image de force et de personnalité intrépide, tout le contraire. Pour l’anecdote, en 1985 lors de la première rencontre entre Michael Gorbatchev et Ronald Reagan au sommet de Genève, ce dernier devait attendre à l’extérieure l’arrivée de son homologue russe et son communicant insista fortement pour qu’il ne porte pas de manteau de peur que le président des États-Unis ne paraisse faible aux yeux des russes et de la presse mondiale. Reagan s’en agacera, mais finira par accepter d’attendre dans le froid sans manteau et lorsque Gorbatchev arriva enfin, c’est ce dernier qui était habillé chaudement et donna ainsi l’impression d’être plus vieux et fragile que le président américain. Comme quoi un simple vêtement peut changer toute une image. Mais ça c’est normalement le rôle des communicants de se charger de ce genre de détails et pour l’instant dans cette campagne de 2022, ils ont l’air de travailler davantage du côté de Zemmour et de Mélenchon que des autres candidats, même si chez eux aussi on a vu des couacs, la campagne de la France Insoumise ne semble pas avoir le même souffle qu’il y a cinq ans et du côté de Reconquête on oscille entre les bons coups de com’ et l’amateurisme .
- L'Assemblée cette mal-aimée
Chute de l'opinion des Français envers l'Assemblée nationale. Explication des raisons d'un désamour. Alors qu’elle est censée être le centre de la représentation nationale, l’Assemblée nationale est aujourd’hui bien plus décriée qu’il y a 30-40ans. Si 59% des Français conservent toujours une opinion favorable de l’institution, ils étaient 80% à avoir ce même avis en 1985. Les causes de ce rejet sont nombreuses : défiance envers les politiques, sentiment d’abandon des citoyens, désintérêt de la politique,... Mais une raison peu mentionnée est celle de la diminution de l’importance politique l’Assemblée depuis le passage du septennat au quinquennat. À l’origine, le Président de la République était élu tous les 7ans alors que les élections législatives avaient lieu tous les 5ans, ce qui fait que, même si le Président bénéficiait d’une majorité à l’Assemblée, des élections législatives auraient lieu durant son mandat permettant ainsi aux électeurs de changer la majorité en cas de désaccord avec la politique menée par le gouvernement. Ainsi on vit en 1986, en 1993 et en 1997, l’opposition être majoritaire à l’Assemblée donnant ainsi une forte importance politique aux députés et obligeant le gouvernement à une cohabitation. Mais à partir de 2000, le mandat du Président passa de sept à cinq ans et l’élection présidentielle eu lieu la même année que l’élection législative. Ce changement de calendrier donna un fort avantage au Président élu qui, bénéficiant de la confiance des électeurs, est quasiment certain d’obtenir la majorité à l’Assemblée au lendemain de son élection, lui permettant ainsi d’avoir une opposition marginale durant son mandat. Le passage du septennat au quinquennat eu donc comme effet secondaire de diminuer l’importance politique de l’Assemblée nationale qui dans sa majorité est acquise au Président de la République. Le rôle de l’opposition est alors restreint et le corps électoral de ne peut exprimer son accord ou son désaccord avec la politique menée qu’à la fin du mandat présidentiel. Source Sondage de la Fondation Jean Jaurès, « Les Français et l’Assemblée nationale : Perception du mandat et du travail des députés », Novembre 2021.
- Mélenchon à Paris - Premier meeting des insoumis
Jean-Luc Mélenchon a tenu ce dimanche son premier grand meeting à Paris où il est revenu sur son programme "L’Avenir en commun". Ce dimanche 5 décembre avait lieu le premier grand meeting de Mélenchon à Paris dans lequel il a présenté son « parlement de l’Union populaire ». L’Union populaire est la réponse de Mélenchon à ceux qui demandent l’union de la gauche, le candidat insoumis préfère une union venue « d’en bas » organisée autour de propositions populaires, plutôt qu’une union venue « d’en haut », celles des candidats. Ce sont au total 5.000 personnes qui étaient réunies pour écouter le tribun qui a exposé une partie de son programme « l’avenir en commun », se concentrant surtout sur les thèmes sociaux et environnementaux. «Si nous faisons rompre la chaîne du capitalisme mondialisé en France, alors elle craquera partout ailleurs!» Écologie : Instauration de la règle verte (ne pas prendre plus à la nature que ce qu’elle ne peut reconstituer), fin de l’élevage intensif, planification écologique, arrêt du nucléaire Social : Réduction du temps de travail (pas d’heure indiquée), revalorisation du SMIC à 1.400€ net, Augmentation des minimums sociaux, Allocation d’étude de 1.000€/mois, blocage des prix pour certains produits de première nécessité. Jean-Luc Mélenchon n’a pas oublié d’attaquer ses adversaires, se positionnant en alternative au « grand démantèlement » de Macron et au « grand remplacement » de Zemmour, se plaçant ainsi en candidat du « grand changement ». Il a également prôné la « créolisation » face au « grand remplacement » de ce dernier. « Vive la France et surtout vive la République, parce que sans elle, il n’y a pas de France possible! » Mélenchon a terminé son meeting par une réponse à Éric Zemmour, semblant ainsi faire de lui son adversaire phare : « Vive la France et surtout vive la République, car sans elle, il n’y a pas de France possible ! ». Il répond ainsi au candidat du nouveau parti Reconquête qui avait déclaré en fin de discours « Vive la République, et surtout vive la France ! » Au total, ce sont environ 5.000 personnes qui étaient présentes, dont Aurélie Trouvé, ancienne porte-parole d’Attac et Jean-Marc Schiappa, historien et père de la ministre Marlène Schiappa.
- Zemmour à Villepinte : retour sur le meeting
Démonstration de force hier pour l’entrée en campagne de Zemmour avec son meeting de Villepinte rassemblant environ 15.000 personnes. Le candidat y a dévoilé le nom de son mouvement baptisé "Reconquête !" ainsi que son logo représentant un rameau d’olivier, symbole de paix, mais étant aussi une référence au nom zemmour signifiant "olivier" en berbère. Le slogan de sa campagne sera "Impossible n'est pas français", célèbre citation de l'Empereur Napoléon Ier. Éric Zemmour a profité de l’occasion pour redorer son image en se défendant d’être sexiste et raciste par la mise en avant des origines de « juif d’Algérie » et de son éducation. Le candidat à la présidentielle a également dévoilé certaines lignes de son programme : Pouvoir d’achat : Réduction des cotisations en vue de donner un 13ème mois pour les salariés du SMIC, réduction de l’écart entre le salaire brut et le net, solidarité nationale. Économie : réindustrialisation, réduction des impôts pour les TPE-PME, le secteur public doit privilégier les entreprises françaises, suppression du droit de succession pour les entreprises. International : Sortie du commandement intégré de l’OTAN, insiste pour que la Nouvelle-Calédonie reste française, dialoguer avec tous les pays. Éducation : Retour de la méritocratie, retour à l’apprentissage des fondamentaux, refaire de l’école un endroit d’assimilation, suppression de la « propagande LGBT, pédagogiste et islamogauchiste ». « Je tend la main aux musulmans qui veulent devenir nos frères! Beaucoup le sont déjà (...) Si vous faites de la France votre mère et de chaque Français votre frère, vous êtes nos compatriotes! » Immigration & Insécurité : « Il faut limiter le droit d’asile à une poignée d’individu chaque année pour redonner son sens à ce droit dévoyé ». Suppression du regroupement familial et du droit du sol, lutte contre l’immigration clandestine, préférence européenne pour les aides sociales, durcissement des conditions de naturalisation, renvoi des clandestins et des délinquants étrangers, expulsion des chômeurs étrangers après 6mois d’inactivité. L’intégralité de ces mesures du chapitre immigration sera soumise aux Français par référendum. 15.000 personnes étaient présente dont certaines personnalités comme Jean Messiha, Jean-Frédéric Poisson ou encore la figure des gilets jaune Jacline Mouraud.
- 62% des Français contre l'arrêt du nucléaire
Analyse du sondage ELABE sur l'opinion des Français sur le nucléaire L’énergie nucléaire est vue par les Français comme garantissant mieux l’indépendance énergétique (73%) que les énergies renouvelables (61%). 56% des Français pensent que le nucléaire a de l’avenir, mais sont plus partagés sur sa sûreté avec 49% la jugeant sûre. Seuls 44% des Français jugent le nucléaire comme étant une énergie propre, probablement à cause des déchets radioactifs qui nécessitent un stockage protégé alors que le nucléaire est l’une des énergies émettant le moins de CO2. Les énergies renouvelables elles sont vues comme ayant plus d’avenir (82%), comme étant plus sûres (74%) et plus propres (79%) que le nucléaire. Elles sont cependant vues comme étant plus chères (39% les jugent bon marché) et moins capables de garantir l’indépendance énergétique de la France, avec tout de même 61% jugeant qu’elles le peuvent. Enfin, 52% des français sont favorables au mix énergétique, c’est-à-dire de développer les énergies renouvelables tout en rénovant et en construisant de nouvelles centrales nucléaires. 37% des Français sont pour l’arrêt progressif du nucléaire et le développement des énergies renouvelables à la place quand seulement 10% des Français veulent arrêter les énergies renouvelables au profit des centrales nucléaires. Source : Sondage ELABE "Les Français et la politique énergétique de la France" publié le 4 novembre. Le sondage a été réalisé pour Les Échos, Radio Classique et l’Institut Montaigne effectué du 2 et 3 novembre 2021 sur un échantillon de 1.001 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Marge d’erreur variant de 1,4 à 3,1 points de pourcent.