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- 28 octobre 1962 : le Peuple choisira son Président
Il y a 59 ans avait lieu le référendum sur l'élection au suffrage universel du Président de la République. Retour sur une date historique de la Vème République. À la création de la 5ème République en 1958, le Président était désigné par un collège de parlementaires et d’élus et non par les citoyens français. Ce mode de désignation était dans la ligne de la troisième et quatrième République dans lesquelles le Président était nommé par l’Assemblée nationale. Le général De Gaulle, qui fut aussi élu indirectement, prônait depuis longtemps l’élection au suffrage universel du Chef de l’État, mais ne bénéficiait pas du soutien des parlementaires. En septembre 1962, De Gaulle annonce qu’il veut réformer la Constitution pour instaurer l’élection au suffrage universel direct du Président de la République. Le problème ? De Gaulle veut faire passer sa décision par référendum plutôt que de la faire voter par le Parlement, ce qui provoque une grave crise politique. Les parlementaires accusent De Gaulle de vouloir instaurer une dictature et le comparent à Napoléon III qui fut élu Président au suffrage universel avant de commettre un coup d’État quatre ans plus tard. De Gaulle est contraint de dissoudre l’Assemblée nationale qui venait de poser une motion de censure contre le gouvernement. Le référendum aura finalement lieu le 28 octobre 1962 auquel les Français votent majoritairement (64% des voix pour) pour l’élection du Président de la République au suffrage universel, malgré l’opposition de la quasi totalité des partis politiques à l’exception de celui du général De Gaule, l’Union pour la Nouvelle République (UNR). Par ce changement de type d’élection, De Gaulle a écarté le modèle parlementariste de la IIIe et IVe République qui conférait un grand pouvoir aux députés et aux partis politiques. Il privilégiera la pensée bonapartiste à la place qui veut que le Chef de l’État soit désigné par le Peuple français, ne soit responsable que devant lui et le consulte régulièrement par référendum.
- À quoi servent les sondages ?
Face à la prolifération des sondages, certains journaux refusent dorénavant de les publier les jugeant dangereux pour la démocratie. Les sondages ont pourtant leur utilité s’ils sont bien abordés. Ce samedi 23 octobre, le rédacteur en chef de Ouest France, François-Xavier Lefranc a annoncé que le journal « ne réalisera aucun sondage avant l’élection » présidentielle, déclarant que « ce recours systématique aux sondages pour éviter de se pencher sérieusement sur les programmes des candidats (ou pour pallier l’absence de programme) nous paraissant dangereux pour la démocratie ». Depuis le mois de juin, ce ne sont pas moins de trente-six sondages qui ont été effectués pour la présidentielle. Commandés par les médias, ces sondages ont un coût élevé que les journaux et chaînes télévisées cherchent à rentabiliser en les exploitants sur plusieurs articles et émissions. Cette surexploitation empiète sur le temps donné aux programmes et aux idées. Pourtant, les sondages ont leur utilité s’ils sont bien utilisés. Tout d’abord, ils permettent d’avoir un aperçu de l’opinion publique à un instant t et de voir l’influence de certains événements sur elle. Les sondages permettent d’observer l’opinion politique en dehors du seul jour des élections et de recueillir l’avis des électeurs sur certaines grandes questions et thématiques. Les politiques peuvent ensuite adapter (ou non) leur programme, même si ça peut être considéré comme de la démagogie. Une succession de sondages permet d’observer les dynamiques des candidats. L’exemple le plus récent et parlant étant celui d’Éric Zemmour dont les intentions de vote augmentent régulièrement depuis quatre mois. Le seul problème des sondages est leur utilisation abusive et excessive. Il est contre-productif de les considérer comme des prédictions, tout comme il est inutile de les exploiter à longueur d’articles et d’émissions. Les sondages sont des outils utiles pour l’analyse politique, mais qui doivent être utilisés avec précaution. La façon dont sont posées les questions, le type d’échantillon et la marge d’erreur influencent les résultats et leur interprétation. Pour rappel, les sondages ont échoué à prévoir le résultat du premier tour pour 70% des présidentielles un an avant la tenue des élections. Le taux d'échec est de 60% à six mois des élections. Les sondages sont une photographie de l'opinion à "un instant t". Ils dépendent de nombreux facteurs et doivent toujours être pris avec précaution.
- Hidalgo à Lille : les grands points du programme
Anne Hidalgo a tenu ce samedi 23 octobre son premier meeting de campagne à Lille durant lequel la candidate socialiste a dévoilé une partie de son programme. SOCIAL : Anne Hidalgo veut garantir « une rémunération digne pour chacune et chacun ». Elle veut également augmenter les salaires sans préciser davantage cette mesure, et installer une « assurance chômage universelle ». Elle veut également garantir « qu’aucun ménage ne soit contraint à dépenser plus d’un tiers de son revenu dans son logement ». ÉCOLOGIE : La candidate du PS veut atteindre la neutralité carbone pour 2050. Elle veut également instaurer un impôt sur la fortune climatique (ISF climatique) qui toucherait « les ménages aisés dont le patrimoine émet le plus de carbone ». DÉMOCRATIE : Hidalgo veut abaisser le droit de vote et l’âge d’éligibilité à 16 ans ainsi que réformer les institutions politiques. Elle n’a pas été plus en détail sur ce dernier point. SOCIÉTÉ : Anne Hidalgo veut atteindre l’égalité salariale totale entre les hommes et les femmes en 5 ans, mettant l’accent sur la cause féministe qu’elle veut défendre : « Notre République est une femme et c’est comme ça qu’elle a toujours été représentée » Elle veut également légaliser l’euthanasie et a décidé de faire de la Santé mentale la grande cause de son quinquennat. ÉDUCATION : La candidate veut supprimer Parcoursup et atteindre les 60% de diplômés du supérieur par classe d’âge. Hidalgo veut doubler le salaire de « toutes les personnes au contact avec les élèves » et « aligner le salaire des nouveaux professeurs sur le salaire des bac + 5 ». Pour le moment, une grande partie de ses propositions ne sont pas détaillées et sont parfois critiquées pour leur manque de réalisme (salaire des enseignants X2). Mais à 6 mois de la présidentielle, la candidate socialiste et son équipe ont encore le temps de travailler sur le programme.
- Ces grandes erreurs des sondages pour les Présdientielles françaises
Rétrospectives des présidentielles vues par les sondages depuis 1965. Depuis le mois d’août, ce ne sont pas moins de 13 sondages qui ont été publiés pour les élections présidentielles de 2022. Cette quantité interroge sur la pertinence des enquêtes d’opinion à 200 jours du premier tour, sans compter que les échecs de prédictions ont été nombreux depuis leur utilisation pour sonder l’opinion politique de la population. Retour sur différentes élections présidentielles françaises vues par les sondages. 1965 : De Gaulle en ballotage Le 5 décembre 1965, alors que tous les commentateurs donnent le Charles De Gaulle vainqueur dès le premier tour, la surprise est totale quand le Général ne recueille "que" 44,65% des voix. Il est alors mis en ballotage face à François Mitterrand, candidat unique de la gauche, qui parvient à obtenir 31,72% des votes. Le Général De Gaulle sera tout de même réélu avec 55,2% au second tour. 1969 : L'hériter dépasse les attentes Après le départ du Général De Gaulle, le centriste Alain Poher est vu comme le candidat idéal pour porter le changement attendu par les Français après mai 68 et dix années de De Gaulle. C’est pourtant Georges Pompidou, l’ancien premier ministre du général, bien loin d'incarner le renouveau, qui sera élu avec 58,21%. 1974 : La campagne éclaire et moderne de Giscard Le décès soudain du Président Pompidou entraine des élections anticipées avec une campagne électorale qui dura à peine un mois. Cette campagne éclaire bénéficie aux petits partis qui n'ont pas les moyens financier de tenir une campagne intensive à long terme. Alors que Jacques Chaban-Delmas est vu comme le candidat favoris de la droite, c’est le jeune Valéry Giscard d’Estaing qui sera élu grâce à sa campagne moderne. 1981 : La gauche surprend la France Le Président sortant Valéry Giscard d'Estaing est donné en tête dans tous les sondages et gagnant au second tour face à François Mitterrand, candidat du Parti Socialiste. C’est pourtant ce dernier qui sera élu avec 51,76% pour sa troisième tentative à l'élection présidentielle. 1988 : La première réussite des sondages Inédit. Pour la première fois sous la Cinquième République, les sondages donnent le bon pronostique un an avant le premier tour, avant cela les résultats restaient tout de même incertains. Trois ans auparavant , le Parti Socialiste perdait largement les élections législatives au profit du RPR de Jacques Chirac pour qui tous les espoirs étaient permis. 1995 : Balladur contre Chirac Édouard Balladur, alors Premier ministre de François Mitterrand est déjà vu comme le nouveau Président par tous les sondages depuis plus d’un an. Ces sondages participent à l'exode des cadres du RPR qui délaissent Jacques Chirac pour leur nouveau candidat, Balladur. Ce sera une grave erreur politique car c'est bien Jacques Chirac qui accèdera au second tour avec 20,84% des voix face à Lionel Jospin (23,30%) et l’emportera sur ce dernier avec 52,64% des suffrages. Édouard Balladur n'aura quant à lui récolté que 18,58% des votes au premier tour. 2002 : Le Pen chamboule le jeu Alors que tous les sondages prévoyaient un match retour entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, avec même une possible victoire du candidat socialiste, c'est Jean-Marie Le Pen qui accède au second tour avec 16,86% des voix. Le second tour entre le candidat du Front National et Chirac permet à ce dernier d’être réélu avec un score inédit de 82% des voix. 2007 : Sarkozy domine du début à la fin Pour la deuxième fois, les sondages voient juste dans leurs prédictions sur l'élection présidentielle. Le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy domine toute la course à la présidentielle et l’emporte avec 53% des scrutins face à Ségolène Royale. 2012 : DSK perd sa place pour "Monsieur 3%" Alors que Dominique Strauss-Kahn est le favori des sondages et se voit déjà Président de la République, son arrestation le 14 mai 2011 suite à l’affaire du Sofitel changera totalement la donne. C’est François Hollande, surnommé à l'époque ʺMonsieur 3%ʺ en raison de ses sondages désastreux, qui sera élu un an plus tard face à Nicolas Sarkozy. 2017 : La chute des "installés" Probablement l'une des élections présidentielle contenant le plus de surprises, la présidentielle de 2017 a vu la chute de toutes les personnalités qui se pensaient installées politiquement. C’est tout d'abord Alain Juppé qui est le favori des sondages depuis 2016. Il sera battu par François Fillon aux primaires des Républicains, qui deviendra le nouveau favori des sondages jusqu’au Penelope Gate. C’est finalement Emmanuel Macron, que personne n’avait vu venir qui remportera la présidence face à Marine Le Pen. Les sondages ont échoué à prévoir le résultat du premier tour pour 70% des présidentielles à 1 an des élections. Le taux d’échec est de 60% à six mois des élections. Les sondages sont une photographie de l’opinion à un ‘instant t’. Ils dépendent de nombreux facteurs et doivent toujours être pris avec précaution.
- L’hypothèse Éric Zemmour : Quelles sont ses chances ? - Objectif Élysée 2022 #2
Pas encore candidat déclaré et il ne cesse pourtant de grimper dans les sondages. Éric Zemmour intrigue et semble bouleverser la campagne présidentielle. Tous les commentateurs en parlent, il fait la une de tous les journaux et depuis qu’il a dû quitter CNews, il n’a jamais été aussi présent dans les médias. L’hypothèse de la candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle est de plus en plus plausible. Lui s’en défend, dit hésiter à se présenter, qu’il y réfléchit, mais en même temps il s’y prépare, il forme une équipe, il s’entoure, il cherche des soutiens financiers, politiques, et des signatures. Lui qui était absent des réseaux sociaux, s’est créé des comptes Instagram, Facebook et Twitter, des affiches de lui ont été collées dans plusieurs villes par des soutiens, bref, la campagne Zemmour est déjà en marche. Ses intentions de vote ne cessent d’augmenter pour passer de 5% en juillet à 11% aujourd’hui. Il organise d’un tour de France censé être une tournée pour la promotion de son livre, nommé subtilement « La France n’a pas dit son dernier mot » et déjà vendu à près 200.000 exemplaires. Sa tournée de promotion a elle aussi été nommée avec subtilité « À la rencontre des Français » et les vidéos de ses rencontres ont davantage l’allure de clip de campagne que de rencontres littéraires. Il est temps donc de s’attarder un peu sur cette hypothèse Zemmour. Nous allons dans un premier temps revenir rapidement sur ce nouveau livre pour ensuite analyser la candidature de Zemmour, son programme, ses points forts et ses faiblesses et enfin répondre à l’ultime question : Éric Zemmour a-t-il ses chances de remporter la présidentielle ? Nous allons aborder ces questions de façon froide, sans anathème ou adulation, sans morale ou sentiment, mais simplement de façon raisonnée en laissant les convictions et les questions de bien ou de mal de côté. C’est ce que nous allons faire pour tous les candidats que nous traiterons dans ces vidéos car ce que nous voulons c’est comprendre et analyser, en mêlant le moins possible les émotions à la raison. Le livre Contrairement à ce que l’on pourrait penser en lisant le titre, « La France n’a pas dit son dernier mot », n’est pas un programme politique. Ce livre est présenté sous forme de témoignages directs d’événements ayant eu lieu de 2006 à 2020. Il peut s’agir de réaction aux attentats de Charlie, de réactions aux événements sportifs ou culturels, mais il s’agit surtout de dévoiler certaines conversations intimes lors de dîners mondains parfois secrets dans tel ou tel restaurant parisien. Zemmour y raconte des entretiens privés qu’il a eues avec des politiques, ministres et journalistes. Et c’est surtout là que réside l’intérêt de ce livre, c’est dans ses révélations des coulisses politiques et médiatiques et si comme moi vous êtes friand de ce genre d’histoire de politique politicienne alors vous allez adorer ce livre. On apprend des choses surprenantes, comme par exemple cette rencontre secrète que Zemmour aurait organisée, en avril 2008, entre le ministre de Sarkozy de l’époque, Henri Guaino et Jean-Luc Mélenchon. Mélenchon s’en était d’ailleurs justifié il y a quelques années sur LCP. Sauf qu’il semblerait selon Zemmour que cette rencontre ait eu lieu à la demande de Mélenchon, qui voulait également rencontrer Patrick Buisson, conseillé de Sarkozy souvent qualifié par le Front de gauche d’extrême droite. Mélenchon aurait voulu organiser une nouvelle alliance « Gaullo-communiste » afin de détruire le Parti Socialiste qu’il venait de quitter. Autre chose intéressante c’est le nombre de personnes qui aurait dit en privé qu’ils étaient d’accord avec les analyses et constats d’Éric Zemmour. Parmi eux on a Édouard Balladur, Nicolas Dupont Aignan certes, mais on y retrouve des gens plus surprenants comme l’écrivain Yann Moix qui lui aurait dit qu’il avait eu raison sur tout . Des aveux aussi de personnes qui ont parfois été hostiles avec Zemmour en public comme Léa Salamé qui lui aurait dit au lendemain des attentats de Charlie que ça lui donnait raison sur tout . Sinon on retrouve également Jean-Louis Borloo, Gilles Clavreul délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme sous Hollande ou encore l’écrivain et haut fonctionnaire de gauche Régis Debray. Bien sûr, tous ses aveux sont à prendre au conditionnel, car on peut douter que ces personnes admettent en public avoir bel et bien dit cela. Mais l’intérêt de ce livre réside principalement là-dedans, dans la découverte de ces conversations intimes, ces dîners privés et dans les altercations qui ont pu avoir lieu dans les coulisses des débats médiatiques et des bureaux des chaînes d’info. Programme Si vous vouliez connaître plus de détail sur le possible programme d’Éric Zemmour, vous serez assez déçu par le livre qui ne le mentionne que dans 6 pages sur 300. Il en parle un peu dans la conclusion et dans une rencontre avec Xavier Bertrand qui lui aurait demandé ce qu’il proposerait en matière d’immigration . Mais on va néanmoins essayer de résumer ce que serait le programme d’Éric Zemmour pour la présidentielle. Zemmour présente ses priorités sous la forme des « 5 I », à savoir : Identité, Immigration, indépendance, instruction et industrie. Le point le plus détaillé, sans surprise, est celui de l’immigration. Pour Zemmour l’objectif est d’arrêter les flux migratoires à l’aide de plusieurs mesures comme la suppression du regroupement familial, celle du droit du sol et l’encadrement strict du droit d’asile. Il veut rétablir la double peine et supprimer la double nationalité pour les délinquants afin de faciliter leur expulsion. Pour la plupart de ces mesures, Zemmour veut les faire passer par référendum afin qu’elles ne soient pas bloquées par le Conseil constitutionnel. En ce qui concerne l’indépendance, Zemmour veut que la France s’émancipe des pouvoirs supranationaux en rétablissant la primauté de la souveraineté nationale. Ainsi la France quittera le commandement intégré de l’OTAN, mais ne sortira pas de l’Union européenne ou de l’Euro. L’exemple le plus approprié à titre de comparaison serait celui du dirigeant hongrois Victor Orban qui va régulièrement à l’encontre des directives européennes sans pour autant quitter l’Union. La sécurité occupe également une place importante dans cette esquisse de programme avec la « reprise en main par l’État des « zones de non-droit » » et la fermeture des mosquées salafistes et des celles contrôlées par les Frères musulmans. En ce qui concerne l’économie et le social, on ne retrouve que très peu de propositions dont les principales sont la réindustrialisation de la France et le protectionnisme économique. On peut citer encore d’autres mesures diverses comme le rétablissement de la préférence nationale pour les aides sociales comme les allocations familiales ou l’aide au logement, ou encore le rétablissement de la fameuse loi de Bonaparte de 1803 dont on n’arrête pas de parler, qui concerne l’obligation de donner un prénom français à ses enfants ou issues des grandes figures historiques, mais globalement voilà pour les points les plus fondamentaux de ce qui serait le programme de Zemmour s’il se présentait. L’avantage de ce programme pour Zemmour, c’est qu’il répond déjà à une partie des inquiétudes des Français. Selon un sondage IFop d’avril 2021, 70% des Français jugent la sécurité et la lutte contre le terrorisme tout à fait prioritaire, la lutte contre la délinquance arrive à 69%, 49% des Français pensent qu’il est tout à fait prioritaire d’améliorer la situation dans les banlieues et 48% juge prioritaire de lutter contre l’immigration clandestine. Mais si Zemmour se présente vraiment à la présidentielle, il devra développer davantage certains points s’il veut s’installer comme candidat crédible. Avec la pandémie, le domaine de la santé , de son manque de moyen et d’effectif est le thème jugé le plus important pour les français avec la lutte contre le Covid-19 . Il lui faudra un plan solide pour lutter contre le chômage et contre la précarité . L’éducation aussi est importante et est placée en 3ème priorité par les Français. Enfin, Zemmour devra s’aventurer sur des domaines qui ne sont pas les siens à l’origine et proposer des mesures concrète et cohérente en matière d’environnement pour être crédible, sans pour autant se focaliser trop sur ce point qui n’est pas vraiment la priorité de son électorat. Développer ces points et les organiser en un programme cohérent et crédible fait partie des défis de Zemmour. Maintenant on va passer en revue les points faibles et les points forts de Zemmour en tant que candidat. Les points faibles La première de ses faiblesses est peut-être son sujet de prédilection, le thème de la civilisation. Pour Zemmour la civilisation française, voire occidentale, est en danger et le pays serait menacé par la guerre civile. Alors il ne s’agit pas ici de savoir si son diagnostic est correct ou non, mais il s’agit d’analyser les conséquences d’un tel message. Et d’un point de vue électoral, ce n’est pas particulièrement vendeur, c’est un sujet clivant qui finalement ne convainc que les convaincu et qui est assez sombre et pessimiste pour la plupart des gens. Ce n’est pas avec un tel constat que l’on donne envie aux gens de voter pour soi. Pour autant Zemmour ne doit pas arrêter d’en parler ou on aurait l’impression qu’il retourne sa veste, mais il doit essayer d’y mettre une touche d’optimisme, de vision plus positive de la situation. Il faut voir ça comme un processus narratif avec une menace qui ici serait la civilisation en danger, une solution : le programme de Zemmour qui mène à une résolution, une happy end qui serait la France apaisée ou reconstruite par exemple. Envisager une issue favorable, un projet d’harmonie et d’idéal à atteindre rendrait sa candidature plus attractive. La deuxième faiblesse de Zemmour est son impopularité. Depuis des années Zemmour divise, crée la polémique, enchaîne les scandales médiatiques et les procès et tout cela à un impact sur son image. Début septembre, un sondage Elabe montre que 61% des Français ont une image négative de Zemmour contre 19% qui ont une image positive avec 20% ne le connaissant pas ou n’ayant pas d’opinion. Il se place donc derrière Xavier Bertrand avec 31% d’image positive, Valérie Pécresse (28%) et Marine Le Pen (26%). Ce problème d’opinion n’est pas irrémédiable, mais ça demande beaucoup de temps et une vraie stratégie pour redorer l’image d’une personnalité. L’un des meilleurs exemples en termes d’amélioration d’image est probablement le cas de Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière présidentielle qui en l’espace de 8 mois est passé de 31% d’opinion favorable en septembre 2016 à 56% en avril 2017. Même si ensuite il a rapidement rechuté pour aujourd’hui atteindre le même niveau que Zemmour, mais ça, nous y reviendrons dans une prochaine vidéo sur Mélenchon. Dans tous les cas, c’est pour l’instant le problème principal de la candidature de Zemmour, son image défavorable liée à sa radicalité et aux polémiques. Un autre point faible de Zemmour est son manque d’expérience politique. S’il a suivi de près la politique depuis plus de 30 ans en tant que journaliste, Zemmour n’a jamais exercé aucun mandat politique et n’a donc pas les mêmes connaissances et compétences que ses concurrents en matière d’administration et d’exercice du pouvoir. Si grâce à ça il peut se déclarer comme un candidat hors système, ça peut également l’handicaper dans les débats techniques. Enfin, le dernier point problématique de Zemmour que nous aborderons ici est sa radicalité. Que ce soit sur sa politique migratoire, sur le principe d’assimilation ou sur sa politique sécuritaire, Éric Zemmour défend une vision politique qui est perçue comme étant d’extrême-droite. Lui s’en défend naturellement et dit être dans la droite lignée du RPR des années quatre-vingt. On a vu revenir il y a quelques temps cette archive des états-généraux qui ont eu lieu en mille neuf cent quatre-vingt-dix entre le RPR et l’UDF. Ces deux partis, loin pourtant de l’extrême droite, s’étaient accordés sur certaines positions en matière d’immigration et d’intégration comme la « fermeture des frontières », la préférence nationale pour les aides sociales, la lutte contre les « ghettos ». Et ils disaient également dans leur texte de synthèse qu’il y aurait une « incompatibilité entre l'islam et les lois de la République » et qu’il faudrait « organiser un courant français de l’Islam pour que l’intégration se fasse » Ces points correspondent tous avec le programme d’Éric Zemmour qui est effectivement dans une ligne gaulliste et Zemmour aurait pu être placé dans la droite traditionnelle par les observateurs s’il n’y avait pas eu tout d’abord un changement de paradigme depuis la fin du XXème siècle. À cette époque, la question de l’immigration et de l’identité française n’étaient pas tabous, tous les partis traitaient ces questions et même le Parti Communiste avait un discours fort sur ces points. Mais depuis l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, les clivages ont été perturbés. Le Front National a gagné en visibilité et en électorat, divisant ainsi la droite pendant que le Parti Socialiste recentrait son électorat vers les français issus de l’immigration en récupérant ou en organisant des mouvements comme « Touche pas à mon pote », ainsi alors que les questions d’immigration et d’assimilation traversaient tous les partis, elles furent progressivement abandonnées à l’extrême droite. Mais il n’y a pas encore si longtemps que ça, en 2007 la campagne de Sarkozy était axée sur ces points-là auxquels s’ajoutait la sécurité avec une sémantique parfois violente sans pour autant atteindre le même niveau que le RPR. Depuis, le changement de paradigme s’est encore accentué et les propos de Zemmour qui aurait été jugés comme étant de la droite forte il y a 15ans ou de la droite gaulliste il y 30ans, sont aujourd’hui vus comme étant d’extrême-droite et les questions de civilisation en danger n’aident pas à donner une image apaisée d’Éric Zemmour. Les points forts En ce qui concerne les points forts de Zemmour pour la présidentielle, il y a en premier lieu sa propre cohérence et tout d’abord sa cohérence à travers le temps. On a beau parfois entendre que Zemmour se serait radicalisé depuis quelques années, on remarque pourtant qu’il tenait à peu de chose près le même discours dès 2003 quand il entre à I télé, l’ancêtre de CNews, face à Christophe Barbier et Nicolas Domenach. De même en 2006 quand il devient chroniqueur à On n’est pas couché sur France 2. La vraie différence c’est qu’à l’époque quand il parlait des prénoms français ou de l’assimilation, les invités autour de lui riaient et levaient les yeux au ciel, aujourd’hui ils ont plus tendance à s’insurger. Les réactions changent, mais le discours reste similaire. Ensuite il y a une cohérence idéologique chez Zemmour. C’est quelqu’un qui a une matrice idéologique, qui analyse la société à travers ce prisme et qui a une pensée cohérente dans ses analyses, au risque justement de ne plus réfléchir en dehors de cette zone idéologique. Quand par exemple il assimile la délinquance à un djihadisme du pauvre , mû par l’islam et par le conflit civilisationnel, on sent que son logiciel atteint ses limites et qu’il y a une volonté de mettre des faits dans cases qui ne sont pas appropriées. Il y a donc parfois un risque de frôler l’absurde. Son deuxième point fort, lui aussi à double tranchant, est son absence de langue de bois. S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher à Zemmour, c’est de ne pas dire ce qu’il pense, au risque justement qu’on lui reproche de dire ce qu’il pense. Sa franchise, sa façon de parler sans filtre peut être particulièrement attirant pour les électeurs qui seraient lassés des discours des politiques habituels. Zemmour choque, Zemmour dérange, mais du coup Zemmour fait vendre. Il est vu comme un excellent client pour les médias et on peut être certain que la moindre punchline sera dans tous les journaux le lendemain. C’était plus ou moins la même chose avec Donald Trump et on peut dire que ça lui a plutôt réussi, en tous cas pour la première élection. De plus, c’est le genre de discours qui peut séduire une partie du plus grand réservoir à vote de France : les abstentionnistes. Enfin ses deux derniers atouts sont liés. Tout d’abord c’est un débatteur redoutable. Que ce soit face à Mélenchon dernièrement, Manuel Valls, Éric Dupont Moretti, Jacques Attali ou Bernard Henri-Lévy, Zemmour n’est jamais en manque d’arguments, de petite phrase cinglante et surtout de citations bien placées. Et c’est là la dernière qualité de Zemmour, c’est sa culture. Zemmour est quelqu’un d’extrêmement cultivé et qui aime le faire savoir. Et avoir de la culture c’est un excellent avantage, particulièrement dans une campagne présidentielle française. C’est très utile en débat évidemment, mais également durant les meetings et les discours, ça a un attrait sur le public, ça fait référence à un imaginaire et ça permet d’inscrire le discours dans les mémoires et de le légitimer. À titre de comparaison, Jean-Luc Mélenchon qui est également très cultivé et qui lit énormément, met une grande part de sa culture dans ses discours et il est celui qui fait l’une des meilleures campagnes à chaque présidentielle. Il va même jusqu’à inclure régulièrement des poèmes dans ces discours et Victor Hugo ou Baudelaire ça ne laisse jamais indifférent. La culture c’est un avantage de taille en France, que ce soit dans la politique ou dans la vie d’ailleurs. Les chances de Zemmour Maintenant on en vient à la fameuse question : Éric Zemmour a-t-il ses chances de remporter la présidentielle ? C’est compliqué. Zemmour part avec un potentiel électoral assez restreint qui varie aux alentours des 19%. Il peut dépasser ce seuil ou même rester en dessous et accéder au second tour, ça a été le cas de Chirac et de Le Pen en 2002 qui sont arrivés en tête avec respectivement 19 et 16% des voix. Il y a deux stratégies principales envisageables. La première est de se présenter comme l’anti-macron. Pour Zemmour, Macron est le représentant de l’alliance des bourgeoisies de gauche et de droite favorable à la mondialisation. À l’inverse Zemmour avait déjà mentionné que lui voulait rassembler les souverainistes et les populistes de droite et de gauche. En ce qui concerne ceux de droite, c’est assez réalisable, mais s’il veut dépasser son camp, il faut qu’il propose des mesures concrètes qui pourraient ramener cette gauche. Il faut des points importants sur l’économie, le social, des mesures pour le chômage, pour les services publics, pour les salaires et pourquoi pas même pour la régulation de la finance. Cette première stratégie n’est pas forcément incompatible avec la seconde qui serait une alliance des droites. Pour l’instant la droite d’opposition compte plus ou moins 4 candidats principaux : Xavier Bertrand qui se lance en solo, le candidat des Républicains qui devrait être désigner en décembre, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen. C’est fort peu probable, voir tout simplement impossible que tous ces candidats acceptent de se rassembler autour de Zemmour, en revanche ce qui est possible pour lui c’est de siphonner leur électorat. Après le débat du second tour de 2017 et le ratage total de Marine Le Pen (extrait), un fait à choquer les analystes politiques, le seuil électoral de Le Pen n’a pas bougé. Là où elle emportait 21,3% des voix au premier tour, rien n’a changé 6 mois plus tard où les sondages lui donnent 21,5% d’intention de vote. Pourtant ce débat a été terrible pour elle, elle a été littéralement ridiculisée face à Macron et ça aurait dû avoir un impact sur son électorat, mais il n’en est rien. C’est probablement parce que les gens ne votent pas Marine Le Pen pour Marine Le Pen, ce n’est pas sa personnalité qui séduit, ni ses capacités, mais bien ce qu’elle représente pour cet électorat qui la voit comme la seule alternative à droite. Et c’est là que Zemmour peut s’imposer. Si Zemmour arrive à prendre assez d’électeurs à la droite traditionnelle de Xavier Bertrand et des Républicains pour devenir un candidat alternatif, il peut espérer un transport massif des voix de Le Pen vers lui et ainsi accéder au second tour à sa place. C’est une possibilité, c’est difficile à réaliser, mais c’est envisageable. Enfin un dernier problème est que la hausse significative dans les sondages de Zemmour et sa large couverture médiatique arrive trop tôt dans la campagne présidentielle. Ça l’installe certes dans les candidats potentiels, mais ça a le risque d’épuiser sa couverture médiatique et de lasser plus rapidement les électeurs. Donc est-ce qu’Éric Zemmour a ses chances de gagner la présidentielle ? Disons qu’il a autant de chances que Macron en octobre 2016, quasiment aucune donc et tout dépendra de la campagne qui en France peut tout changer.
- Classer les régimes politiques : une antique histoire
L’étude des régimes politiques remonte à l’Antiquité où l’on essayait de trouver quel était le meilleur des régimes d'entre tous. Ce sujet fut étudié par 3 grands penseurs grecs: Platon (ci-dessous, 428-347 av. JC), Aristote (384-322 av. JC) et Polybe (199-133 av. JC). Platon considérait qu'il existait ce qu'il nommait un « cycle infernal » des régimes dont aucun ne trouvait vraiment grâce à ses yeux. Le système tyrannique pour Platon découlait inexorablement vers un système aristocratique, par volonté de diminuer le pouvoir du tyran. De cette aristocratie découlerait logiquement une timocratie. La Timocratie, du grec Timáô (honorer) et Kratos (pouvoir), est un concept de Platon désignant un système politique dans lequel les dirigeants sont motivés par les honneurs et la gloire. Ce « gouvernement des ambitieux » fait référence à la cité de Sparte, diarchie (dirigée par 2 rois) promouvant l’art du combat, la vigueur et la force. La timocratie devient à son tour une oligarchie, qui découle sur le système démocratique permettant au plus grand nombre de diriger. Mais la démocratie entrainant le chaos, pour Platon, une tyrannie naitrait de l'anarchie afin de rétablir l'ordre dans la cité. Ainsi continue le «cycle infernal» des régimes politiques. Aristote analysa les gouvernements de 158 Cités-États différentes pour établir sa propre typologie. Selon lui, le nombre de dirigeants n’est pas important. Peu importe qu'il y ait une seule personne qui détienne le pouvoir, ou que l'intégralité des citoyens puissent exercer la chose publique, seul compte l’intérêt dans lequel ils gouvernent. Aristote établit ainsi trois régimes que l'on peut qualifier de bons ou de juste et qui sont ceux qui gouvernent pour l’intérêt général. Les "mauvais" régimes sont ceux qui gouvernement pour les intérêts particuliers des dirigeants. À son tour Polybe établira sa typologie qui est en quelques sortes une synthèse de ces prédécesseurs. Il reprend la classification d’Aristote tout en y ajoutant le principe cyclique de Platon. Sources et Livres conseillés HEYMANN-DOAT Arlette, « Les régimes politiques », Éditions La Découverte, 1998, Paris. PLATON, « La République ». Disponible gratuitement en ligne. QUERMONNE Jean-Louis, « Les régimes politiques occidentaux », Éditions Points (5e édition), 2006, France. SIAROFF Alan, « Comparing political regimes », University of Toronto Press, 2013, Toronto. WEBER Max, « Économie et Société », 1921, (Disponible en ligne).
- "L'Homme est un animal politique"
Retour sur une citation célèbre et pourtant méconnue. Cette célèbre citation nous provient du philosophe grec Aristote (384-322 av. J.-C.) qui parait dans son ouvrage « Les Politiques ». Si l’expression "animal politique" est aujourd’hui utilisée pour qualifier un politicien aguerri, qui a de l’expérience ou du savoir-faire, il n’en était rien à son origine. Le terme Politique possède aujourd’hui de nombreuses significations. Il désigne à la fois : La pratique du pouvoir ; La compétition pour gagner le pouvoir ; La gouvernance des affaires publiques ; La vie en société, au sein d’une communauté ou d’une cité. C’est de cette dernière définition qu’est issue l’expression d’Aristote. Selon lui, il est dans la nature de l’Homme de vivre, avec ses semblables, en société. L’origine du terme Politique vient du grec Polis qui désigne l’ensemble des citoyens d’une cité, ce que l’on peut également nommer « la communauté ». En disant ainsi que l’Homme est un animal politique, il signifie qu’il est dans sa nature animale de vivre au sein d’une communauté structurée par des lois et des mœurs et de s’y investir. La Politique ne concerne donc pas seulement les affaires de gouvernance, ni même la lutte pour le pouvoir. La Politique, avec son P majuscule, concerne l’ensemble de la vie en communauté, et ce, des interactions sociales les plus ordinaires, à la création d’un cadre législatif et juridique dans lequel la communauté peut se développer et s’épanouir. Si aujourd’hui, on peut avoir tendance de laisser la Politique aux gouvernants, s’en désintéressant ou en la regardant de loin, celle-ci concerne et continuera de concerner l’ensemble des citoyens et il est dans leur nature de s’en mêler. Sources & Livres conseillés : ARISTOTE, « Les politiques », Éditions Flammarion, 2015. DELRUELLE Édouard, « De l’homme et du citoyen. Une introduction à la philosophie politique », Édition De Boeck, 2014. MEIER Christian, « La Naissance du politique », 1980.
- 11 septembre 2001 : Bilan d'une date historique
Guerre d'Irak, désastre Afghan, Choc des civilisations et traque de Ben Laden, 20 ans après les attentats, le 11 septembre 2001 est devenu une date qui a bousculé l'Histoire et nous a fait entrer dans le 21ème siècle. Retour sur les conséquences d’un jour historique. Le siècle des attentats On date le début des attentats terroristes islamistes à l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en 1979. Les organisations terroristes islamistes les plus meurtrières sont l'État islamique (environ 53.000 tués) et les talibans (environ 40.000). On estime le nombre d'attaques terroristes islamistes ayant eu lieu dans le monde depuis 1979 à 33.000. Elles ont causées la mort de plus de 167.000 personnes dans le monde. Les attentats du 11 septembre 2001 sont considérées comme les plus meurtriers de l'Histoire ayant causé la mort de 2.996 victimes et blessant 25.000 personnes. La France est le pays européen le plus touché par ce type de terrorisme avec 80 attaques et 330 morts. Les régions les plus touchées dans le monde sont le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Depuis 1979, les attentats islamistes correspondent à 18,8% des attentats dans le monde. Ils montent à 29,9% depuis 2013. L'institut Fondapol estime que 91,2% des victimes de ces attentats sont des musulmans. Le désastre d'Afghanistan Suite aux attaques du 11 septembre, le gouvernement américain se met à rechercher activement le responsable, Oussama Ben Laden. Le dirigeant d'Al-Qaïda trouve alors refuge en Afghanistan, dirigé par le régime taliban de 1996. Malgré les multiples demandes américaines, le gouvernement afghan refuse toute possibilité d'extradition d'Oussama Ben Laden vers les États-Unis. Le 7 octobre 2001, la coalition internationale, avec les États-Unis et le Royaume-Uni en tête, débute l'invasion de l'Afghanistan. La capitale du pays, Kaboul, est prise dès novembre, le régime taliban est renversé et ses dirigeants sont obligés de s'enfuir à l'étranger. En 2004, un nouveau régime est établi dans le pays qui porte le nom de République Islamique d'Afghanistan. Très vite le régime se montre incapable de tenir le pays qui entre rapidement en guerre civile et permet ainsi au talibans de se réorganiser. Le pays entre alors dans une longue période de guérilla opposant les talibans, le gouvernement central et la multitude de chefs de guerres occupants des territoires morcelés. Le 29 février 2020, l'administration Trump signe les accords de Doha et s'engage alors retirer les troupes américaines d'Afghanistan dans les 14 mois. Le 14 avril 2021, Joe Biden qui se tient aux accords signés, annonce le retrait des troupes du pays. Dès mai 2021, les talibans profitent du retrait américain pour reprendre progressivement le contrôle du pays. Cette conquête s'accélère en août. En moins de 15 jours, les talibans s'emparent de plus de la moitié des capitales provinciales. Les talibans entrent dans Kaboul le 15 août sans rencontrer de résistance. Le président Afghan Ashraf Ghani se serait enfui du pays avec 169 millions de dollars. Le coût total des opérations militaires en Afghanistan depuis 2001 s'élèverait à 6.400 milliards de dollars. Cela représente 6.400 fois le budget humanitaire dédié à l'Afghanistan. Le nombre de mort qu'aurait causé la guerre depuis 2001 s'élèverait 165.000 victimes. Au total, c'est plus de 132.000 soldats qui ont été déployés en Afghanistan par les alliés, venus de 48 nations différentes. Pour les plus grandes participations, on dénombre 90.000 soldats américains, 9.500 Anglais, 4.812 Allemands, 3.935 Français et 3.880 Italiens. L'inexplicable guerre d'Irak Après l'invasion de l'Afghanistan, la guerre d'Irak est la deuxième conséquence militaire des attentats du 11 septembre. Les raisons ayant mené à cette font toujours polémiques aujourd'hui, certaines d'entre elles ayant été fallacieuses. Dès 2001, le gouvernement Bush suspecte le président Irakien Saddam Hussein d'entretenir des liens avec Al-Qaïda. Plusieurs auraient effectivement eu lieu entre les services irakiens et Oussama Ben Laden depuis 1998. En 2002, les États-Unis avancent que l'Irak développerait des armes de destruction massive. En 2003, le Secrétaire d'État américain Colin Powell présente devant l'Organisation des Nations Unies ce qu'il nommera "la preuve irréfutable" que l'Irak détient ces armes et demande une intervention militaire. La Russie, la Chine et la France se montrent particulièrement défavorables à la guerre et menacent de poser leur véto. Le 14 février 2003, le Ministre des Affaires étrangères français Dominique de Villepin prononcera un discours célèbre dans lequel il s'oppose fermement à l'intervention en Irak. " Personne ne peut affirmer aujourd'hui que le chemin de la guerre sera plus court que celui des inspections. Personne ne peut affirmer non plus qu'il pourrait déboucher sur un monde plus sûr, plus juste et plus stable. Car la guerre est toujours la sanction d'un échec. " - Dominique de Villepin, 14 février 2003 Le 20 mars 2003, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie passeront outre l'ONU et déclarent la guerre à l'Irak. En avril de la même année, les coalisés s'emparent de Bagdad entrainant la chute du régime de Saddam. En 2006, Saddam Hussein sera condamné à mort par pendaison pour crime de guerre et crime contre l'Humanité par un tribunal d'exception irakien. Le procès sera contesté par plusieurs ONG qui le jugeront "inéquitable". La guerre d'Irak engendrera une première guerre civile de 2006 à 2009 et une seconde guerre avec la montée de l'État Islamique de 2013 à 2017. Le bilan humain de tous ces conflits réunis est estimé à plus de 200.000 morts. Aucune arme de destruction massive n'a été trouvée en Irak. La chute du régime laïc de Saddam Hussein a permis l'ascension des islamistes dans le pays, dont ceux de l'État Islamique. "Le choc des civilisations" En 1989, la chute du mur de Berlin laisse présager l'effondrement de l'Union soviétique et la fin de la guerre froide. Le libéralisme semble l'avoir définitivement emporté sur le communisme. Dès ce moment, les politologues et penseurs politiques s'interrogent sur ce que sera le monde de demain. Le politologue américain Francis Fukuyama publia en 1989 un article nommé "La Fin de l'Histoire" dans lequel il détaille sa vision du monde. Selon lui, la fin de la guerre froide présage la "fin de l'Histoire" qui culmine avec la fin des guerres idéologiques. Le libéralisme deviendrait la seule idéologie viable et ayant vocation à se répandre dans le monde entier. "Il se peut bien que ce à quoi nous assistons, ce ne soit pas seulement la fin de la guerre froide ou d'une phase particulière de l'après-guerre, mais la fin de l'Histoire en tant que telle : le point final de l'évolution idéologique de l'Humanité et l'universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement humain." - Francis Fukuyama, "La fin de l'Histoire", National Interest, 1989. Cette vision idéaliste du monde sera fortement contestée et mise en opposition à une autre thèse, celle du "Choc des civilisations". Développée par le politologue américain Samuel Huntington, cette thèse défend le fait que les conflits idéologiques du XXIe siècle seront des conflits civilisationnels. "La source fondamentale de conflit dans ce nouveau monde ne sera pas principalement idéologique ou principalement économique. Les grandes divisions au sein de l'humanité et la source dominante de conflits seront culturelles. (...) Le choc des civilisations va dominer la politique mondiale. Les lignes de faille entre civilisations seront les lignes de bataille de l'avenir." - Samuel Huntington, "Le choc des civilisations", Foreign Affairs, 1993. "Les efforts de l'Occident pour promouvoir ses valeurs de démocratie et de libéralisme comme des valeurs universelles, pour maintenir sa prédominance militaire et pour faire progresser ses intérêts économiques, engendrent des ripostes en provenance des autres civilisations." - Samuel Huntington, "Le choc des civilisations", Foreign Affairs, 1993. Les attentats du 11 septembre 2001 et ses conséquences au niveau international discréditeront totalement la thèse de Fukuyama, la pensée libérale trouvant toujours des opposants dans le monde. Si la thèse du Choc des civilisation est toujours contestée aujourd'hui sur plusieurs points, il n'y a aucune autre analyse géopolitique qui pu totalement la supplanter à ce jour pour décrire le nouvel ordre du monde depuis la guerre froide. La traque de l'ennemi public N°1 Né en Arabie saoudite le 10 mars 1957, Oussama Ben Laden est le fils d'un riche entrepreneur et ancien ministre saoudien. Quand l'Union soviétique envahit l'Afghanistan en 1979, Ben Laden y est envoyé pour coordonner les forces afghanes face à l'offensive russe. Très vite, il se retrouve à la tête d'un camp d'entrainement de moudjahidines (soldats du djihad) qui deviendra par la suite Al-Qaïda. Après la guerre, Ben Laden continue d'entrainer ses soldats et finance différents groupuscules islamistes dans le monde. Il se retrouve ainsi lié à des attentats ayant lieu partout dans le monde : Égypte, Bosnie, Kenya, Tunisie, … Le 11 septembre 2001, il organisera l'attenta le plus meurtrier de l'Histoire et trouvera refuge en Afghanistan. En octobre 2001, les États-Unis envahissent l'Afghanistan et Oussama Ben Laden fuit au Pakistan. Dès le 13 décembre, les USA offrent 25 millions de dollars à quiconque donnerait les informations nécessaires à la capture de celui qui est devenu l'ennemi public N°1. Jusqu'en 2011, Ben Laden demeure introuvable et change régulièrement de position. Des enregistrements audios et vidéos sont envoyés à la presse pour provoquer les "occidentaux". Le 2 mai 2011, un raid est lancé sur un complexe fortifié au Pakistan par un commando américain. L'opération baptisée Neptune's Spear (la lance de Neptune) est destinée à mettre Ben Laden hors d'état de nuire. Elle est suivie en direct par la Maison blanche. Ben Laden sera tué d'une balle dans la tête durant l'opération et trois de ses hommes seront également éliminés. Son corps sera immergé dans la mer d'Arabie pour éviter que sa sépulture devienne un lieu de pèlerinages pour ses fidèles islamistes. SOURCES : Le siècle des attentats FONDAPOL, « Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019 », Fondation pour l’innovation politique, Article en ligne. PLANCHON Ronan, « Terrorisme : ʺLa France est clairement le pays d’Europe le plus touchéʺ », Le Figaro, 15 mars 2021. Le désastre de la guerre d'Afghanistan Afghanistan Reconstruction, 30 octobre 2017. AFP, « Afghanistan : les chiffres-clés de la défaite américaine », TV5 Monde, 16 août 2021. HELMAN Christopher, « The War In Afghanistan Cost America $300 Million Per Day For 20 Years, With Big Bills Yet To Come », Forbes, 16 août 2021. ICASUALTIES, « Fatalities by Coalition Country », Iraq coalition casualty count. SESSOU Fortuné, « Afghanistan : le président a fui avec des valises d’argent », La Nouvelle Tribune, août 2021. SIGAR, « Quarterly report to the United States Congress », Special Inspector General for SIXTINE Lys, « CARTES - Afghanistan : ce qu'il faut savoir de la progression éclair des talibans », France Bleu, 12 août 2021. L'inexplicable guerre d'Irak GUERRIER Sophie, « Le discours de Villepin sur l'Irak à l'ONU », Le Figaro, Article en ligne, 8 avril 2014. Irak Body Count, database, iraqbodycount.org REPORTERS SANS FRONTIÈRES, « La guerre en Irak, le livre noir », Éditions La Découverte, 2004. "Le choc des civilisations" FUKUYAMA Francis, « La fin de l’Histoire et le dernier Homme », Éditions Flammarion, 2009. FUKUYAMA Francis, « The End of History? », The National Interest, 1989. https://www.embl.de/aboutus/science_society/discussion/discussion_2006/ref1-22june06.pdf HUNTINGTON Samuel, « Le Choc des civilisations », Éditions Odile Jacob, 2000. HUNTINGTON Samuel, « The Clash of Civilizations? », Foreign Affairs, 1993. https://www.foreignaffairs.com/system/files/c0007.pdf
- Qu'est-ce qu'un régime politique ?
Démocratie, autoritarisme, totalitarisme, ... Retour sur ce qu'est un régime politique, de ses composantes à sa légitimité et comment les idéntifier. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’est pas si évident qu’il n’y paraît de distinguer les régimes politiques en fonction de certaines apparences. Chaque régime à ses nuances et subtilités qui peuvent les faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. Ainsi certains qualifieront Vladimir Poutine de dictateur alors que d’autres le démentiront, de même pour Viktor Orban en Hongrie, de Erdogan en Turquie, mais aussi, pourquoi pas, d’Emmanuel Macron que certains qualifient de monarque présidentiel ou accusent d’avoir installé une dictature sanitaire. Nous allons voir dans cette prochaine série de vidéos quelles sont les nuances et les particularités des différents régimes politiques et comment les reconnaitre. Ce qui différencie les sciences sociales des sciences dures c’est qu’on peut être certain avec les sciences sociales qu’on aura des dizaines de définitions différentes pour un seul concept pourtant fondamental. En réalité, plus un sujet est basique et utilisé, plus il y aura de définitions de celui-ci. Et le concept de régime politique ne fait pas exception. Ici nous allons retenir la définition du politologue français Jean-Louis Quermonne (Les régimes politiques occidentaux, 2006), qui est selon nous la plus précise et complète. Pour Quermonne, un régime politique c’est : « L’ensemble des éléments d’ordre idéologique, institutionnel et sociologique qui concourent à former le gouvernement d’un pays donné pendant une période déterminée » Ces éléments sont très nombreux et variés mais Quermonne en privilégie quatre qu’il juge essentiels. Ce qui va constituer un régime politique c’est en premier lieu la structure de ses institutions, leur organisation, c’est-à-dire savoir si l’État va être monarchique, dirigé par un Prince, un Roi ou un Empereur, présidentiel ou parlementaire, centré autour d’une ou plusieurs assemblées de représentants politiques. Il existe évidement des systèmes intermédiaires avec les monarchies parlementaires, ou les régimes semi-présidentiels. Le deuxième point concerne le système de partis, c’est-à-dire l’organisation des partis politiques au sein d’un pays. Ici aussi on trouve plusieurs types différents, avec le plus simple : le parti unique, où un seul parti occupe la scène politique comme ce fut le cas avec le parti fasciste dans l’Italie de Mussolini ou aujourd’hui dans la République populaire de Chine avec le Parti Communiste. Vient ensuite le bipartisme comme aux États-Unis où l’espace politique est occupé par deux partis principaux, dans ce cas-ci les Démocrates et les Républicains. Enfin on a le multipartisme avec plus de deux partis qui dominent les élections comme en Belgique, en Suisse ou en Allemagne. La troisième composante s’attarde sur la forme et le rôle de l’État. La forme, c’est savoir si le pays va être composé d’États ou de régions différentes qui disposent de leurs propres prérogatives comme c’est le cas aux États-Unis ou en Belgique. C’est ce qu’on appelle un État fédéral. Si le pays ne dispose pas de différentes régions ou si la Constitution ne leur octroie aucun pouvoir ou autonomie, il s’agira alors d’un État unitaire comme c’est le cas en France ou au Royaume-Uni. Le rôle de l’État quant à lui concerne les sujets dans lesquels celui-ci est compétent, comme l’économie, l’énergie ou les transports. S’il assure une sécurité sociale ou non, ou encore s’il respecte la prédominance du droit sur la politique, ce qu’on appelle le fameux État de droit. Enfin, la dernière composante concerne la légitimité sur laquelle l’État s’appuie pour gouverner. Légitimer son régime Qu ’on soit une dictature ou une démocratie, on ne peut pas gouverner uniquement par la force. Ça peut fonctionner un temps, mais arrive un moment où les peuples n’en peuvent plus et se révoltent. Il faut donc que le pouvoir s’appuie sur des bases solides pour durer sur le long terme (Max Weber, « Économie et Société », 1921). Ainsi, les régimes autoritaires auront plus tendance à utiliser une légitimité traditionnelle, se basant sur les coutumes, les traditions immémoriales, le fait que leur autorité aurait toujours existée, qu’on a toujours fait comme ça et qu’il n’y a donc pas de raison de changer. Cette légitimité fut présente dans de nombreux régimes monarchiques dans l’Histoire, que ce soit avec la France à l’époque ou encore aujourd’hui avec l’Arabie saoudite ou dans une certaine mesure la monarchie britannique qui dure depuis plus de 4 siècle malgré les réformes. Une autre légitimité est celle que l’on appelle « charismatique » et qui se repose sur les capacités d’un leader, légitimant son autorité par le fait qu’il soit exceptionnel et que le peuple doit être entièrement dévoué à sa cause. On retrouve cette méthode dans certains régimes autoritaires ou plus particulièrement dans les régimes totalitaires avec Adolf Hitler qui se présentait comme le Führer, le Guide de son peuple, et encore aujourd’hui avec Kim Jong-Un en Corée du Nord. L’important avec cette légitimité charismatique n’est pas forcément que les capacités hors du commun du Leader soient réelles (même si c’est plus efficace), mais simplement que les gouvernés y croient. Enfin la dernière légitimité se base sur la loi et le droit, on est légitime, car on a gagné des élections ou parce que notre fonction est garantie par la Constitution. C’est ce qu’on appelle la légitimité légale-rationnelle qui est davantage utilisée dans les pays démocratiques. Les régimes n’utilisent pas exclusivement une seule légitimité, non ils s’appuient sur plusieurs d’entre elles, même s’il y en a souvent une qui prédomine. L’exemple de Napoléon Ier est assez parlant ici. Il fondait sa légitimité sur l’aspect charismatique, en mettant en avant son talent militaire avec les nombreuses victoires qu’il a remportées ainsi que sur ses capacités à gérer et à réorganiser la France. L’acceptation par le Peuple français de son titre d’Empereur et de l’hérédité de celui-ci par plébiscite entérine sa légitimité légal-rationnelle ; et le caractère monarchique avec toute une série de symboles similaire à la royauté française assoit la légitimité de Napoléon dans la tradition. Et ce sont donc tous ces types de légitimités ainsi que les autres éléments que nous avons abordés qui, en fonction de la façon dont ils seront organisés, donneront un régime politique particulier. Si on opte pour certains choix, on obtiendra une République autocratique communiste alors que si on choisit d’autres composantes, on aura une Monarchie parlementaire fédérale. BIBLIOGRAPHIE DE WAELE Jean-Michel & Co., « Les démocraties européennes », Éditions Armand Colin, 2015, Paris. DELWIT Pascal, « Introduction à la science politique », Éditions de l’Université Libre de Bruxelles, 2ème édition revue et augmentée, 2015, Bruxelles. HEYMANN-DOAT Arlette, « Les régimes politiques », Éditions La Découverte, 1998, Paris. QUERMONNE Jean-Louis, « Les régimes politiques occidentaux », Éditions Points (5e édition), 2006, France. SIAROFF Alan, « Comparing political regimes », University of Toronto Press, 2013, Toronto. WEBER Max, « Économie et Société », 1921, (Disponible en ligne). http://classiques.uqac.ca/classiques/Weber/domination_legale_direction/domination_legale_direction.pdf
- PCF et LFI : Rupture à Gauche - Objectif Élysée 2022 #1
Ce lundi 10 mai 2021, le Parti Communiste Français a annoncé qu’il présenterait la candidature de Fabien Roussel aux prochaines élections présidentielles. Cet acte signe la fin de l’alliance avec La France Insoumise. Pourquoi le PCF veut-il se présenter ? A-t-il des chances de l’emporter ? Quelles en seront les conséquences pour Jean-Luc Mélenchon ? Est-ce la fin d’une possible Union de la Gauche ? C’est officiel, après 15 ans d’absence, le Parti communiste français est de retour dans la course aux présidentielles. Le week-end du 9 mai , les adhérents du parti se sont montrés largement favorables à une candidature du PCF aux prochaines élections. Cet acte officialise ainsi la rupture entre les communistes et La France Insoumise de Mélenchon qui avaient pourtant fait ensemble des scores honorables en 2012 et 2017. Mais alors pourquoi cette rupture et quelles peuvent en être les conséquences pour la gauche en 2022. Fabien Roussel s’est fait élire en 2018 comme Secrétaire national d’un Parti centenaire pris dans un long déclin depuis plus de quarante ans. En 2017, le PCF obtient son plus mauvais score aux législatives, de même lors des Européennes l’année suivante où il ne parvient pas à décrocher un seul siège d’eurodéputé. Roussel se trouve ainsi à la tête d’un parti qui n’a jamais été aussi proche de l’extinction. Si poser sa candidature aux présidentielles peut sembler perdu d’avance, il y a de quoi douter que le but recherché soit de l’emporter, mais davantage de survivre. L’élection présidentielle offre une couverture médiatique bien plus large aux partis qui s’y présentent que celle qu’ils peuvent avoir durant les élections européennes ou régionales suscitant moins d’intérêt chez les Français. Ces dix dernières années, c’est Jean-Luc Mélenchon qui a bénéficié de cette médiatisation à la place des communistes et il semblerait que ces derniers aient envie de récupérer leur part de cette couverture pour tenter de sortir leur parti du déclin. Reste à savoir si les communistes sauront ne serait-ce qu’atteindre les 5% nécessaire au remboursement des frais de campagnes l’année prochaine ou rester aux alentours de leur résultat de 2007 qui s’élevait péniblement à 1,5%. Pour cela le parti devra moderniser sa communication ainsi que son idéologie qui semble stagner depuis les années 2000. Le PC essaye d’ores et déjà de se démarquer de La France Insoumise par son programme, en se montrant favorable à l’énergie nucléaire, ou à une politique plus répressive au niveau de la sécurité. *Extrait : Fabien Roussel Bourdin BFMTV – 11 mai 2021* Avec cette candidature, La France Insoumise ne perd pas seulement son premier allié, mais elle perd aussi les militants qui vont avec. Si le Parti communiste est très loin de ses heures glorieuses, il n’empêche qu’il possède encore un certain ancrage local dans de nombreuses villes de France ainsi qu’une longue expérience du militantisme politique et des campagnes électorales. Ce n’est donc pas seulement un allié à 2-3% que perd Mélenchon ici, mais bien toute une partie de ses effectifs et d’un arsenal qui lui aurait été très utile pour les présidentielles. Si la candidature de Fabien Roussel n’empêche pas obligatoirement une future union de la gauche de se former, elle met tout de même ce projet particulièrement à mal et accentue la division dans un camp déjà fort fragmenté et qui n’hésite pas à s’envoyer des attaques régulièrement. Pourtant il semble à ce jour que le meilleur moyen pour un de ces partis d’accéder au second tour l’année prochaine serait dans une union de la gauche. Car si à trois reprises la gauche a pu parvenir au pouvoir sans avoir un programme commun, que ce soit avec les deux mandats de Mitterrand ou avec celui de Hollande en 2012, les forces de gauche à ces moments-là étaient bien plus importantes qu’aujourd’hui. La totalité des partis de gauche atteignait au minimum 40% des voix, et le parti dominant (le PS à cette époque) avait le soutien d’au moins 20% des électeurs. En 2017, l’ensemble de la gauche avait eu du mal à dépasser le quart de l’électorat des voix, et les sondages pour 2022, leur donnent plus ou moins le même score pour le moment. C’est donc un départ qui semble des plus incertains pour la gauche en ce début de course à la présidentielle, mais à un an des élections, alors que la campagne n’a toujours pas officiellement débuté, tout reste possible.